Opération  »caddies vides » des pensionnés à Namur

A l’appel de la FGTB, une centaine de pensionnés ont manifesté hier matin aux portes du gouvernement wallon, à Namur, afin d’y protester contre les pensions extrêmement basses qui ont cours en Belgique et contre les menaces qui pèsent sur les fins de carrière. En moyenne, un salarié pensionné reçoit en Belgique 976,13 euros par mois et, pour un indépendant, il s’agit de 767,91 euros, dénonce la FGTB. Comment remplir son caddie avec des pensions pareilles ?

Photo ci-contre: manifestation du 15 septembre 2010 pour la défense des fins de carrière à l’occasion du sommet européen des ministres des Affaires sociales

Une centaine de militants environ se sont donc rassemblés ce mercredi. Parmi eux, des pensionnés, des pré-pensionnés, mais aussi des militants Jeunes-FGTB venus exprimer leur solidarité et leur inquiétude, partagée avec celle de leurs aînés, concernant l’avenir des fins de carrière. La situation des pensions en Belgique n’est déjà pas fort glorieuse – on le sait – et les choses risquent d’être pires encore dans un futur très proche. Tous ensemble, ils demandaient donc une revalorisation des pensions dans le cadre des négociations concernant le volet socio-économique, car la FGTB craint – à juste titre – que la situation des pensionnés n’empire encore. D’après l’enquête EU-Silc 2007 (portant sur les revenus 2006), 23 % des Belges de plus de 65 ans vivent sous le seuil de pauvreté, et disposent donc d’un revenu inférieur à 893€ par mois.

Comment faire pour trouver l’argent ? A cette question, la FGTB-wallonne propose d’aller chercher l’argent dans les poches des riches. Le président de la FGTB-wallonne Thierry Bodson expliquait ainsi au micro de la RTBF:  »En réinstaurant une fiscalité un peu plus progressive, par exemple une tranche de 55% pour les salaires supérieurs à 8.000 euros, on va rechercher 250 à 300 millions d’euros. »

Il a aussi expliqué à la presse "Lundi, le socio-économique devrait être abordé à la table des négociations gouvernementales. Et la note du formateur fait plusieurs attaques frontales aux pensions qu’on ne peut pas accepter. Tout d’abord, il y a la déstructuration du système des pensions. Ensuite, les périodes assimilées (chômage, prépension, maladie) risquent d’être remises en cause pendant le calcul des pensions. Enfin, on repousse l’âge de la pension de façon pernicieuse, en attribuant des bonus par année supplémentaire (…) Dans la note, il est aussi question de raboter l’enveloppe permettant la liaison ‘allocations sociales – bien-être’ et donc, de passer d’une enveloppe de 400 millions d’euros à 240 millions. Avec cette somme, nous ne pouvons atteindre nos objectifs."

Voilà, dans les grandes lignes, la teneur d’une lettre de protestation remise au secrétaire d’État à la lutte contre la pauvreté Jean-Marc Delizée et à la ministre wallonne de l’Action Sociale Eliane Tillieux, tous deux membres du PS. Ces derniers ont affirmé en cœur qu’ils défendraient les pensionnés et les pré-pensionnés lors des futures négociations sur le socio-économique. On se rappelle pourtant que le PS était lui aussi derrière le tristement célèbre  »Pacte de solidarité entre les générations » qui avait attaqué les fins de carrière en 2005 et avait déclenché les deux premières journées de grève générale en Belgique depuis 1993 et les luttes contre le Plan Global. D’autre part, le ministre des pensions Michel Daerden, lui aussi membre du PS, avait prévenu qu’il était  »nécessaire » de s’en prendre aux fins de carrière dans son  »livre vert » sur les pensions. Dans celui-ci, le ministre parlait de  »reporter l’âge effectif de la retraite de trois ans » en  »décourageant les mécanismes de départ anticipé à la retraite ». Il est dès lors bien difficile d’accorder le moindre crédit aux déclarations de Jean-Marc Delizée et d’Elianne Tillieux…

La FGTB redoute l’austérité, et elle a bien raison. Il faut espérer que cette action des pensionnés n’est que le premier pas vers un plan d’action offensif destiné à repousser toute attaque contre notre niveau de vie et toute tentative de nous faire payer la crise. Ce ne sera toutefois pas suffisant.

Tout comme la discussion avait été largement lancée en 2005, il faudra aussi sérieusement réfléchir au prolongement politique des revendications syndicales. Peut-on encore sérieusement croire que le PS se placera du côté des travailleurs ? Nous ne le pensons pas, et trouvons qu’il est dangereux d’entretenir la moindre illusion à ce sujet. Ce sentiment est d’ailleurs largement partagé. Mais, en l’absence d’une alternative de gauche combative, le PS pourra toujours jouer la carte du  »moindre mal ». La meilleure manière de riposter contre cet ‘argument’ est d’aborder la question de la construction d’un nouveau parti des travailleurs, d’une nouvelle force politique large et démocratique qui sera l’instrument politique de la base syndicale.

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