#RepealedThe8th Irlande. Une victoire historique pour le progrès social !


Déclaration des députés irlandais de Solidarity et membres du Socialist Party Ruth Coppinger, Paul Murphy et Mick Barry.

Le référendum irlandais du 25 mai a livré un résultat sans appel : une large majorité a voté en faveur de la levée de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement, comme le prévoit le 8e amendement à la Constitution. Après une campagne féroce, dans laquelle les opposants au droit à l’avortement se sont tournés vers le mensonge et l’intimidation, l’emprise de l’establishment conservateur et religieux sur la population irlandaise s’est avérée plus limitée que prévu. Dans la campagne du Oui, les activistes de la campagne féministe socialiste ROSA, de Solidarity (l’alliance électorale plus large à laquelle participe le Socialist Party) et des parlementaires comme Ruth Coppinger ont joué un rôle majeur. Voici la réaction immédiate des trois députés de Solidarity (Ruth Coppinger, Paul Murphy et Mick Barry).

La claire et splendide victoire du ‘‘oui’’ dans ce référendum représente un tremblement de terre politique et un tournant pour l’Irlande. C’est une grande victoire, en particulier pour les femmes d’Irlande, qui se sont débarrassées de l’oppression du 8e amendement après 35 ans. Aucun retard ne peut désormais être justifié. Rien n’empêche le Dail (parlement) d’adopter rapidement une loi pour donner effet aux propositions du Comité de l’Oireachtas (la commission parlementaire). Plus personne ne doit souffrir.

Cet événement fait partie d’une révolte mondiale féministe et LGBTQI contre une discrimination de longue date. Cette victoire est un énorme coup de pouce pour tous ceux qui luttent contre l’oppression et pour l’égalité réelle à travers le monde. C’est tout particulièrement le cas pour les femmes d’Amérique latine, qui meurent littéralement faute de disposer du droit à l’avortement, qui voient leur lutte renforcée par ce résultat.

Mettre fin à l’hypocrisie

C’est aussi une victoire livrée principalement par la jeunesse, une génération souvent dénigrée comme étant la « génération snowflakes » (terme péjoratif qui vise à catégoriser les jeunes comme étant plus facilement offensés que par le passé, NDT). Ce sont eux qui ont dit qu’il y en avait assez et qui ont fait de cette question un thème crucial, en particulier après la mort tragique et inutile de Savita Halappanavar (décédée en 2013 des suites de complication de sa grossesse et à qui un avortement avait été refusé, NDT). Ce sont les jeunes femmes qui ont refusé d’accepter l’hypocrisie de la « solution irlandaise à un problème irlandais » et ont exigé et organisé ce changement contre un establishment politique pétrifié et réticent.

Il faut aussi dire haut et fort qu’une fois de plus, comme ce fut le cas avec le mouvement contre la taxe sur l’eau et le référendum sur le mariage égalitaire, la classe ouvrière a véritablement été la ‘‘fondation sûre’’, comme le disait James Connolly, de cet énorme changement social. En raison de l’expérience vécue, le sens de la solidarité est inné dans la classe ouvrière. C’est la force qui fait avancer les choses dans ce pays, comme on l’a vu pendant la campagne et comme le démontre l’ampleur des votes dans les communautés ouvrières.

Un mouvement de base

Une vaste campagne officielle du ‘‘Oui’’ a eu lieu, puis un mouvement populaire indépendant s’est développé au cours des dernières années, des derniers mois et des dernières semaines. C’est ce mouvement qui a fait la différence décisive, notamment en répondant à l’alarmisme et aux mensonges scandaleux du camp du ‘‘non’’.

Cette victoire a également été encadrée dans une large mesure au cours des dernières années par ceux qui ont été les plus ardents partisans du droit au choix, les anticapitalistes socialistes et les activistes de gauche. Jusqu’à tout récemment, le groupe parlementaire Solidarity – People Before Profit était la seule entité politique du parlement à lutter en faveur du droit à l’avortement, avec une position clairement pro-choix.

Il existe une grande différence entre ceux qui ont voté ‘‘non’’ et les organisateurs de la campagne du ‘‘non’’. La campagne ‘‘du non’’ a donné un aperçu effrayant du type d’Irlande dans laquelle la droite religieuse voudrait que nous vivions tous. Sombrant dans la misogynie, la campagne du ‘‘non’’ a diffamé femmes et les a dépeintes comme des tueuses égoïstes et des meurtrières. Ils ont blâmé les femmes du début à la fin, c’est totalement inacceptable.

Les idées rétrogrades ont été rejetées

Nombreuses ont été celles qui se sont senties plus vulnérables et moins en sécurité au fur et à mesure que leur rhétorique s’intensifiait. Mais leurs idées rétrogrades ont clairement été rejetées lors de ce référendum. Le fait que la majorité des représentants publics du parti Fianna Fáil a participé à cette campagne ne doit pas et ne sera pas oublié par la population.

Ce référendum a des implications pour l’Irlande du Nord, où les femmes et les jeunes n’accepteront pas d’être laissés pour compte. Les militants de la campagne du Socialist party ROSA y lancent une campagne majeure pour revendiquer le droit à l’avortement, en commençant par un Bus4Choice qui voyagera dans tout le Nord la semaine prochaine avec des pilules abortives.

Ce vote retentissant doit conduire à l’adoption rapide de la législation et au développement des services de santé nécessaires pour permettre d’avorter jusqu’à 12 semaines sur demande et pour raisons de santé. Le projet de loi de Solidarity sur l’éducation sexuelle doit être adopté. La contraception gratuite doit maintenant être fournie dans les services de santé et promue dans la société.

Pour que cela se produise, l’establishment politique doit être maintenu sous pression par le mouvement populaire. Rappelez-vous que nous avons dû attendre plus de cinq ans après la mort de Savita avant d’avoir enfin un référendum ! Cela ne doit pas se reproduire.

Les jeunes ont été la dynamique clé de voûte de cette victoire contre l’oppression et pour le contrôle de leur propre corps. Il ne s’agit pas de savoir si, mais quand, ils agiront contre un système éducatif de plus en plus oppressif ; sur le fait qu’ils ne peuvent obtenir d’emplois avec un salaire et des conditions décentes ; qu’ils n’ont pas les moyens de louer ou d’acheter un logement décent.

Construire une gauche socialiste

Le premier ministre Leo Varadkar pourrait bénéficier de ce résultat, ayant sauté à la dernière minute du bon côté de l’Histoire. Mais lui, le Fine Gael et les autres partis qui défendent et mettent en œuvre des politiques capitalistes seront confrontés à la force du séisme de la jeunesse qui arrive parce qu’ils n’ont pas de solutions à offrir face à ces questions brûlantes. Ils ne peuvent pas satisfaire le désir profond de justice et d’égalité qui pousse de manière décisive les jeunes générations vers la gauche et les idées socialistes dans de nombreux pays comme l’Amérique, la Grande-Bretagne et l’Espagne et, après le vote d’hier, en Irlande aussi.

En tant que députés de Solidarity et membres de longue date du Socialist Party, nous disposons d’une longue expérience sur ces questions et sur la lutte pour le droit de choisir. Nous sommes fiers d’avoir fait partie de la campagne Time4Choice de ROSA qui a donné une réelle longueur d’avance au camp du ‘‘oui’’ et a facilité le développement du mouvement populaire. Ce mouvement et ROSA ne vont pas disparaître et vont viser à devenir une force féministe socialiste majeure en lutte pour une transformation radicale de ce pays.

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