Menons une lutte active contre la violence homophobe !

La Belgique est internationalement reconnue comme un pays où prospère le bien-être des personnes LGBTQI+ (Lesbienne, Gay, Bisexuel, Transgenre, Queer, Intersexe, etc.). Elle a été l’une des premières à ouvrir le mariage aux personnes LGBTQI+, s’est retrouvée en deuxième position du classement ILGA-Europe (International Lesbian and Gay Association) en 2016 et l’absence (jusqu’à tout récemment) complète de refuges pour personnes LGBTQI+ était considérée comme une preuve qu’ils n’étaient pas nécessaires en Belgique. Ces derniers mois ont toutefois confirmé qu’il y a bel et bien un problème en Belgique avec la défense du bien-être des personnes LGBTQI+. Avec ses 4 places, le nouveau refuge d’urgence dont on a tant besoin ne répond pas aux besoins réels. Malgré l’égalité juridique croissante, la discrimination et la violence font toujours partie de la vie quotidienne de nombreuses personnes LGBTQI+. Des cas de violences homophobes à Gand et à Anvers l’ont encore confirmé.

Par Elise (Gand)

Gand : Action de solidarité à la suite d’un cas de violence homophobe

Il est vrai que des thèmes comme ceux de la sexualité, de l’identité de genre et de l’expression de genre bénéficient d’un meilleur écho, mais nous constatons une augmentation des cas de violence LGTBQI+phobe. Cette dernière adopte diverses formes. En plus des attaques verbales qui se transforment de plus en plus rapidement en violence physique, le taux de suicide est très élevé chez les personnes LGBTQI+ (en moyenne, 22% des personnes LGBTQI+ et plus spécifiquement 38,7% des trans ont effectué une ou plusieurs tentatives de suicide), de même que le sentiment d’insécurité à l’école (plus de 40% des élèves LGBTQI+ du secondaire), avec une pauvreté qui frappe aussi plus durement les personnes LGBTQI+, en raison des discriminations à l’embauche ou sur le marché locatif (53% des transgenres sont victimes de discrimination lors de la recherche d’un emploi).

La plupart des cas de discrimination et d’actes de violence LGBTQI+phobes ne sont pas signalés : ils sont souvent difficiles à démontrer. De plus, de nombreuses personnes LGBTQI+ ont le sentiment que la police et la justice ne sont pas là pour défendre leur bien-être. Ce sentiment découle du grand nombre de cas qui sont rejetés, mais aussi du fait que le caractère LGBTQI+phobe d’un crime est souvent remis en question ou parce qu’il devient la faute de la victime, ce que l’on observe également avec les agressions sexistes.

Ces formes de violence structurelle font l’objet d’une indignation généralisée. L’absence d’amélioration explique le soutien croissant à la résistance active contre la normalisation de la violence LGBTQI+phobe. Suite à une attaque homophobe à Gand le 6 août dernier, la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) a pris l’initiative d’une action de protestation avec les associations Verkeer Geparkeerd et Casa Rosa. Des centaines de personnes ont été mobilisées en quelques jours. De cette façon, nous avons non seulement exprimé notre solidarité avec les victimes, mais aussi dénoncé la violence LGBTQI+phobe dans l’espace public en exigeant des mesures concrètes de la part du conseil communal et des autorités contre les discriminations à l’encontre des personnes LGBTQI+.

Le ‘‘Plan d’action Interfédéral contre la discrimination et la violence à l’égard des personnes LGBTI’’ est insuffisant !

Ces dernières années, le gouvernement n’a eu que le mot ‘‘sécurité’’ à la bouche, décliné en lutte militarisée contre le terrorisme et en investissements dans le matériel de guerre. Le nouveau ‘‘plan d’action contre la LGBTQI+phobie’’ a mis quatre ans à se concrétiser. Le sujet n’était clairement pas prioritaire. Le gouvernement a maintenant moins d’un an pour réaliser les 115 points du plan d’action avant les prochaines élections. Il est toutefois évident que le plan est insuffisant.

