Gaza: Protester n’est pas du terrorisme

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Marcher sur la terre de votre propre pays n’est généralement pas considéré comme un crime. Mais pour deux millions de Palestiniens emprisonnés à Gaza, une telle action est considérée comme une menace pour l’Etat d’Israël.

Lorsque les habitants de Gaza, la plus grande prison du monde, ont lancé une protestation de masse contre le siège brutal d’Israël et d’Égypte et la terrible détresse dans laquelle ils se trouvent, le gouvernement Netanyahu a envoyé l’armée contre eux.

Le résultat fut la mort de 18 Gazaouis et plus de 1.500 blessés lors de la Marche palestinienne vers la frontière entre Gaza et Israël pour marquer le Jour de la Terre (commémoration des Palestiniens tués le 30 mars 1976 pour protester contre l’expropriation de leurs terres par Israël), et exiger la levée du siège de Gaza par Israël.

Il est typique de la machine “hasbara” (propagande) de l’occupation de retourner la réalité et de qualifier de “violente” toute manifestation palestinienne. L’agression militaire quotidienne et le siège qui étrangle environ deux millions de personnes ne sont pas considérés comme violents, mais bien par contre la protestation de masse contre cette situation.

La répression des manifestations par le gouvernement Netanyahou n’a pas pour but de protéger le public israélien. Non. La provocation, la diabolisation et la guerre militaire contre des civils non armés ont pour but de dissuader le peuple palestinien de se battre pour ses droits et de noyer sa protestation dans le sang. Il est destiné à maintenir le siège, l’oppression nationale des Palestiniens, la pauvreté et la détresse. Et il est destiné à jeter du sable aux yeux des travailleurs juifs et des jeunes et à les mobiliser contre la lutte des travailleurs et des jeunes palestiniens pour une vie digne. Pour Netanyahu en particulier, la guerre contre les manifestations offre une autre occasion d’exploiter les craintes concernant la sécurité parmi le public israélien afin de détourner l’attention du public des soupçons de corruption à son encontre et des échecs énormes de son gouvernement.

Il est important de souligner qu’un régime qui attaque les manifestants est un danger potentiel aussi pour les luttes futures des travailleurs israéliens et des jeunes qui feront face à une opposition et à une dénonciation féroce de la classe dirigeante. De plus, le massacre de manifestants palestiniens et la poursuite même du siège et de l’occupation, non seulement suppriment tout horizon de paix, mais constituent un avertissement du danger d’une nouvelle détérioration de la vie des travailleurs dans un avenir immédiat. Il est important que les travailleurs et les jeunes israéliens expriment leur opposition et participent aux manifestations contre la politique sanglante du gouvernement Netanyahu.

Avec la provocation que constitue le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, qui ignore de fait le droit des Palestiniens à leur propre État avec Jérusalem comme capitale, ainsi qu’avec le 70e anniversaire d’Israël, qui est officiellement célébré en ignorant la situation et les droits des Palestiniens, la récente protestation fait partie d’une série de manifestations prévues pendant un mois et demi. Celles-ci marqueront le 70e anniversaire de la Nakba palestinienne – la destruction systématique de centaines de villages et de communautés palestiniennes occupées et le déracinement de plus de 750.000 résidents pendant la guerre de 1948.

Au cours des prochaines semaines, des rassemblements et des manifestations sont prévus dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem, ainsi qu’en Jordanie, en Syrie et au Liban. Ces protestations, soutenues par les principales factions du mouvement national palestinien, est la plus étendue pour les droits des réfugiés palestiniens depuis les manifestations houleuses de milliers de réfugiés aux frontières avec Israël lors de la Journée de la Nakba en 2011, dans le contexte des mouvements révolutionnaires appelés le «printemps arabe». A l’époque, quinze manifestants avaient été tués et des centaines blessés.

Le premier jour de protestation a eu lieu le 30 mars, jour de la terre, commémorant la grève arabo-palestinienne en Israël en 1976, au cours de laquelle six manifestants avaient été abattus. “Qu’est-ce qu’il y a de dangereux avec des enfants se tenant à des centaines de mètres des chars et des soldats armés? Tout ce que nous avons demandé d’exprimer dans la marche est simplement nos vies intolérables”, a déclaré Hasan al-Kurd, l’un des organisateurs de la manifestation, sur le site israélien Local Call. “Nous avons eu beaucoup de morts et de blessés. Mais pensent-ils vraiment que c’est ce qui nous arrêtera? Après tout, nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à manifester. Je veux faire appel au public israélien et lui demander de faire pression sur son gouvernement. Les gens ici vont continuer à mourir et à la fin cela va exploser à leur visage .

