Schild & Vrienden : Pour stopper l’extrême droite, il nous faut une mobilisation active !

En mars dernier, Schild & Vrienden avaient lancé une grande mobilisation : une cinquantaine d’extrémistes de droite avaient suivi Schild & Vrienden pour participer à une manifestation de l’association étudiante officieuse du Vlaams Belang, le NSV. Blokbuster et les Etudiants de Gauche Actifs avaient organisé une contre-manifestation combative . Photo : Jean-Marie

Le reportage de l’émission de de la VRT Pano consacré à l’organisation « Shield & Vrienden » en a choqué plus d’un : une milice privée d’extrême droite existe aujourd’hui en Belgique. Il ne faut pas aller très loin dans ses coulisses pour se retrouver confronté au nazisme et aux déclarations les plus racistes, sexistes et homophobes. Cette milice n’hésite pas à mener des actions musclées de vandalisme et d’intimidation et organise des sessions de formation où apparaissent des armes. Une telle milice privée constitue un danger pour quiconque s’oppose à la politique antisociale actuelle : les premiers ennemis de l’extrême droite étant les militants syndicaux, les jeunes de gauche, les migrants, les personnes LGBTQI+, les femmes, etc.

Ces derniers mois, pourtant, les médias établis flamands ont déroulé le tapis rouge pour Schild & Vrienden. Le leader autoproclamé du groupe, Dries Van Langenhove, a été interviewé dans de nombreux journaux et hebdomadaires et il est également passé à la télévision. Le président de la Chambre Siegfried Bracke (NVA) avait d’ailleurs déclaré avoir trouvé l’une de ces interviews « merveilleusement stimulante ». Cet été, l’incident d’intimidation raciste au festival Pukkelpop – sous le chant « Cutting hands, the Congo is ours » directement issu du répertoire de Schild & Vrienden – a été le prélude à une tentative de « réhabilitation » de la colonisation quand le quotidien De Standaar a interviewé Maxime Goris, président du cercle catholique conservateur KVHV à Louvain et membre de la N-VA à Tirlemont, qui s’exprimait en tant que membre de Schild & Vrienden. On savait pourtant déjà que Shield & Vrienden lorgnait du côté du néofascisme. En octobre 2017, dans un article de notre campagne antifasciste flamande Blokbuster qui avait largement été partagé sur les réseaux sociaux, nous avions déjà fait remarquer que le groupe était « un début de milice privée  » et que ce groupe se sentait renforcé par le populisme de droite de Francken et Trump, entre autres.

Aujourd’hui, tous les médias et tous les partis politiques se font l’écho d’un grand tollé. Même Theo Francken doit se distancier aujourd’hui de ceux qui ont déjà assuré son service de police et avec lesquels il s’est déjà montré heureux d’être pris en photo. Le Vlaams Belang est un peu à la traîne car la pression est moins forte, mais le président du parti d’extrême droite Tom Van Grieken aurait du mal à prendre ses distances avec Dries Van Langenhove, ce dernier ayant organisé une série de formations pour la structure de jeunesse du Vlaams Belang (Vlaams Belang Jongeren) fin 2015. Nous pourrons très vite vérifier jusqu’où vont ces prises de distances : les membres de Schild & Vrienden qui sont candidats pour la N-VA seront-ils retirés des listes à destination des prochaines élections communales ? Les patrons flamands du cercle Marnix vont-ils continuer à inviter et à soutenir financièrement Van Langenhove ?

