Terrorisme d’extrême-droite contre les femmes à Toronto

Commémoration des victimes de Toronto. Photo : Wikipedia

Curieusement, le terme de ‘‘terrorisme’’ n’a pas été utilisé après le terrible attentat perpétré en fourgonnette à Toronto. L’auteur, un homme blanc, a délibérément foncé sur des piétons, a tué dix personnes et en a blessées quinze. Le terroriste fait partie d’une communauté en ligne extrêmement misogyne qui s’appelle les Incels (pour ‘‘célibataires involontaires’’). Cet acte terroriste sera-t-il dilué derrière des problèmes mentaux ou reconnaîtra-t-on le réel danger que représente l’extrême droite ?

Par Sander (Termonde)

Parmi l’Alt-right, il se dit que la jeune génération d’hommes blancs serait la ‘‘victime ultime’’ de la prétendue ‘‘société du politiquement correct’’. Le racisme et le sexisme sont profondément enracinés dans ce système capitaliste. Ce sont des outils bien pratiques pour semer la discorde et monter les gens les uns contre les autres. C’est tout au bénéfice de l’infime minorité au sommet de la société que représente l’establishment capitaliste. La résistance antiraciste et féministe est tout sauf ‘‘politiquement correcte’’ dans un système où les idées dominantes sont toujours celles de la classe dirigeante.

Les Incels sont des hommes principalement blancs, issus de la classe moyenne, qui se sentent aliénés de la société. Leur haine à cet égard est essentiellement, mais pas exclusivement, dirigée contre les femmes. Selon eux, la révolution sexuelle a fait en sorte que les hommes ne sont plus le principal soutien de famille et ne sont plus ‘‘propriétaires’’ des femmes. Ce n’est pas un hasard si de telles idées apparaissent dans les cercles où les l’extrême droite est également présente.

Les Incels sont apparus pour la première fois sur Reddit. En raison de leur misogynie, de leur racisme et de leur glorification d’Elliot Rodger (l’auteur de la tuerie d’Isla Vista, en 2014, également motivée par la haine des femmes et où 6 personnes sont mortes), cette communauté a été bannie et elle est apparue sur d’autres forums et même sur leur propre site Web. Ce groupe défend les insultes contre les femmes, justifie le viol, incite au viol et à la pédophilie comme formes de domination, revendique l’instauration de bordels d’État où les femmes seraient condamnées à l’esclavage sexuel. Ainsi, l’homme ‘‘retrouverait’’ sa place ‘‘légitime’’ en enchaînant la femme au foyer, à la cuisine et au lit.

Ce n’est là qu’une des expressions de la ‘‘manosphère’’ sur Internet. Les MGTOW (acronyme signifiant Men Going Their Own Way, ou les hommes suivant leur propre voie en français) font eux aussi partie de ce camp de la haine et rejettent la responsabilité des problèmes économiques et sociaux sur les femmes et ‘‘choisissent’’ de suivre un style de vie misogyne. D’autres courants considèrent que ce qui ne fonctionne pas aujourd’hui n’a rien à voir avec le système, mais avec les victimes de celui-ci (les allocataires sociaux, les mères célibataires, etc.). Ces groupes ont en commun de rêver de l’arrivée d’une société où les femmes n’auraient aucun droit.

La classe dominante, les capitalistes, nous entraîne dans une spirale infernale reposant sur la compétition extrême entre des individus qui n’ont rien à y gagner. Et pendant que nous sommes joués les uns contre les autres pour quelques miettes, l’establishment capitaliste peut continuer à s’enrichir. Si le mouvement des travailleurs ne parvient pas à unifier les victimes de l’exploitation capitaliste dans un combat sérieux contre ce système, les tendances réactionnaires profiteront du vide. Ces courants ont beau prétendre s’opposer à l’establishment, leur idéologie participe pleinement à la stratégie de diviser pour régner chère à l’élite.

A cette division, nous opposons l’unité des victimes de ce système pour le renverser en faveur d’une société où chacun pourra trouver sa place, indépendamment de son origine, de son genre ou de son orientation sexuelle.

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