Le Venezuela après les élections présidentielles

Ni les capitalistes ni la bureaucratie ne peuvent résoudre la crise !

Construire une gauche révolutionnaire qui défend les intérêts des travailleurs et du peuple

Le 20 mai, des élections présidentielles ont eu lieu au Venezuela. D’après les résultats finaux rendus publics par le CNE (le Conseil National Électoral, NdT.), Nicolás Maduro a remporté ces élections avec 6.203.612 voix, suivi des 1.920.597 voix recueillies par Henri Falcón (ancien gouverneur de l’Etat de Lara pour le PSUV – le Parti socialiste unifié du Venezuela créé en 2007, NdT. -, il a rejoint l’opposition en 2010), et les 988.761 voix pour l’homme d’affaires et chef évangélique Javier Bertucci. Le taux de participation fut de 46,04%.

Déclaration d’Izquierda Revolucionaria (section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Venezuela)

Le cynisme des impérialistes

Immédiatement, les impérialistes américains et européens ainsi que les gouvernements latino-américains de droite ont lancé une campagne hystérique dénonçant ces résultats comme « non valables ». Quel cynisme ! Des éléments tels que Donald Trump, qui lui méprise les droits démocratiques des Noirs, des femmes, des immigrés, des jeunes et des travailleurs et qui préside les Etats-Unis en ayant obtenu 3 millions de voix de moins que son adversaire, se présentent comme des « champions de la démocratie » ! Ou à l’instar de Michel Temer, devenu président du Brésil grâce au coup d’Etat institutionnel de l’impeachment (procédure de destitution de Dilma Rousseff, NdT.). Que dire des bourgeoisies européennes qui, à travers les « gouvernements de l’ombre » que personne n’élit, comme la troïka, et des gouvernements nationaux de plus en plus corrompus et discrédités, attaquent les droits démocratiques et sociaux ? Un bon exemple de la démagogie de cette campagne se retrouve dans les déclarations du président espagnol et leader du PP, Mariano Rajoy, qui a dénoncé de but en blanc « le manque de normes démocratiques au Venezuela ». Venant du leader d’un parti déclaré par les tribunaux comme « organisation criminelle » ! L’homme qui emprisonne aujourd’hui des musiciens, des dirigeants politiques et des activistes sociaux pour leurs idées et qui, le 1er octobre 2017, a envoyé 10.000 policiers réprimer des millions de personnes en Catalogne, faisant plus de 1000 blessés, afin de les empêcher d’exercer leur droit de vote !

Cette campagne médiatique pathétique reflète les problèmes actuels auxquels font face les impérialistes américains et européens – ainsi que les bourgeoisies latino-américaines – pour réussir à ce que leurs marionnettes de la MUD (« Table de l’unité démocratique », NdT., coalition des partis de droite et d’extrême droite) accèdent au gouvernement au Venezuela. Elle montre aussi que, si ces derniers y arrivaient, ils appliqueraient la même répression et les mêmes attaques qu’au Brésil, en Argentine ou au Honduras.

La MUD est sorti très divisée et affaiblie de son échec à boycotter l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) et à prendre le pouvoir violemment en juillet 2017. Les gouvernements impérialistes et les médias à leur service traduisent l’abstention élevée dans les élections présidentielles vénézuéliennes (53,96%) comme un soutien à la MUD. Ceci est destiné à encourager leurs partisans puisque toutes les élections depuis lors ainsi que les mobilisations qu’ils ont organisées ont subi échec après échec, y compris leur manifestation du 17 mai contre la présidentielle du 20 mai. Ils espèrent que cette campagne médiatique, conjuguée à l’effondrement économique et au mécontentement croissant à l’égard de la politique du gouvernement Maduro, permettra de ramener leurs partisans dans la rue.

Bien que la manipulation et les mensonges des impérialistes et de la MUD soient évidents, la forte abstention du 20 mai démontre une chose : face au soutien massif que le gouvernement de Chávez a reçu (grâce aux mesures progressistes et aux réformes sociales qu’il a appliquées pour répondre aux besoins des masses), le gouvernement bureaucratique de Maduro, avec sa politique de gestion du capitalisme, s’alliant avec les factions de la bourgeoisie vénézuélienne, les impérialistes chinois et russes, et en attaquant la gauche révolutionnaire, provoque une grande déception et un profond malaise.

