Pakistan : Inondations du Sindh : un témoin raconte

Des centaines de milliers de personnes déplacées alors que l’inondation empire.

Les violentes pluies de la mousson ont continué à s’abattre sur la plus grand partie de la province de Sindh, et ont causé des ravages dans les districts de Badin, de Mirpurkhas et de bien d’autres encore, laissant derrière elles une trentaine de morts et un grand nombre de blessés dus à des éboulements et à divers incidents liés à la pluie. Des centaines de villages ont été submergés par les flots, qui ont anéanti la récolte ainsi que des milliers d’acres de terre agricole.

Hameed Channa (membre de la Fédération Progressive des travailleurs du Pakistan et du Mouvement Socialiste du Pakistan, section pakistanaise du CIO).

A la fin de la saison des moussons, de nouvelles inondations massives ont frappé le Pakistan. Dans la province de Sindh, dix millions de personnes ont été directement et indirectement touchées. Près d’un million de bovins ont été tués. Des villages entiers sont anéantis, toutes les cultures (la province est le grenier de la région) ont été détruites. L’eau conduit aussi à des maladies de peau, et environ 7000 personnes ont dû être traitées en raison de morsures de serpents venimeux.

Le ‘Progressive Workers Federation of Pakistan’ (PWFP), une fédération syndicale dans laquelle les marxistes du Mouvement Socialiste du Pakistan (SMP) jouent un rôle de premier plan, a mis en place deux camps de réfugiés à Mirpur Khas. Dans cette région 275.000 personnes ont dû quitter leurs maisons, plus de 200.000 maisons ont été sérieusement endommagées. Le PWFP organise des camps de réfugiés pour près de 200 syndicalistes, socialistes et leurs familles. Ils y fournissent des médicaments, de la nourriture et l’hébergement sur base de la solidarité des syndicalistes dans le reste du pays et par des dons internationaux. L’aide est contrôlée démocratiquement. Les besoins sont grands, d’autant que les autorités ne parviennent pas à fournir une aide suffisante.

Nous voulons soutenir les militants syndicalistes dans la région touchée. Il est nécessaire qu’ils soient en mesure de transformer le mécontentement et le désespoir en opposition active contre le régime et contre le capitalisme. Pour les soutenir et pour soulager les besoins immédiats, nous appelons à une contribution financière. Faites une contribution sur le numéro de compte 001-2260393-78 du PSL en mentionnant “Pakistan”. Nous assurons que votre contribution arrivera de manière intégrale au Pakistan.

En apparence, c’est un peu comme si le problème se limitait à la mousson elle-même, en tant que phénomène que personne ne peut contrôler. Mais, en réalité, le problème vient des erreurs et des omissions au niveau de l’évacuation de la bande gauche de l’embouchure, erreurs et omissions qui ont joué un rôle clé dans cette destruction.

Le projet d’évacuation de la bande gauche de l’embouchure (LBDO) a été porté, entre autres, par la banque mondiale dans le souci d’améliorer le système d’irrigation du Sindh et de diminuer la salinité de son sol.

Mais le LBOD a provoqué des dégâts irréparables en termes de perte, au niveau de l’agriculture, de l’environnement et du gagne-pain des gens. Il a causé le déplacement de communautés entières d’un endroit à un autre. Dans toute l’histoire du siècle dernier, on ne trouve aucune trace d’une quelconque inondation ayant ravagé la partie inférieure du Sindh. Les inondations précédentes furent détournées par des systèmes de drainage naturel, mais le LBOD les a bloqués les empêchant de drainer les pluies de la mousson sans risque.

Suite à l’inondation, le district de Mirpurkhas a subi une destruction inoubliable. Plus de 200.000 personnes ont été contraintes de migrer vers des lieux plus sûrs tandis que dans le même temps plus de 30.000 habitations étaient détruites.

Des douzaines de barrages en état d’infraction ont causé la destruction de cultures. Dans le seul district de Mirpurkhas, 400.000 personnes sont touchées. Plus de 100 personnes tombent malades chaque jour, touchées par des infections stomacales, la malaria ou des maladies de peau. Les maladies se répandent aussi parmi le bétail.

Les inondations ont recouvert tout le Sindh. Les gens qui étaient déjà étranglés par la pauvreté et n’avaient pas d’accès à l’eau potable ont vu leur terre devenir inutilisable. Le Bas Sindh fait face à une situation similaire. Tous ces problèmes sont multipliés en raison du système précaire de la LBOD.

Les systèmes relatifs à l’éducation, l’irrigation, l’agriculture et le bétail sont totalement détruits. 90% des habitations sont anéanties. L’inondation continue dans plus de 6 districts du Sindh… La situation désespérée menace d’empirer après les éruptions d’épidémies dans les secteurs touchés par le fléau.

Un grand nombre de gens souffrent de maladies liées à ces eaux stagnantes : infections, problèmes de peau et autres problèmes de santé. Cela empirera encore si aucune mesure immédiate n’est adoptée pour contrer l’indisponibilité en eau potable et en nourriture appropriée.

On évalue jusqu’à 90% le nombre des récoltes de coton, de piment et de sucre de canne qui ont disparu du sol de Mirpurkhas. Des familles vivant le long des routes n’ont plus accès à la nourriture, à l’eau potable, à un abri et aux médicaments.

Beaucoup de jeunes enfants souffrent d’infections de la peau – comme des furoncles et des éruptions diverses dues à l’eau des crues. Les gens souffrent de fièvres et il existe un haut risque d’épidémie de typhoïde, de fièvre virale, de diarrhée aiguë, de choléra, de dysenterie et de bronchite, risque dû à des conditions de vie sans hygiène et au fait d’être contraint de se laver dans l’eau des crues.

D’un côté, les gens sont exposés aux inondations en restant dans leur village et, de l’autre, ils se tracassent parce qu’ils sentent que s’ils quittent leur village, leur taudis sera détruit pour toujours et il ne sera pas possible de le reconstruire.

Reconnaissant le danger inhérent à la situation, notre équipe de la Fédération progressive des travailleurs du Pakistan a répondu rapidement. Dès que les pluies violentes se sont mises à tomber, le 10 août, les membres de notre équipe sont arrivés sur les lieux et ont apporté leur aide aux victimes. Nous les avons encouragées à se déplacer du lieu de la catastrophe vers un lieu sûr. Nous avons construit deux camps à Mirpurkhas pour nos camarades et nous avons approvisionné plus de deux cents personnes en nourriture et en médicaments.

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