Contre une politique d’asile qui s’enfonce dans l’horreur, développons la résistance !

Theo Francken entend ‘‘trouver une manière de contourner l’article 3 de la Convention européenne des Droits de l’homme’’ (celui qui interdit la torture et les traitements inhumains ou dégradants) pour permettre le ‘‘refoulement’’ de bateaux chargés de migrants vers les côtes africaines. Le gouvernement n’avait d’ailleurs pas hésité à renvoyer des sans-papiers vers la dictature soudanaise. Francken a facile de se retrancher derrière la politique de l’Europe-forteresse, qui n’a eu aucun problème à conclure des accords avec la Turquie d’Erdogan et avec les milices libyennes.

Rafles au parc Maximilien, projet de loi permettant les perquisitions à domicile chez des sans-papiers, traques policières dans le monde associatif et culturel, projet d’ouverture d’un centre fermé pour enfants, etc. : la politique d’asile de Michel et sa bande est faite de terreur et de répression systématique. Avec l’étude commandée à la Banque nationale sur le ‘‘coût de la migration’’, c’est carrément une mesure du programme raciste en 70 points du Vlaams Blok qui est adoptée par le gouvernement. C’est ce contexte politique qui est responsable du décès de la petite Mawda. 20 ans après la mort de Semira Adamu, la politique d’asile belge tue toujours.

Les autorités visent aussi à imposer le silence à la solidarité. En riposte à la lettre ouverte des 11 recteurs d’universités qui appuyait la demande de régularisation définitive de la famille de Mawda, Francken n’a pas hésité à menacer : ‘‘Si les recteurs veulent jouer à un petit jeu politique (…), ils seront confrontés à un retour de boomerang.’’ Les perquisitions à domicile doivent d’ailleurs également viser les personnes solidaires. Contrairement à la France, le ‘‘délit de solidarité’’ n’existait pas en Belgique. Mais 12 personnes qui ont accueilli des migrants chez elles seront bientôt jugées pour participation présumée à une ‘‘organisation criminelle de traite des êtres humains’’.

Diviser pour mieux régner

Cette politique prône et légitime la déshumanisation de notre société. Car il ne faut pas s’y tromper, le gouvernement veut rendre acceptable la violence contre une couche de la population pour mieux s’en prendre à d’autres. Comme les chômeurs, chassés depuis déjà de nombreuses années, ou les malades de longue durée plus récemment. Attiser la haine contre les migrants aide à diviser la population. Et Michel & Co savent changer de cible quand bon leur semble. A leurs yeux, on est d’office un nuisible dès lors que l’on se met en travers de leur logique néolibérale.

Pendant ce temps, les sans-papiers restent sans espoir, sans statut et donc sans droits. Forcés, donc, de se soumettre à des conditions d’exploitation qui, en retour, instaurent une pression sur les conditions de salaire et de travail de tout un chacun. Cela aussi, le gouvernement le sait très bien.

De la solidarité à la résistance

En septembre, cela fera 20 ans que Semira Adamu est décédée, elle aussi victime du racisme d’Etat. Ce sera une autre occasion d’investir le débat public et d’y faire entendre une autre voix que celle de la haine et de la division – le mieux serait avec une nouvelle manifestation, de masse – peu de temps avant les élections communales. La colère contre la politique antisociale devra également résonner dans les prochains scrutins, jusqu’aux élections régionales, fédérales et européennes de 2019.

Cette colère doit être armée d’une alternative : la régularisation des sans-papiers, l’abolition des centres fermés pour étrangers, la garantie de liberté de circulation, la fin des expulsions et de la criminalisation des personnes sans-papiers. Cela exige aussi de défendre le droit au logement pout toutes et tous, migrants ou non. Ainsi, de réelles ‘‘communes hospitalières’’, devraient recourir à la loi Onkelinx de 1993 qui permet la réquisition de logements vides ainsi que défendre un plan d’investissements publics massifs dans les logements sociaux. La même logique doit prévaloir pour l’accès aux soins médicaux ou à l’éducation.

A l’heure actuelle, toute réforme exige une lutte révolutionnaire. Les revendications qui précèdent doivent aller de pair avec une lutte soutenue pour l’unité de tous les travailleurs contre l’austérité et le racisme, pour une société débarrassée de toutes les formes de discrimination. Ce système de misère et d’exploitation, nous le rejetons. Il repose sur la guerre et le pillage néocolonial qui ne laissent d’autres choix à d’innombrables personnes que de risquer leur vie et de fuir. Construisons un rapport de forces de lutte et de solidarité vers l’instauration d’une société socialiste démocratique, sans exploitation et concurrence impitoyable, où les leviers de l’économie seraient aux mains de la population, sous son contrôle et sa gestion démocratiques.

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