La pression qui pousse, même à la N-VA, à prendre ses distances avec Shield & Vrienden s’est développée puisque la vraie nature de ce groupe est maintenant largement connue. Les larges couches de la population n’éprouvent absolument aucune sympathie pour des néonazis qui préconisent une campagne violente pour imposer leur haine ! C’est pourquoi Schild & Vrienden, tout comme les groupes autour du Vlaams Belang, ont besoin d’entretenir un caractère double : une face plus acceptable vers l’extérieur et une autre, reposant sur le néonazisme, vers l’intérieur. Le rejet généralisé du néonazisme et de toutes ses composantes – violence contre les militants syndicaux, images sexistes, racisme, glorification de la violence,… – explique pourquoi Schild & Vrienden se retrouve repoussé dans la marge. C’est aussi pour cela que le groupuscule n’a jamais été en mesure de regrouper un noyau actif supérieur à 40-50 membres. Cette révulsion, il nous faut activement la mobiliser pour assurer que ce groupe en reste là et que des conclusions puissent également être tirées de cette affaire.

La présence de Dries Van Langenhove au conseil d’administration de l’université de Gand pose notamment problème. Toute la question est de savoir comment l’en faire sortir. C’est possible, nous le savons. Van Langenhove n’est pas le premier membre d’extrême droite à la direction de l’Ugent. Il a été précédé en 2001 par l’ancien vice-président du Vlaams Belang Roeland Raes, qui y avait été nommé gestionnaire par le Parlement flamand. Une campagne avait immédiatement été lancée contre cela, à la suite de quoi un vaste comité d’action a été lancé : le Comité Anti-Raes. Une manifestation a été suivie d’actions majeures qui ont bloqué l’accès de Roeland Raes au conseil d’administration. Cela n’a été possible que par une large mobilisation qui a accru la pression et a suscité un certain intérêt médiatique autour de Roeland Raes au cours d’une période où il a réitéré ses propos négationnistes. Avec l’indignation qui a suivi, Raes a disparu du conseil d’administration. C’est grâce à une mobilisation active avec une large participation démocratique de tous ceux qui voulaient se battre que nous avons obtenu cette victoire en 2001.

Aujourd’hui, ce type de résistance de masse reste nécessaire. Ce soir, une action a lieu face à l’Hôtel de ville de Gand à 18h et un autre rassemblement est déjà prévue à l’occasion de la prochaine réunion du conseil communal le 25 septembre. Nous devons en tirer le meilleur parti. Quiconque est visé par la haine de l’extrême droite doit se sentir appelé à participer : les femmes et qui défendent leurs droits, la communauté LGBTQI+, les étudiants qui s’opposent à l’élitisation de l’enseignement, les militants syndicaux qui sont visés par ces briseurs de grève,… Schild & Vrienden s’est déjà concrètement tourné contre la FGTB en pénétrant dans des locaux syndicaux pour y dérober un drapeau et en se rendant à un piquet de grève pour y provoquer les syndicalistes. La meilleure façon de riposter est de se mobiliser activement en vue du 25 septembre.

La politique d’austérité entraîne des déficits croissants dans tous les secteurs de la société. La population peut de moins en moins bénéficier d’un filet de sécurité et de la sécurité sociale en cas de problème. La pénurie de logements, d’emplois décents, de services publics, etc. exacerbe les tensions sociales. Cela peut se traduire par une augmentation du racisme, de l’homophobie, du sexisme et de tout ce qui nous divise artificiellement, avec son lot de faits de violence. Il suffit de penser aux cas de violence homophobe à Gand et Anvers cet été, aux incidents racistes du festival de Pukkelpop et de la gare d’Aarschot ou encore aux graffitis racistes à Louvain. Des individus ou petits groupes réactionnaires sentent leur confiance renforcée par Schild & Vrienden, notamment, et entrent en action. Cela n’atteint pas encore l’ampleur de la violence d’extrême droite que nous avons vue tout récemment à l’œuvre à Chemnitz, en Allemagne de l’Est. Mais nous voulons assurer que cela ne survienne pas. Rejoignez-nous et mobilisez-vous contre l’extrême droite et en faveur d’un programme de revendications sociales qui peuvent en finir avec le terreau de haine et de division sur base duquel elle peut se développer : un programme qui vise à garantir à chacun un bon emploi, un logement décent et de bons services publics services.

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Première page de Lutte Socialiste