La commune de Saint-Gilles lutte contre le sans-abrisme en chassant les sans-abris

Réquisitionnons les immeubles inoccupés !

Mi-avril, entre 20 et 30 personnes s’étaient installées dans le tunnel cyclo-piéton de la rue des vétérinaires « dans l’indifférence générale (1) ». Le 8 juin, la police les a « délogés », emportant à la décharge le peu qu’ils avaient et Infrabel a barré l’accès du tunnel cyclo-piéton à l’aide de grilles à la demande de la Commune de Saint-Gilles, gestionnaire de la voirie. Un peu plus tard, pour cacher ces grilles honteuses que dénonçaient des citoyens, des bâches bleues ont été apposées.

Par Mario et Esméralda (Bruxelles)

Ce tunnel permet le franchissement des voies entre Anderlecht et Saint-Gilles sur environ 100 m et est organisé avec une séparation entre la circulation automobile et les circulations douces (piétons, cyclistes). Selon la Note d’orientation du quartier du Midi réalisée en 2012 (2), ce passage piétonnier est peu engageant en raison d’un manque de lumière et vu son état dégradé. Il restait cependant une alternative offerte aux cyclistes et aux piétons qui sans lui devraient affronter les 470 véhicules par heure qui l’empruntent aux heures de pointe du matin et les 1010 véhicules par heure qui l’utilisent en fin de journée. Or, au-delà de déloger les sans-abri et de les plonger dans une situation encore plus précaire, la décision prise à la demande de la Commune de Saint-Gilles, oblige désormais quotidiennement des cyclistes et des piétons à affronter ce flux de véhicules.

Un garçon de 14 ans qui empruntait ce tunnel pour aller jouer au rugby s’inquiète : « Que vais-je faire, il y a autant de voitures que sur une autoroute ! Je ne comprends pas, ils ne m’ont jamais ennuyé ! » Un papa, lui, s’exclame : « Je passais plusieurs fois par semaine par ce tunnel et je n’ai jamais eu aucun problème avec les gens qui y vivaient, bien au contraire, ils me saluaient. C’est vraiment LA HONTE ».
Déloger les sans-abri, pour éviter la malpropreté est un choix politique surprenant pour une commune qui s’est déclarée « Commune Hospitalière », il y a peu. Ce n’est malheureusement pas une mesure isolée ni à Saint-Gilles ni dans d’autres communes de la Région Bruxelloise. De plus en plus souvent, la lutte contre le sans-abrisme se résume à lutter contre les sans-abri pour vider l’espace public de leur présence. Quitte à ce que ceux-ci ne se déplacent tout simplement pas d’un endroit à un autre. Cela passe par la suppression d’un banc utilisé par quelques-uns pour dormir, le remplacement d’autres bancs par des sièges à place unique séparés par des plots métalliques qui empêchent de s’y allonger, par l’installation de grilles autour d’une pelouse pour en interdire l’accès notamment aux sans-abri (3) (place Marcel Broothaers) ou par la pose de grilles pour interdire l’accès (comme dans ce tunnel et dans la Rue Couverte de la Gare du Midi).
Pourtant depuis plusieurs années, le sans-abrisme augmente de façon significative. (4) La population sans-abri a quasiment doublé d’après Les différents dénombrements de sans-abri effectués entre 2008 et 2016, le dénombrement de 2017 vient malheureusement confirmer une hausse continue de ce phénomène alarmant.

Il est évident que cette hausse est en lien avec un appauvrissement général de la population et les différentes mesures d’austérité qui précarisent les plus pauvres, les exclusions du droit aux allocations de chômage mais aussi avec l’absence d’une politique volontariste de développement des logements sociaux.

On estime le nombre de logements vides à environ 800 à Saint-Gilles. Des spéculateurs laissent tomber littéralement des immeubles à l’abandon. Depuis 2012, la commune a sanctionné 476 propriétaires en défaut. La commune refuse d’appliquer le droit de réquisition rendue possible par la loi Onkelinx de 1993. 476 réquisitions auraient été possibles pour offrir du logement de qualité afin de loger les sans-abris, mais aussi garantir une place gratuite dans un refuge pour les femmes violentées ou les jeunes LGBTQI chassés de chez leurs parents ou encore mettre un immeuble à disposition des comités sans-papiers pour rendre la commune hospitalière dans les actes et pas que dans les mots.

Il est urgent de prendre des mesures véritables pour permettre un accès au droit au logement, ne plus se contenter d’aide ponctuelle pour répondre à des besoins primaires et surtout ne plus tenter de seulement dissimuler les sans-abris en le chassant de l’espace public. Nous devons enrayer les prix excessifs des loyers par un plan radical investissements publics pour créer 3000 nouveaux logements sociaux et en finir avec les listes d’attente interminable.

=> « Le bout du tunnel – Rassemblement » ce samedi à 13h, rue des Vétérinaires, Saint-Gilles. (Evénement Facebook)

  1. http://www.vivreici.be/article/detail_saint-gilles-un-campement-de-sans-abris-s-installe-dans-l-indifference-generale-pres-de-la-gare-du-midi?id=169665
  2. Adt Ato, Gare du Midi, Note d’orientation, http://perspective.brussels/sites/default/files/poles/20120627_note_d_orientation_midi_adt.pdf
  3. ibid
  4. « Personnes sans abri et mal logées en Région de Bruxelles-Capitale – novembre 2016/mars 2017 – Centre d’appui du secteur bruxellois de l’aide aux sans-abri La Strada » https://lastrada.brussels/portail/images/PDF/Denombrement_nov16mar17_synthese_FR_long.pdf
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