Sur le terrain idéologique, la crise brutale que vit le Venezuela (inflation galopante, pénurie, paralysie de la production) est utilisée par la bourgeoisie du monde entier pour parler « d’échec du socialisme » et ainsi discréditer tout mouvement de masse qui remet en question les ajustements et les privatisations capitalistes. Cependant, la réalité est telle qu’au Venezuela le socialisme n’a pas échoué, puisqu’il n’a tout simplement jamais existé. Les réformes et les mesures sociales appliquées par Chávez lui ont apporté un soutien massif. Cependant, Chávez n’est resté qu’à mi-chemin et n’a jamais pris les mesures nécessaires pour évoluer jusqu’au socialisme. En effet, l’expropriation des banques et des grandes entreprises sous la direction des travailleurs n’a jamais été entreprise. L’Etat bourgeois n’a pas non plus été démantelé et un Etat révolutionnaire dirigé par les travailleurs et le peuple n’a pas émergé.

Le maintien des entreprises entre les mains des capitalistes et le contrôle de l’État par la bureaucratie sont autant d’éléments qui ont amené à ce que même les mesures améliorant initialement les conditions de vie de la population ont disparu ou perdu de leur efficacité. Ces éléments avaient déjà commencé à provoquer une perte de soutien électoral lors des dernières années de Chávez. Après sa mort et le virage brutal à droite que représente le madurisme, nous assistons à un effondrement total de l’économie ainsi que du moral des masses.

Une campagne sans alternatives pour les travailleurs et le peuple

Après une campagne institutionnelle vide, pleine de promesses et de slogans clientélistes, dans laquelle aucun candidat n’a proposé une alternative répondant aux besoins et aux intérêts de la classe ouvrière et du peuple, ou encore des mesures concrètes pour sortir le pays de la crise économique et sociale que nous vivons, les candidats de l’opposition Henry Falcón (qui a soulevé l’idée de la dollarisation des salaires) et Javier Bertucci, qui lui se base sur une image religieuse avec des propositions peu claires, ont certes recueilli le vote d’une partie de la population insatisfaite mais ils ont surtout été reçus avec méfiance par la grande majorité de celle-ci.

Reflétant tout ce que nous avons évoqué ci-dessus à propos de son virage à droite, le gouvernement de Nicolás Maduro a organisé une fin de campagne sur l’Avenue Bolívar à Caracas qui fut le miroir de l’effondrement de son autorité politique devant les masses. Au menu de celle-ci, faible fréquentation et ambiance musicale de boîte de nuit qui ne s’est pas arrêtée un seul instant… même pas pour écouter la prise de parole du candidat. Cela illustre la façon dont la direction maduriste a abandonné non seulement toute référence concrète et sérieuse au socialisme, mais aussi l’héritage chaviste, notamment en clôturant l’événement sans l’hymne national habituel et la diffusion de la voix de Chávez. Maduro a terminé son discours en rappelant pour la énième fois la nécessité d’un « gouvernement de réconciliation et d’unité nationale ». Pour les dirigeants du PSUV, cela signifie maintenir et approfondir l’alliance qu’ils entretiennent déjà dans la pratique avec les branches patronales.

Les résultats des élections parlent d’eux-mêmes d’une manière très concrète. Les rues et les quartiers du pays se sont exprimés par un incomparable silence et une façon inhabituelle de transmettre leur protestation contre les politiques incohérentes que le gouvernement a promues.

