Plus que 12 ans pour éviter un désastre écologique irréversible

L’écologie libérale est impuissante, la lutte pour la sauvegarde de l’environnement sera anticapitaliste ou sera vaine

L’existence du système capitaliste représente moins de 1% de l’Histoire de l’humanité. C’est pourtant suite à son règne dévastateur que la planète pourrait être détruite. Tant et si bien que certains experts en matière d’écologie, qui parlaient jusqu’à présent d’anthropocène pour définir la responsabilité de ‘‘l’activité humaine’’ dans le réchauffement climatique, dénoncent aujourd’hui le capitalocène. Selon eux, cette modification sémantique est stratégique : il faut désormais penser la fin du capitalisme, et non la fin du monde.

Par Sébastien (Liège)

Ce 7 octobre, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a rendu publique son étude sur les effets d’un réchauffement de 1,5°C des températures mondiales (par rapport à l’époque préindustrielle). Ce rapport fut commandé en 2015 à Paris lors de la COP 21, durant laquelle 197 États s’étaient engagés à respecter cette limite. Le verdict des 86 auteurs principaux mobilisés pour cette étude est tombé, et il est sans équivoque : non seulement un tel réchauffement aurait des conséquences dramatiques sur la planète mais, en plus, ‘‘chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire porte en lui un risque mortel’’, affirme Emilie Both, porte-parole d’Oxfam France. La publication de ces résultats vise en fait à relever les ambitions climatiques des États en vue de la COP 24 de décembre prochain.

L’Accord de Paris sur lequel a débouché la COP 21 doit toutefois être considéré comme ce qu’il est vraiment : un catalogue de vœux pieux. Depuis la signature de ce texte, les émissions mondiales de CO2 ont d’ailleurs inexorablement augmenté. A cette occasion, les gouvernements ont une fois de plus prouvé qu’ils ne peuvent aller à l’encontre des intérêts du secteur pétrolier, des lobbies nucléaires et des multinationales.

Le capitalisme est la cause première du changement climatique

Le système dans lequel nous vivons permet à huit personnes de posséder autant de richesse que les 50 % les plus pauvres de la population mondiale. Il fonctionne de sorte que 82% des richesses créées en 2017 ont bénéficié aux ultra-riches.

Cette tendance à l’accumulation de la majorité des richesses par une infime minorité, au détriment de la majorité de la population, ne représente pas une faille du système capitaliste : c’est sa raison d’être. Or, cette recherche d’accumulation infinie de richesses rentre inévitablement en contradiction avec la nécessité de sauvegarder un monde aux ressources naturelles qui, elles, sont limitées. En 2015, un rapport du FMI indiquait que les subventions allouées aux énergies fossiles représentaient 10 millions de dollars par minute (4740 milliards d’euros pour cette même année), soit 4,5 % du PIB mondial : le secteur des énergies fossiles est davantage subventionné que l’ensemble des programmes de santé publique dans tous les pays de la planète !

Pourtant, l’utilisation de ce type d’énergies continue de se faire à un coût environnemental de plus en plus élevé. Nicholas Stern, économiste et spécialiste du climat à la London School of Economics précise qu’il n’y a non seulement ‘‘aucune justification aux énormes subventions attribuées à ces combustibles fossiles’’ mais, qu’en plus, elles ‘‘nuisent aux économies, en particulier dans les pays les plus pauvres’’.

Aujourd’hui, cette recherche de profits engendre de véritables ravages sanitaires et environnementaux. Selon l’ONG internationale Carbon Disclosure Project, plus de 70 % des émissions de gaz à effet de serre émise depuis 1988 émanent de seulement 100 entreprises, dont les 25 premières sont responsables à elles seules de la moitié des émissions globales !

L’écologie libérale individualise les solutions

Le constat est alarmant et quasiment plus personne ne le remet en cause. Mais le discours majoritaire repose sur le changement de nos habitudes de consommation et les pressions sur la classe politique. A aucun moment il n’est fait mention du système capitaliste. Ce n’est pas un hasard. La logique néolibérale pousse à envisager les choses sous l’angle individuel, par le pouvoir de notre portefeuille.

Pour beaucoup de gens, cela semble être le plus accessible. Mais la solution la plus accessible n’est pas toujours la meilleure. En effet, à moins d’être l’un des frères des industries Koch (active dans le génie pétrolier et chimique, la finance, le courtage de matières premières et l’élevage) qui, à elles seules, relâchent environ 24 millions de tonnes de CO2 par an dans l’atmosphère, il y a peu de chance que nos choix individuels impactent le changement climatique. Reposer essentiellement sur le changement de consommation, c’est ce qui a été favorisé ces dernières décennies. Il faut en faire le bilan : il est urgent de changer d’approche !

On ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas !

Ce n’est pas tant l’individu qui est la cause du problème que l’organisation sociale et les rapports de productions. Tous les modes d’organisation de la production économique n’ont pas un impact identique sur l’environnement. Le capitalisme est un système où la production est très chaotique. Au contraire, une économie démocratiquement planifiée – où les secteurs-clés de l’économie seraient contrôlés et gérés par la collectivité – pourrait prendre en compte les besoins de toute la population dans le respect des ressources de la planète.

Le mouvement climatique doit s’orienter vers ceux qui sont en mesure de retirer le contrôle de la société des mains des entreprises : les travailleurs. Les syndicats peuvent jouer un rôle crucial dans le mouvement environnemental en étendant au reste de la société les revendications et méthodes qu’ils ont utilisées pour la protection de la santé et de la sécurité au travail. L’organisation des travailleurs dans la lutte peut également poser les bases de comités démocratiques capables à terme de prendre en charge la gestion des entreprises.

Toutes les grandes conquêtes sociales ont été acquises grâce aux mobilisations de masse et à l’arme de la grève. Aucune amélioration de nos conditions de vie n’a été obtenue en la demandant gentiment. Elles ont toutes été arrachées par la lutte. Il nous faut nous organiser et lutter ensemble autour d’un programme de transformation socialiste de la société.

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