Etat espagnol : Nouvelles mobilisations féministes suite à la libération de « La Meute »

« Ce n’est pas un abus, c’est un viol – nous, nous te croyons! » – 10 mai 2018

Ce jeudi, des milliers de personnes sont à nouveau descendues dans les rues de l’Etat espagnol à la suite de la décision d’un tribunal de Pampelune en faveur de la mise en liberté provisoire de «La Meute». Derrière ce nom se trouvent cinq jeunes hommes qui ont abusé d’une femme de 18 ans sans être pour cela condamnés pour viol mais simplement pour « abus sexuel ». La décision des juges de ne pas retenir la qualification de viol alors que les agresseurs avaient filmé leurs actes avait provoqué une vague de manifestations féministes dans tout le pays, dans lesquelles nos camarades d’Izquierda Revolucionaria, de Libres y Combativas (organisation-soeur de la campagne ROSA en Belgique) et du Sindicato de Estudiantes (organisation-soeur des Etudiants de Gauche Actifs) ont joué un rôle de premier plan. Ils avaient notamment appelé à la tenue d’une grève générale étudiante le 10 mai à laquelle plus de 100.000 personnes ont participé.


LE TRIBUNAL DE NAVARRE LAISSE LES VIOLEURS DE LA MEUTE EN LIBERTÉ. TOUTES ET TOUS DANS LES RUES !

Nous ne le permettrons pas ! A bas la justice patriarcale et fasciste !

Le tribunal provincial de Navarre a décidé de libérer les violeurs de la Meute. Avec Libres y Combativas, le Sindicato de Estudiantes et Izquierda Revolucionaria, nous voulons manifester notre indignation face à une justice qui affiche sans entrave son caractère fasciste et patriarcal et qui prétend donner une leçon aux millions de femmes qui ont exposé la lutte féministe dans les rues.

Déclaration d’Izquierda Revolucionaria (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat espagnol)

Il ne fait aucun doute que beaucoup de gens lisent en ce moment-même, bouche bée, cette terrible nouvelle. C’est une véritable provocation. Après que des millions de femmes, de jeunes et de travailleurs aient organisé une grève féministe historique le 8 mars et après avoir paralysé les salles de classe dans tout l’État le 10 mai lors de la grève générale étudiante contre la peine de ‘‘la Meute’’ (en savoir plus), voici qu’ils veulent se moquer de nous et nous faire croire que quoi que nous fassions, nous ne pouvons rien changer.

Aussi bien la condamnation que la libération provisoire de ces sauvages représentent une agression contre toutes les femmes. Il s’agit de nous cibler toutes en envoyant un message très clair : les femmes peuvent être violées, agressées, maltraitées et harcelées. Vous pouvez nous torturer physiquement et psychologiquement, le filmer, le diffuser et rien ne se passera dans ce pays ! Les responsables de ces actes seront protégés par la loi, leurs crimes resteront impunis et les victimes subiront toute une série d’humiliations publiques et d’actes de mépris. C’est répugnant et on ne peut pas permettre que cela se produise.

Voilà la justice que nous offre ce système de classe, patriarcal et franquiste. D’un côté il met en prison les jeunes d’Altsasu (accusés ‘‘d’attaque terroriste’’ suite à une rixe avec deux Gardes civils, NDLR) alors que leur innocence a été plus que prouvée, il y envoie également des rappeurs pour réprimer leur musique, de même que des jeunes activistes comme Alfon (un jeune de 24 ans condamné à 4 ans de prison pour faits de manifestation, NDLR) et d’autres militants de gauche en raison de leur lutte contre les injustices du système. De l’autre côté, cette justice laisse par contre en liberté les violeurs de ‘‘la Meute’’, les corrompus et ceux qui commettent des agressions homophobes et fascistes. C’est tout simplement inacceptable.

Tant la décision de libérer les violeurs que la précédente condamnation scandaleuse ont été approuvées par une femme juge. Que peut-on conclure de ce fait ? Que la racine du problème, c’est l’ensemble du système judiciaire et du système capitaliste, et que le patriarcat est également soutenu par de nombreuses femmes qui partagent les privilèges des puissants et ne veulent en aucun cas renoncer à leurs avantages.

Le fait que des femmes occupent des postes judiciaires et ministériels ou dirigent des banques et des entreprises n’empêche ni l’exploitation, ni la discrimination salariale, pas plus que cela n’élimine le machisme et la violence sexiste. L’expérience montre une fois de plus que la lutte féministe, pour gagner, doit impérativement se mener avec un caractère de classe, révolutionnaire et anticapitaliste.

La marée féministe inondera à nouveau les rues pour réclamer justice et exprimer son soutien inconditionnel à la jeune victime de ces criminels sans scrupules. Avec Libres y Combativas, le Sindicato de Estudiantes et Izquierda revolucionaria, nous allons promouvoir cette lutte de toutes nos forces, tout en exigeant l’annulation immédiate de cette décision et la disqualification immédiate des juges impliqués dans la condamnation et la libération des violeurs. Et nous signalons aussi au nouveau gouvernement de Pedro Sánchez (PSOE) – qui a déclaré que ‘‘cette décision est prise dans le cadre de la régularité du système judiciaire (…) le gouvernement se conforme à celle-ci’’, qu’il a clairement fait valoir que son ‘‘féminisme’’ n’est rien de plus qu’une façade, une coquille vide, une formule hypocrite qui cache une politique qui se plie devant la justice patriarcale.

Nous avons envahi les rues, nous avons vidé les salles de classe et les lieux de travail, nous avons organisé des mobilisations de masse sans précédent et nous allons le refaire aussi souvent que nécessaire !

Toutes et tous aux manifestations et rassemblements à venir !
S’ils touchent à l’une d’entre nous, nous répondrons toutes !
Nous toutes, si, on te croit !
La voilà ta meute !

En réponse à cette provocation, près de 50 rassemblements sont organisés ce vendredi 22 juin 2018 à travers l’Etat espagnol (Madrid, Catalogne, Andalousie, Communauté valencienne, Asturies, Aragon, Tenerife, Murcia, etc.).

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