Comme mentionné ci-dessus, cette abstention n’exprime pas une hausse du soutien du peuple à l’opposition la plus extrême sur la droite qui a donc décidé de ne pas se présenter à ces élections. De larges segments des bases sociales de l’opposition, formés par la classe moyenne et certaines branches populaires démoralisées, ont tiré des conclusions très critiques envers leurs dirigeants après les guarimbas (manifestations violentes organisées par des bandes fascistes qui sont venues lyncher et brûler les gens soupçonnés d’être chavistes, de gauche ou tout simplement en désaccord avec eux). Ils les voient comme des traîtres qui ont utilisé la lutte pour leurs intérêts économiques. Parmi les nombreuses personnes qui ont voté pour l’opposition dans les législatives de 2015 dans le but d’exprimer leur mécontentement envers le PSUV, ces méthodes ont également suscité le rejet et les craintes quant à la façon dont ils gouverneraient et vis-à-vis des méthodes utilisées par la MUD pour stabiliser le système capitaliste au Venezuela. En plus de tous ces facteurs, provoquent également un profond rejet la faiblesse dont souffre la bourgeoisie en conséquence de la crise du système capitaliste dans le monde entier, la mise en œuvre des politiques néolibérales, les coupes sociales ainsi que les privatisations et l’austérité imposées par l’impérialisme américain et du FMI.

Augmentation du mécontentement social

Sur 10 électeurs potentiels, seulement 3 ont voté pour Maduro. Comparer ces résultats avec les élections présidentielles précédentes comme en 2013, où le gouvernement a obtenu 7.587.579 voix, démontre une perte, en cinq ans, d’au moins deux millions de voix. Comme si nous comparons avec l’année 2012, lorsque Chávez a obtenu 8.191.131 voix. Ce 20 mai, Maduro a obtenu 2.367.404 votes de moins. De plus, l’écrasante majorité de ceux qui le soutenaient ne l’ont pas fait avec enthousiasme ou confiance mais plutôt avec l’idée d’opter pour le moindre mal (comme ce fut le cas lors des élections remportées en 2013 contre Capriles et, bien sûr, dans les victoires de Chávez).

Lors des élections à l’Assemblée Nationale Constituante, en juillet 2017, il y avait une participation de 8.089.320 personnes, seulement des militants chavistes. Si on la compare avec ces deux dernières élections des gouverneurs et présidentielles, cela montre que l’espoir du peuple a de nouveau chuté, avec un recul drastique, et renforce l’expression du rejet des politiques gouvernementales, comme on l’a clairement vu dans les élections l’Assemblée Nationale de l’année 2015.

Jusqu’ici, Maduro et son gouvernement ont manœuvré en s’appuyant sur l’incapacité des dirigeants de la MUD à capitaliser sur le mécontentement social et sur la gestion des politiques clientélistes dont le seul objectif est de pérenniser le contrôle de l’Etat par la bureaucratie, isoler la gauche critique et négocier leur continuité au pouvoir avec les factions de l’impérialisme et de la bourgeoisie.

Il est pathétique de voir les dirigeants du PSUV affichés victorieux avec 68% de soutien électoral, chiffre qui traduit simplement la différence obtenue dans les votes contre les candidats de l’opposition. Ce faisant, ils dissimulent la réalité en arrière-plan : la participation de 46,02% des électeurs. Cela montre que nous n’avons pas été en mesure d’atteindre les objectifs fixés de 10 millions de voix, une victoire décisive qui aurait démontré à l’impérialisme le soutien populaire. Ils n’ont même pas réussi à obtenir au moins 50%, ou que les militant votent majoritairement pour le nouveau parti qu’a formé la bureaucratie afin de laver son visage : « Somos Venezuela » (« Nous sommes le Venezuela », NdT.). Tout cela provoque un certain tracas dissimulé par la direction du gouvernement, qui a célébré la victoire dans une ambiance de soutien totalement pyrrhique.

Cette situation grave que connaît le Venezuela est un grand danger pour la classe ouvrière et le peuple, car les puissances économiques étrangères et la bourgeoisie nationale sont bien conscientes que les sanctions économiques imposées ont produit des effets néfastes et que les exacerber pourraient provoquer le chaos social.

