Il ne se passe plus un jour sans mauvaises nouvelles concernant l’économie. En Europe, les banques et les pays sont sans cesse en première page des quotidiens: “nouvelle dégradation de la note…”, “menace de défaut de paiement”, etc. Les économistes sont de plus en plus pessimistes sur l’avenir. Autant avant l’été on nous prédisait un retour à la croissance sur des bases saines, autant aujourd’hui un nouveau crash et une nouvelle période de récession prolongée semblent ne plus faire de doute. Le système capitaliste fait face à une crise structurelle profonde pour laquelle ses élites politiques et économiques ne trouvent aucun remède. “Un été meurtrier”, “rien n’a été réglé” pouvait-on ainsi lire dans Le Monde au début du mois de septembre.
Par Nico (Bruxelles), Article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Les seules mesures matraquées jours après jours sont celles d’une accélération et d’un élargissement des mesures d’austérité censées résoudre la crise des dettes des Etats. Vu sous cet angle, l’été fut meurtrier pour les travailleurs et leurs familles. Les chiffres sont impressionnants et la manière de trouver où réaliser des économies donne clairement le ton. Chacun de ces plans s’attaque aux allocations sociales, aux pensions, aux fonctionnaires (effectifs, pensions, salaires), réduisent les services publics quand ils ne les bradent pas tout simplement au privé. Au travers de tout cela, le fait que c’est la classe des travailleurs qui paie pour une crise qu’elle n’a pas causée est un sentiment répandu à travers toute l’Europe et illustré au travers des différentes luttes qui ont pris place durant cette période.
En plus de cette crise économique, les élites connaissent une crise politique généralisée. Pour la Belgique, il n’est pas nécessaire de citer les centaines de jours de blocage sans gouvernement. Mais, outre Manche, on a vu comment le scandale Murdoch a ébranlé la classe dirigeante et exposé au grand jour les scandales de corruption entre le monde politique et économique. La crise qui s’approfondit aujourd’hui de jour en jour n’est pas la crise des services publics ou des allocations, c’est la crise du système capitaliste, du secteur privé, des banques à la recherche de toujours plus de profits. Et aujourd’hui, ils veulent nous faire payer leurs crises. Cela, les travailleurs l’ont compris, ils montrent à travers toute l’Europe la volonté de lutter.
A la lecture de la presse traditionnelle, ces assainissements apparaissent comme inévitables. La colère qu’ils suscitent n’est pas prise en compte dans les analyses. Pourtant, après 11 grèves générales en Grèce, l’idée de ne pas payer les dettes a mûri, et une telle revendication pourrait servir à travers toute l’Europe de mot d’ordre mobilisateur. En septembre, on a vu les Italiens et les Espagnols redescendre en rues, le mouvement des indignés reprendre et, au moment d’écrire cet article, on attendait encore avec impatience les résultats de la journée de grève en France dans le secteur de l’enseignement le 27 septembre. Il ne s’agit pas ici de faire un tour complet des mobilisations européennes, mais nous constatons que, pays après pays, l’opposition à la dictature des marchés se développe.
Les problèmes financiers que connaissent les banques, les injections massives d’argent public pour les sauver remettent à l’avant plan la revendication d’une nationalisation complète du secteur bancaire sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs. Les pseudos volontés de régulation apparues après 2008 dans les discours politiciens relèvent d’avantage de l’hypocrisie. Laisser ce secteur aux mains des capitalistes nous entraîne vers des crises toujours plus profondes. Les milliards évaporés sur les places boursières ainsi que les aides publiques toujours plus énormes devraient être utilisés pour résoudre les problèmes sociaux, augmenter les allocations, créer des emplois ou améliorer les services publics.
Une grève générale européenne
Le fossé s’élargit entre la volonté de lutter des jeunes et des travailleurs et l’absence de voie de sortie. Les directions syndicales n’organisent d’actions que poussées par leur base. Déjà l’année dernière, en France, sur le dossier des retraites, la base demandait avec insistance dans les cortèges l’organisation d’une réelle grève générale pour faire tomber le gouvernement et ses politiques antisociales. A l’heure actuelle, nous avons besoin d’un plan d’action contre l’austérité afin d’éviter le développement d’un sentiment d’impuissance.
L’organisation d’une grève générale à l’échelle européenne est une réponse nécessaire face à la troïka. La Confédération Syndicale Européenne (CSE) s’est réunit à Athènes sur le thème “Se mobiliser pour l’Europe sociale” (en mai 2011). La conclusion logique d’une telle réunion doit être la mise en place d’un tel plan d’action. Nous ne devons pas lutter chacun de notre côté. Les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient nous montrent que seule la lutte de masse est payante et que l’aboutissement logique d’une lutte sur le plan national est son élargissement sur la scène internationale.
L’avenir de la zone euro est de plus en plus remis en cause. Les problèmes survenus en Italie semblent annoncer que la spirale ne va pas s’arrêter aux pays périphériques et que les problèmes sont aux portes des grandes économies européennes, censées être plus résistantes. Ne laissons pas les travailleurs de Grèce ou d’Irlande lutter seuls. Nous ne partons pas de nulle part, les mouvements sociaux ces dernières années ont remis à l’avant plan les meilleures traditions du mouvement ouvrier : la grève générale bien sûr mais aussi, au travers des indignés, les occupations, les assemblées générales, les comités locaux. Ce sont sur ces initiatives – qu’il faut élargir – que nous devons discuter et organiser une lutte généralisée contre les attaques orchestrées par les politiciens traditionnels, que ce soit dans nos gouvernements ou au niveau de l’Union Européenne.
Nous pouvons stopper ces politiques d’austérité mais, pour changer fondamentalement la situation et éviter que les élites capitalistes et leurs alliés politiques ne remettent ça, nous devons discuter dans ces luttes d’un changement radical de modèle économique : face à la crise du modèle capitaliste, défendons une économie démocratiquement planifiée selon les besoins de la majorité et non dictée par l’avidité d’une poignée de parasites prêts à prélever sur notre dos le moindre centime de profit.