Le congrès économique mène à des tensions au sein du VB

Le Vlaams Belang lance son premier congrès économique le 26 novembre. Avec cela, il se met dans une situation inconfortable, et va devoir prendre des positions qui mènent à des doutes dans ses propres rangs. Il va aussi devoir, comme parti voulant être au-dessus des classes, se confronter à un mouvement ouvrier croissant qui contient une bonne partie de son électorat. C’est la conséquence de la situation objective dans laquelle se trouvent les néofascistes aujourd’hui. Elle diffère fondamentalement de celle dans laquelle a grandi le NSDAP (le parti nazi). Une autre méthode s’impose donc.

Boris Van Acker

Différences avec les années ‘20 et ‘30

Si on analyse le programme néofasciste et sa relation avec celui des fascistes du siècle passé, cette analyse rejoint parfaitement la définition du fascisme élaborée par Trotsky comme « le programme de la bourgeoisie appliqué dans sa forme extrême ». L’histoire du fascisme allemand et italien montre que le fascisme n’est rien d’autre que la réaction capitaliste à l’instabilité d’une crise économique au mouvement ouvrier qui se développe. La situation objective est néanmoins fondamentalement différente des années ’30 avec la montée de Hitler et Mussolini.

Quand le fascisme prit son essor dans les années ’30, il pouvait se baser sur une défaite historique de la classe ouvrière, et le capitalisme se trouvait dans un stade moins développé. Les diverses tentatives des masses ayant échoué à renverser le capitalisme pour le remplacer par le socialisme, cela a mené à une désillusion gigantesque et a ouvert la voie à l’idéologie fasciste du solidarisme (le rejet de la contradiction travail-capital par la défense de l’idée que les patrons et les travailleurs ont en fait les mêmes intérêts) et du corporatisme (le remplacement des organisations ouvrières indépendantes par des organisations communes patrons-travailleurs au niveau de l’entreprise).

La bourgeoisie voyait à ce moment la nécessité de maintenir une forte structure d’Etat pour trouver une issue à la crise économique et pour arriver à une stabilité. Sous la domination de Hitler, l’Etat devenait un employeur énorme en utilisant des entreprises et les travaux publics. Aujourd’hui, la bourgeoisie vise de toujours plus à un démantèlement de l’Etat-providence. Un libéralisme extrême et une extension capitaliste par delà des frontières d’Etat, sans limitations des différents Etats.

Le Vlaams Belang, entretemps devenu le plus grand parti (électoral) de Flandre, semble pour la première fois en mesure de causer des fissures dans le cordon sanitaire lors des prochaines élections. Il est forcé de se détacher de son rôle de parti d’opposition et de prouver qu’il est capable de gouverner. Et ce juste au moment où le mouvement ouvrier connaît sa première montée. Les pays voisins ont déjà donné l’exemple, et les luttes plus modestes de la classe ouvrière en Belgique l’an dernier n’étaient que les précurseurs d’un raz-de-marée. La lutte sociale est croissante. Ce qui est loin d’être favorable à un parti néofasciste sur le point de devoir démontrer ses capacités et au patronat, et aux travailleurs, base des votes de protestation.

VB entre libéralisme et solidarisme

La direction du VB va être sur la corde raide. La bourgeoisie souhaiterait évidemment un cours ultra-libéral, mais cela ne va pas être avalé si facilement par une grande partie du noyau fasciste qui condamne en soi un capitalisme effréné et qui maintient le programme fasciste des années ’30.

Des contradictions internes vont être mises à nu, probablement de façon très claire à l’occasion de leur congrès économique.

Parmi sa base, le VB doit compter avec un anticapitalisme de droite. D’un point de vue solidariste, les fascistes défendent le caractère propre des peuples et fulminent contre la globalisation de l’économie et l’américanisation de la culture populaire. Cela est en contradiction aigüe avec la tendance des fascistes ultralibéraux, qui rejettent complètement n’importe quel système social. Ils négligent totalement l’élément d’un mouvement de lutte sociale comme force réelle dans la société, mais ont compris au mieux ce qu’est le fascisme et son rôle historique dans le contexte actuel.

VB: contre les acquis sociaux

Avec l’invitation du prof. Hans Herman Hoppe, le fasciste qui s’est couronné « anarcho-capitaliste », la direction du VB montre dans quelle direction elle veut évoluer. Elle veut en finir avec les organisations ouvrières et met en avant l’idée de personnalité morale pour les syndicats. Elle plaide aussi pour une interdiction des grèves dans les secteurs clés de l’économie. Ce sont des vieux points de vue, néanmoins bien connus, qu’elle défendait sans gêne jusqu’au milieu des années ’80. A côté de cela elle semble se développer de façon toujours plus radicale sur le terrain où le VLD était très fort : les attaques sur les services publics et la sécurité sociale.

Hoppe, qui plaide pour l’extinction de la sécurité sociale et son remplacement par la charité, peut se classer dans le camp ultralibéral et rejette aussi le solidarisme, qui défend un filet de sauvetage social, quoique fort limité. Le rôle de l’état reste un pilier pour une société solidariste.

La division dans le parti autour de ces points de vue peut rapidement tourner à l’aigre, le VB va devoir sortir de ces discussions comme un parti solide, mais la question est de voir si des scissions interne peuvent être évitées.

Manif. 26 novembre, 14h, Vrijdagmarkt, Gand.

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