Le programme du PSUV : faux discours socialiste pour stabiliser le capitalisme

Quelques heures avant l’annonce des résultats du CNE, Falcón et Bertucci ont refusé de reconnaître le résultat et ont déjà appelé, en tant que MUD, à augmenter les sanctions internationales et la pression dans la rue dans le cadre d’une nouvelle offensive. Ni la droite la plus extrême ni celle « conciliante » ne semblent vouloir accepter les résultats du 20 mai. Du moins pour le moment.

Pour sa part, Nicolás Maduro, dans son discours lors de la soirée électorale, réaffirmait les actions politiques de la campagne, manifestant pour laisser derrière lui l’image et les idées de Chávez, en maintenant l’appel permanent à une large réconciliation de tous les secteurs et surtout les chefs d’entreprise et la droite. Il a également continué à jurer de mettre fin à la guerre économique et a pratiquement appelé le peuple à être patient puisque les résultats ne seront pas visibles immédiatement.

Le gouvernement de Maduro montre de plus en plus clairement qu’il cherche la stabilisation d’un modèle capitaliste basé sur un secteur étatique fort contrôlé par la bureaucratie elle-même (et en particulier par les hauts gradés de l’armée, dont le poids dans le gouvernement et la prise de décision n’a fait qu’augmenter). Parallèlement, il tente de consolider un régime politique qui, face à l’érosion croissante de son soutien populaire, recourt de plus en plus à des mesures bonapartistes, y compris la persécution et l’attaque contre les factions critiques du chavisme, dont la gauche révolutionnaire.

Les résultats du gouvernement sont pour l’instant maintenus par des actions clientélistes manipulatrices (bonus d’aide, CLAP – sacs de nourriture vendus par l’Etat à des prix plus bas, etc.) et l’utilisation de produits importés, avec lesquels ils ont l’intention de maintenir une base sociale de soutien. Mais ces politiques clientélistes et bureaucratiques ne suffisent pas à contenir le désastre économique ni l’augmentation de la déception et du mécontentement parmi les masses.

Un autre facteur qui a aidé le gouvernement est l’absence d’alternative de masse de gauche clairement différenciée de la bureaucratie du PSUV et munie d’un programme, d’un discours et d’une action clairement anti-bureaucratique et anticapitaliste. Le malaise vis-à-vis de Maduro et de la bureaucratie du PSUV a été exprimé à travers l’émergence de voix et mouvements critiques au sein du chavisme. Lors des élections à l’ANC et aux municipales, de nombreuses candidatures critiques sont apparues. Certaines de ces factions (comme celles qui ont soutenu l’ancien ministre du Commerce et de l’Alimentation et candidat alternatif au PSUV pour le bureau du maire de Caracas, Eduardo Samán, ainsi que d’autres) essaient de se regrouper et s’expriment à travers des figures telles que celle de Patria Rebelde et d’autres. Mais l’expérience de l’année dernière montre qu’il est nécessaire de dénoncer de manière déterminée les politiques de la bureaucratie et aussi d’énoncer clairement la nécessité de construire une alternative révolutionnaire basée sur les secteurs les plus combatifs et conscients de la classe ouvrière et de la jeunesse, sous contrôle et direction des travailleurs eux-mêmes et doté d’un plan d’action qui permette de toucher l’ensemble du peuple.

L’extrême droite et l’impérialisme n’arrêteront pas l’offensive

La droite cherche à rééditer la mobilisation de sa base à travers l’organisation du soi-disant « Front large ». Ils attaquent dans certaines régions et font appel à la « société civile » comme force motrice des manifestations, diminuant le rôle joué par les partis politiques discrédités de la MUD et ajoutant toutes sortes de forces. Nous avons même vu l’appel lancé aux candidats perdants. Ce ne sera pas facile mais il ne sera pas non plus impossible pour l’opposition de retrouver sa capacité à mobiliser dans la rue. La politique néfaste du gouvernement crée des conditions en faveur d’une telle possibilité.

Le « Front large » est en train de mener un processus d’auto-réflexion en développant des congrès nationaux dans les secteurs de la jeunesse, des femmes et des travailleurs. Tout cela combiné avec l’activisme social pour que l’organisation s’identifie à la société. La vérité est qu’ils sont exhortés à répondre et à présenter une proposition qui sert à déguiser leurs véritables objectifs, à convaincre leurs bases sociales, et qui leur permette d’atteindre même les secteurs mécontents qui les regardent aujourd’hui avec le mépris.