L’une des principales raisons en est l’absence de toute référence aux ressources nécessaires pour atteindre les 115 points du plan d’action, aussi limités soient-ils. Par exemple, Çavaria fait valoir que, en tant qu’organisation flamande regroupant des associations LGBTQI+, elle est mentionnée dans un certain nombre de ces points, alors que le gouvernement fédéral ‘‘ne lui fournit pas de ressources structurelles de fonctionnement’’. Plusieurs des propositions sont principalement symboliques : la publication de brochures, des cours pour le personnel, des drapeaux arc-en-ciel une fois par an sur les édifices du gouvernement, etc. C’est aussi symbolique que la participation des partis traditionnels aux Pride Parades. Les drapeaux arc-en-ciel et les passages pour piétons repeins n’offriront aucune protection magique contre les agressions et la discrimination. Les mesures purement symboliques sont avant tout un alibi bon marché pour le gouvernement.

Un plan d’action qui ne coûte pas cher et qui ne cherche pas de changement structurel laissera entier le problème de la LGBTQI+phobie. Des investissements sont nécessaires, y compris dans l’enseignement, pour qu’une éducation (sexuelle) appropriée et suffisamment attentive aux besoins des personnes LGBTQI+ soit possible et pour que les éternels stéréotypes des forces religieuses et politiques conservatrices qui présentent les personnes LGBTQI+ comme étant anormales, inférieures ou même dangereuses puissent être contrés. Nous devons également investir dans des logements sociaux de qualité et des emplois décents. Il faut plus de moyens pour les refuges et les soins de santé afin que le choix d’être soi-même ne signifie pas un «choix» d’être sans-abri, de connaitre la violence ou la pauvreté. Il nous faut également investir dans les services publics et sociaux afin qu’ils soient à même d’accompagner plus spécifiquement les personnes LGBTQI+.

Nous ne pouvons obtenir de réelle amélioration des conditions de vie de la majorité de la population qu’en défendant ensemble cette cause.

Le racisme n’est pas une solution contre la LGBTQI+phobie

Cependant, l’unité de tous les travailleurs et des jeunes est attaquée. Les droits des LGBTQI+ ou les droits des femmes sont régulièrement instrumentalisés pour légitimer le racisme. Toutefois, la LGBTQI+phobie n’est pas caractéristique de certaines cultures, il s’agit d’un problème structurel avec des racines sociales. Les gens ne sont pas naturellement LGBTQI+phobes, racistes ou sexistes. La probabilité qu’ils le deviennent augmente dans un contexte où la tactique de ‘‘diviser pour mieux régner’’ est utilisée pour détourner l’attention de la politique d’austérité et maintenir un rapport de force dans la société inégalement favorable aux riches. Tous les groupes de la société sont montés les uns contre les autres dans une lutte pour des biens et des services qui ne sont pas accessibles à tous. Davantage de moyens pour le bien-être des personnes LGBTQI+ signifie épargner sur les droits des femmes, et l’argent pour l’aide aux réfugiés signifierait que les personnes LGBTQI+ devraient se contenter de moins.

Mais ce ne sont pas les réfugiés, les malades de longue durée, les musulmans ou les chômeurs qui causent les discriminations contre les personnes LGBTQI+ sur les marchés du logement et du travail.

C’est le sous-financement chronique du logement social, l’absence d’emplois décents en raison de la logique d’austérité qui rend possible des scénarios dans lesquels un propriétaire peut faire un choix discriminatoire parmi les nombreux candidats qui cherchent un logement abordable ou un emploi décent. Un gouvernement qui préfère protéger les intérêts des super riches et des multinationales avec sa politique d’austérité, plutôt que de défendre le bien-être des personnes LGBTQI+ (mais aussi des femmes, des migrants et de toute la classe des travailleurs), est en partie responsable de la violence et de la discrimination dans la société.

Tous les droits que les personnes LGBTQI+ ont aujourd’hui sont le fruit d’une protestation active, y compris en Occident. Aujourd’hui, la nécessité d’une telle résistance demeure, contre les attaques ouvertes de personnalités telles que Trump ou Poutine, mais aussi contre la politique d’austérité qui, dans la pratique, sape les droits et le bien-être des personnes LGBTQI+, aussi ici en Belgique. La campagne ROSA veut être un instrument pour tous ceux qui désirent participer à la lutte pour une société différente où les profits produits ne disparaissent plus dans les poches des patrons ou dans les paradis fiscaux, mais sont investis dans le bien-être de la majorité de la population, y compris les personnes LGBTQI+. Seule une telle société jettera les bases d’un véritable climat favorable aux LGBTQI+.

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