“Nous ne sommes pas venus ici pour nous battre, nous sommes venus pour retourner dans notre pays”, pouvait être lu en hébreu pendant la manifestation palestinienne. Environ 70% des habitants de la bande de Gaza sont des réfugiés, c’est-à-dire une population déracinée par la force en 1948 et poussée dans la bande qui est devenue l’une des zones les plus densément peuplées du monde et un ghetto assiégé de pauvreté et de crises terribles.

“Le monde doit comprendre que nous vivons dans une grande prison, chaque citoyen de Gaza le ressent dans sa propre vie et veut transmettre ce message”, a déclaré un membre du comité d’organisation cité dans Haaretz. “La marche est pour notre retour, elle est censée transmettre au monde un message : Assez avec le siège, assez avec l’occupation’’, a-t-il expliqué.

Tandis que le gouvernement du capital et des colonies de Netanyahu organise des célébrations pour marquer le 70e anniversaire d’Israël – et pour mobiliser la sympathie du public avec le nationalisme – les droits des réfugiés palestiniens et les droits des Palestiniens en général continuent d’être grossièrement attaqués quotidiennement.

Le 15 mai, date de la Nakba, les manifestations devraient atteindre leur sommet avec la “One Million March”. La lourde répression militaire vise à contrecarrer l’expansion du mouvement de protestation, car un scénario dans lequel les masses se battent pour leurs droits menace le régime d’occupation, comme chaque dictature. La mobilisation de dizaines de milliers, voire de centaines de milliers de personnes, pourrait permettre, entre autres, une manifestation de masse contre les barrières du siège de la bande de Gaza – un scénario que non seulement le gouvernement israélien craint mais aussi le Hamas. Le Hamas ne s’intéresse pas vraiment à une lutte de masse indépendante qui échapperait à son contrôle et prouverait que les masses palestiniennes peuvent faire ce dont la puissance militaire du Hamas n’est pas capable : menacer le pouvoir, le siège et l’occupation.

Dans le contexte d’une lourde répression militaire, on ne sait pas encore dans quelle mesure ce mouvement pourra se développer dans les semaines à venir. L’expansion du groupe qui organise les activités de protestation peut aider à renforcer la protestation, en organisant des comités démocratiques de résidents et en tenant des réunions pour discuter et décider des prochaines étapes de la lutte et des moyens d’organiser l’autodéfense des manifestants.

La tendance constante de la classe dirigeante israélienne à exploiter les craintes de la population israélienne doit être remise en question, ce qui ne peut être fait qu’en offrant une réelle alternative.

Les socialistes soutiennent une lutte palestinienne massive et indépendante, telle qu’elle a été organisée pendant la première Intifada. Nous soulignons qu’il est dans l’intérêt de la population des travailleurs israélienne et des jeunes de ne pas se laisser tromper par les incitations du gouvernement Netanyahu, mais de tendre une main courageuse de solidarité et de paix aux manifestations palestiniennes et de protester contre le gouvernement capitaliste israélien, contre l’occupation et le siège.

Tout en luttant maintenant pour mettre fin à la répression et gagner des revendications démocratiques et sociales, une alternative plus large doit être proposée. Des luttes significatives pourraient certainement gagner des acquis importants, mais c’est seulement sur une base socialiste qu’il sera possible d’unifier les conditions de vie des Palestiniens avec celles des Israéliens – et d’élever, en fait, le niveau de vie général bien au-delà des meilleures conditions réalisé sous le capitalisme – et de garantir une complète égalité des droits dans tous les domaines. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de s’assurer que toutes les ressources servent rationnellement et démocratiquement le bien-être des masses, et de permettre également l’investissement nécessaire pour les réfugiés palestiniens. Une solution juste à leur situation exige une lutte pour garantir des conditions de bien-être et d’égalité dans la région, et la promotion du dialogue direct et du consentement, qui inclurait la reconnaissance de l’injustice historique et du droit au retour.

Il faut en finir avec le déni du droit à l’autodétermination : Pour un État palestinien indépendant, démocratique, socialiste et égal, avec Jérusalem-Est comme capitale, à côté d’un Israël démocratique et socialiste qui garantissent une véritable égalité des droits pour tous.

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