Il est évident que les actions du « Front large » seront combinées avec une intervention étrangère qui se poursuivra par d’autres moyens, comme l’ignorance des élections en fut une illustration. Bien sûr, les agressions économiques, les pressions politiques et les attaques médiatiques vont croître. Il n’y aura pas de paix avec la misère. Nous pouvons voir cela dans les pressions et les actions que les multinationales ont entamées contre les ressources énergétiques et minières du pays ces dernières semaines. La compagnie pétrolière américaine ConocoPhillips entreprend la prise d’actifs de PDVSA (la compagnie pétrolière appartenant à l’État vénézuélien, NdT.) dans les Caraïbes. PDVSA est également la cible d’une nouvelle poursuite à New York se chiffrant à plus de 25 millions de dollars faisant suite au défaut présumé de dettes envers l’entrepreneur en énergie canadien SNC-Lavalin. Une autre entreprise canadienne, la minière Rusoro, a également intenté une poursuite devant les tribunaux de Calgary et Houston pour tenter de collecter 1.340 millions de dollars pour l’expropriation de ses mines d’or au Venezuela. Les détenteurs de la dette se sont également ajoutés aux pressions. Le gouvernement garde un profond silence, il semble négocier.

L’objectif est l’étouffement économique de l’État vénézuélien, qui affectera sans aucun doute la population, exacerbera les difficultés du gouvernement à obtenir des devises étrangères, générant plus de crises pour l’achat et l’importation de produits, de nourriture, de médicaments, les pièces de rechange pour soutenir les entreprises publiques, les services et les besoins de la population.

Pour la construction d’Izquierda Revolucionaria. Luttons contre les capitalistes et contre la bureaucratie : tout pouvoir politique et économique doit passer entre les mains des travailleurs et du peuple !

La classe ouvrière et le peuple vénézuélien subissent la pire agression capitaliste et bureaucratique qu’ils aient jamais connue. Le gouvernement est déjà incapable de contrôler le coût élevé de la nourriture, la pénurie, ou de garantir la livraison des sacs CLAP, des faillites bancaires dues à l’absence de tickets, ou des cas comme ce qui s’est passé à la Banque du Venezuela (appartenant à l’Etat), qui a gardé les employés de l’administration publique en gelant et paralysant leurs salaires. La banque électronique perd même son efficacité puisque l’internet et les lignes téléphoniques présentent constamment des pannes, soi-disant dues à des « vols de câbles ». A cela s’ajoutent les défauts du système électrique. Les travailleurs de CANTV (une des premières entreprises de service téléphonique au Venezuela, NdT.) et de Corpoelec (société vénézuélienne complètement intégrée au pouvoir d’État, NdT.) signalent tous deux des problèmes de maintien et de démissions du personnel, des pertes de transport dues à la détérioration et à d’autres calamités infinies qui nous font penser que nous avons fait un pas de 60 ans en arrière. Cet effondrement économique s’étend à la compagnie PDVSA elle-même qui, malgré l’augmentation des prix du pétrole, a de plus en plus de mal à augmenter sa production en raison de la détérioration des machines et des installations résultant du désinvestissement, du vol et de la mise à sac par la bureaucratie elle-même.

La situation est grave et l’augmentation des manifestations peut mener à une révolte populaire qui, si elle se déroulait sans une direction révolutionnaire consciente, pourrait faire tomber le pouvoir entre les mains de l’extrême-droite ou des officiers de l’armée qui, même s’ils utilisaient de prime abord un discours bolivarien, ne feraient qu’accélérer et intensifier ces tendances capitalistes, répressives et bureaucratiques qui ont déjà cours.

