Trop c’est trop ! Il faut affronter cette culture misogyne mondiale !

L’article 40.3.3 de la Constitution irlandaise (le 8e amendement) garantit le droit à la vie de l’enfant à naître, ce qui interdit le droit à l’avortement à moins que la vie de la mère ne soit gravement menacée. C’est la loi la plus stricte d’Europe. 35 ans après que ce changement de constitution a été co-écrit par un archevêque et ensuite envoyé au Pape pour approbation, la lutte pour libérer l’Irlande de son oppression catholique est en cours.

Par Laura Feeney

Un référendum historique

Un référendum a été convoqué pour le 25 mai afin d’abroger ce 8e amendement, mais il aura fallu une longue lutte pour que le sujet soit discuté au Parlement. C’est la pression de la rue qui en est responsable, en grande partie organisée par l’organisation socialiste-féministe ROSA. En Irlande, la campagne ROSA (for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity) a été créée après le décès de Savita Halappanavar, morte à la suite de complications liées à sa grossesse et à l’incapacité du médecin à l’opérer en raison du 8e amendement.

En réponse à ce flot continu d’injustices horribles, une Assemblée citoyenne a voté en faveur de l’abrogation du 8e amendement et pour un accès non restrictif à l’avortement jusqu’à 12 semaines. Ces recommandations étaient beaucoup plus radicales que celles des politiciens traditionnels. Une commission parlementaire a été mise sur pied tandis que les actions de ROSA et de la députée Ruth Coppinger (élue de Solidarity et membre du Socialist Party) ont souligné quelle était l’utilisation de pilules abortives illégales en Irlande. Cela a eu un impact significatif. Il est évident que l’avortement est déjà pratiqué en Irlande, sa légalisation en rendrait la pratique plus sûre. Les tensions sont vives avant la tenue du référendum qui survient dans un contexte où d’autres développements majeurs sont en cours sur le terrain de la lutte contre le sexisme et de radicalisation, particulièrement parmi les jeunes Irlandaises.

‘We stand with her’

En Irlande du Nord, un procès très médiatisé impliquant une jeune femme de dix-neuf ans face à des joueurs de rugby professionnels a récemment attiré l’attention sur le combat à mener plus largement contre l’oppression sexiste. Ce procès était des plus pénibles pour les victimes d’agressions sexuelles. La jeune femme a été interrogée beaucoup plus longuement que les accusés, le jury a fait circuler ses sous-vêtements et une ancienne députée a déclaré qu’une fille de la classe moyenne ne se serait jamais retrouvée dans une telle situation. Lorsque le verdict a été annoncé, non coupable, la colère fut générale. Des rassemblements ont immédiatement eu lieu avec le hashtag #IBelieveHer (je la crois). Deux jours plus tard, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Dublin et devant le palais de justice de Belfast. Une pétition en ligne réclamant la tenue d’une enquête sur le comportement des joueurs a recueilli 65.000 signatures. L’Irish Rugby Union et l’Ulster Rugby ont dû annoncer que les contrats des deux joueurs, Paddy Jackson et Stuart Olding, étaient révoqués. 30.000 euros ont été récoltés pour le Dublin Rape Crisis Centre dans les deux jours qui ont suivi l’annonce du verdict.

Les actions ont été absolument monumentales sur l’ensemble de l’île. Elles s’inscrivent dans un sentiment global. En Pologne, les femmes sont également choquées par l’éthique catholique réactionnaire et se battent pour changer leur loi archaïque sur l’avortement. Lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, une ‘‘grève féministe’’ a été déclenchée en Espagne et pas moins de 5,3 millions de personnes sont descendues dans la rue pour lutter contre les abus sexuels et l’écart salarial ! En Irlande, durant les manifestations, de nombreuses pancartes reprenaient une citation de la militante Angela Davis : “Je n’accepte plus les choses que je ne peux pas changer. Je change les choses que je ne peux pas accepter.’’ ‘‘Trop, c’est trop !’’ est devenu un cri de ralliement. Ces femmes ne recherchent pas des réformes ou des solutions rapides et bâclées.

‘‘Je ne vais pas me rendre à la police. Je ne vais pas affronter l’Ulster Rugby.’’ C’est le message effrayant que la jeune victime a envoyé à son amie au lendemain de son agression. Les femmes savent que le système n’est pas à leurs côtés, mais contre elles. Ces hommes puissants n’allaient jamais être réprimandés dans une culture qui considère tout cela comme du ‘‘discours de vestiaire’’. Nous devons lutter contre ce système d’exploitation qui protège les plus puissants plutôt que les plus vulnérables. La ‘‘culture machiste’’ est ancrée à tous les niveaux de la société capitaliste : y compris les forces de police, les tribunaux et l’État. Nous savons que ces institutions ne sont pas là pour la démocratie ou l’égalité, ce sont des outils pour réprimer la révolte de la classe ouvrière. Les mesures qui ont été prises en réponse à cette situation devraient déclencher un feu dans le ventre de chacun. Le changement est imminent et nous n’attendrons plus. Trop, c’est trop.

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