Participer aux élections ? Oui, mais pour construire une relation de force contre l’austérité !

Peter Mertens, président du PTB, lors du premier mai. Photo : Liesbeth.

Tutelles régionales sur le budget des communes, contrats précaires et pénurie de personnel dans les services communaux, listes d’attentes pour les crèches, manque de place dans les écoles du fondamental, nombre incroyablement insuffisant de logements sociaux,… l’austérité touche tous les niveaux de pouvoir. Nos communes sont loin d’être épargnées. Les élections communales sont l’occasion de défendre un programme de rupture avec le néolibéralisme. Il est crucial que la colère puisse trouver son prolongement dans un programme mais, pour qu’il devienne réalité, il nous faut une mobilisation active des travailleurs et de la population. Le programme et l’obtention d’élus véritablement à gauche doivent en premier lieu servir à consolider notre rapport de force contre l’austérité.

Par Nicolas Menoux, membre du Bureau Exécutif du PSL

Seattle & la lutte pour les 15$/h

Aux USA, le thème du salaire minimum s’est imposée à l’agenda politique sous l’impulsion des travailleurs des fast-foods. En 2013, notre camarade Kshama Sawant (Socialist Alternative) a été élue parmi les 9 conseillers de la ville de Seattle. Le programme de Socialist Alternative défendait notamment l’augmentation du salaire minimum à 15$/h (alors que le salaire minimum fédéral de l’époque était de 7,25$) relayant ainsi les attentes de millions de travailleurs à travers le pays. Ce siège remporté à Seattle allait alors être utilisé comme porte-voix pour les mobilisations sociales, et de là est née la campagne ‘‘15 NOW’’. Des groupes d’action ont été lancés dans les quartiers pour affermir la mobilisation, organiser des réunions locales et des meetings publics,… pour impliquer les habitants et les faire descendre dans la rue. Ces groupes ont offert aux gens de pouvoir eux-mêmes mener leur lutte pour les 15$.

La position de Kshama Sawant a été utilisée pour contrer le discours et les attaques de la classe dominante, ses politiciens et ses médias. Avec les groupes locaux et le mouvement syndical, une pression suffisante a été exercée pour arracher la revendication des 15$ minimum de l’heure, une réalisation historique aux USA ! A partir de cette victoire, le thème est devenu un enjeu national (et même jusqu’au Canada et au Québec) tandis que la campagne ‘‘15 NOW’’ s’est essaimée dans d’autres villes.

Tout cela illustre d’une part que la lutte paie et, d’autre part, que séparer arbitrairement la lutte des classes et les élections est une erreur. Refusons que la bourgeoisie occupe tout le terrain électoral, opposons-leur nos propres représentants, issus de nos syndicats, de nos quartiers, des mouvements sociaux !

Une politique de gauche sur le plan local ?

La majorité communale à Saint-Gilles (Bruxelles) a décidé courant juin de fermer un tunnel piétonnier sous les voies ferrées. Ceci a déclenché une vague de protestations sur les réseaux sociaux : les piétons et les cyclistes doivent depuis passer par un tunnel routier beaucoup plus dangereux. Mais il était évident que la majorité entendait ainsi expulser les sans-abris qui s’y réfugiaient ! En quelques jours, une manifestation a été organisée. Cela a suffi, en organisant la mobilisation, à faire reculer les politiques qui n’ont pas rouvert le tunnel mais ont dû promettre de trouver une solution pour les SDF.

Quelles leçons en retirer ? Tout cela démontre qu’une commune de gauche et des élus de gauche doivent absolument articuler leur action autour des mobilisations sociales et de la lutte concrète de la rue. Il s’agit d’une nécessité cruciale pour ne pas trahir son programme. A Barcelone, libérer le secteur de l’énergie pour le placer dans les mains de la collectivité grâce à la remunicipalisation est un enjeu impératif pour éradiquer la pauvreté énergétique. Ce n’est réalisable que grâce à la construction d’un rapport de force face aux intérêts des entreprises privées, et si les travailleurs et leurs familles s’organisent dans des comités de lutte locaux, quartiers par quartiers. La mairie de gauche devrait utiliser tout ce qui est à sa disposition pour favoriser l’essor d’un tel mouvement.

En Belgique, la percée électorale du PTB en 2014 et les sondages encourageants depuis lors ont donné un aperçu de l’espace existant pour une alternative anti-austérité, particulièrement dans ce contexte de scandales multiples pour les partis traditionnels. A la RTBF le 22 juin, Raoul Hedebouw a expliqué que ‘‘le PTB est prêt à gouverner dans les communes s’il n’est pas la 5e roue du carrosse’’. De telles discussions devraient être menées publiquement par le PTB afin de les sortir des négociations secrètes entre partis. La meilleure manière d’éviter de se voir astreindre un rôle de bouche-trou, c’est que l’accord repose fermement sur le programme. Lequel ? Pour l’ensemble du personnel communal : la reconversion des Articles 60 en vrais CDI à temps plein et une campagne de nomination des travailleurs, l’application immédiate de la réduction collective du temps de travail à 30 heures/semaine avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, un plan radical d’investissements publics pour les crèches, les logements sociaux, les écoles,… Avec un tel programme, une coalition représenterait une réelle rupture.

L’occasion est à saisir, avec des initiatives visant à insérer dans le débat électoral cette nécessité de renforcer la confiance à entrer en lutte. Le PSL a proposé de pouvoir participer à ces échéances électorales au côté du PTB. Face à leur refus, nous présenterons des candidats à Saint-Gilles sur la liste de Gauches Communes ainsi qu’à Keerbergen. Ailleurs, nous appelons à voter pour le PTB, mais aussi à discuter avec nous de nos propositions, de notre programme politique et de nos méthodes.

Mais, que cela soit avant ou après les élections, la question fondamentale reste la manière de construire une relation de force suffisante pour briser la camisole de force de l’austérité et imposer l’instauration de programmes progressistes. L’obtention d’un ou une élue réellement socialiste serait l’occasion d’illustrer concrètement cela.

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