La tâche la plus importante et immédiate pour tous les révolutionnaires, ouvriers et militants populaires et activistes sociaux est de construire une alternative qui unifie les secteurs les plus à gauche de la jeunesse et de la classe ouvrière, du chavisme critique et de la gauche, pour débattre d’un programme et d’un plan d’urgence. Ce plan doit défendre les intérêts et les revendications de la classe ouvrière à la fois contre la politique capitaliste de la droite liée à l’impérialisme américain et contre la bureaucratie qui tente de consolider un modèle bonapartiste et capitaliste entre les régimes capitalistes et impérialistes à l’instar de la Chine et la Russie.

En travaillant au sein d’Izquierda Revolucionaria, nous estimons que nous devons nous battre pour réaliser la passation de l’entièreté du pouvoir politique et économique entre les mains des travailleurs et du peuple afin de mettre fin à cette crise, dans le cadre d’une proposition de programme comme suit :

1. Gestion directe par les travailleurs eux-mêmes de la production dans toutes les entreprises publiques et privées, afin de lutter pour parvenir au gel des prix, à la souveraineté alimentaire, et pour satisfaire tous les besoins du peuple contre le sabotage des capitalistes et la corruption de la bureaucratie ;

2. Augmentation des salaires au-dessus de l’inflation. Discussion et application des conventions collectives. Incorporation de tous les salariés externalisés à la masse salariale fixe, en commençant par exemple dans les institutions de l’Etat (enseignants, employés, travailleurs, etc.). Réintégration immédiate de tous les militants ouvriers révolutionnaires licenciés par les employeurs et les bureaucrates. L’assurance chômage pour les chômeurs ;

3. Confiscation et nationalisation des entreprises fermées et sous-utilisées, de domaines vacants, avec convocation de travailleurs, de paysans et d’étudiants pour leur prise et occupation immédiates, développant l’autogestion libre et démocratique de toutes les entreprises qui sabotent l’économie ou attaquent les travailleurs ainsi que le processus révolutionnaire ;

4. Création d’une entreprise publique nationale qui assume le monopole du commerce extérieur (achat direct de matières premières et besoins des entreprises). Administration sous le contrôle des travailleurs, des agriculteurs, des étudiants et des communautés pour lutter contre la spéculation, l’inflation, la corruption et garantir la pleine souveraineté alimentaire ;

5. Nationalisation sous le contrôle immédiat des travailleurs de la banque, de la terre et de l’industrie pour planifier démocratiquement l’ensemble de l’économie au profit du peuple pauvre et pour satisfaire les besoins sociaux ;

6. Création d’un système national de santé publique, universel et gratuit, garantissant des soins de qualité. Confiscation des cliniques privées, pour les mettre sous le contrôle des ouvriers, des étudiants et des communes organisées pour assurer le service à tous les travailleurs vénézuéliens et les pauvres sans aucune distinction ;

7. Création d’une Société Nationale pour la Construction d’Infrastructures, de Logements, d’Universités, etc., dirigée sous le contrôle des ouvriers, des étudiants et des communes, qui entreprenne un plan annuel de création de 500.000 logements qui permette de terminer en trois ans le déficit de logements ainsi que toutes les villes universitaires.

8. Plus de paiements de la dette extérieure ! Les impérialistes nous imposent, à travers leurs grandes banques et organisations financières, des sanctions qui soumettent le peuple à payer de sa misère leur accumulation de richesse ;

9. Création d’un État socialiste dirigé par les conseils ouvriers, les conseils paysans, les conseils étudiants, la structure locale, régionale et nationale avec des porte-parole à chaque niveau de la structure d’éligibilité et leur révocabilité à tout moment par des assemblées de travailleurs ou la communauté de leur secteur, qui doivent répondre aux populations de leur gestion administrative tous les six mois, et qui auront un salaire au plus égal à celui d’un ouvrier qualifié, pour en finir une fois pour toutes avec une bureaucratie corrompue.

Pour la construction d’une alternative authentique pour les travailleurs et le peuple qui se battent pour ce programme ! Rejoignez Izquierda Revolucionaria, section du Comité pour une Internationale des Travailleurs (CIO/CWI) au Venezuela !

Ni bureaucratie, ni bourgeoisie !

Tout le pouvoir à la classe ouvrière !

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