Proximus met son personnel en solde ! Sur les 12.562 équivalents temps plein, 1.900 doivent être supprimés par la direction. Il s’agit principalement de salariés statutaires. Parallèlement, l’entreprise annonce la création de 1.250 nouveaux emplois : des jeunes aux moins bonnes conditions de salaire et de travail. Proximus n’est pourtant pas une entreprise en difficulté. La marge brute s’élève à environ 100.000 euros par employé ! Mais il est question de 300.000 euros chez son concurrent Telenet. On comprend de suite pourquoi les factures sont si élevées : rien à voir avec l’amélioration du service, ça file dans les poches des actionnaires !
Cette vague de licenciements vient s’ajouter aux mesures antérieures visant à réduire le personnel. En 1998, avant la percée d’Internet, Belgacom comptait 22.000 employés. Au début des années 1990, ils étaient encore 26.500. En 20 ans, 10.000 emplois ont disparu. Un plan est d’ailleurs toujours en cours pour permettre au personnel plus âgé de partir en retraite anticipée. En conséquence, ce nouveau plan social laisse peu de marge de manœuvre pour compenser les pertes d’emplois par des départs anticipés.
Le gouvernement a réagi de façon ambiguë à l’annonce. Peeters, le ministre de l’emploi, s’est dit « inquiet ». « Il est important de dire que tout le monde devrait prendre ses responsabilités et que nous sommes très préoccupés par la possibilité de pertes d’emplois », a-t-il dit. D’autre part, le ministre De Backer (télécoms) a déclaré que le gouvernement doit laisser la gestion au secteur privé : « Un gouvernement dirige un pays, pas des entreprises ».
Les deux positions sont hypocrites : le gouvernement est l’actionnaire majoritaire, le président du conseil d’administration est d’ailleurs Stefaan De Clerck, affilié au CD&V. Karel De Gucht, politicien VLD, est également membre du conseil d’administration. Ces politiciens reçoivent de généreuses rémunérations pour représenter les intérêts du gouvernement au conseil d’entreprise (186.244 euros bruts pour De Clerck et 72.000 euros pour De Gucht, qui a assisté à huit réunions et deux comités, pour l’année 2017). Ils ont voté en faveur des licenciements. En d’autres termes : le gouvernement organise lui-même les licenciements dont il s’inquiète par la suite.
Par l’intermédiaire de leur journal L’Echo, les patrons font remarquer que la liaison des salaires à l’ancienneté est problématique. Les employés les plus âgés et les plus chers sont mis à la rue, tandis que des employés plus jeunes et moins chers sont engagés. Ce n’est pas le personnel qui est trop « cher », c’est l’avidité des gestionnaires privés qui veulent encore accroitre des profits déjà élevés !
Les télécommunications occupent une place importante dans notre vie quotidienne. Nous ne devons pas laisser ce secteur à la merci des rapaces du privé ou, dans le cas de Proximus, laisser une entreprise publique être gérée de la même manière que si elle était une entreprise privée. Placer le secteur aux mains du secteur public est la seule manière d’assurer que la prestation de service soit au centre des préoccupations. Cela permettrait de construire des réseaux à large bande plus étendus et gratuits afin que chacun ait un accès optimal à Internet, par exemple.
La pression au travail chez Proximus est déjà très élevée. Des licenciements supplémentaires renforceront cette tendance. Les profits montrent de l’entreprise démontre que cela n’est pas une fatalité. Il faut fermement s’opposer à ce plan de restructuration et lutter pour un secteur public des télécommunications. Quoi qu’il en soit, la volonté d’agir est là. Ce mardi matin, des centaines d’employés ont participé à une action au siège de Proximus à Bruxelles. De plus, la participation à la grève s’est avérée très importante. On peut construire la lutte sur cette base !