Vingt années de politique néolibérale ont mené à d’énormes protestations et résistance électorale des couches pauvres d’Amérique latine. Des gouvernements de droite ont été renversés et remplacés par des gouvernements plus à gauche et populistes. Ces gouvernements ne gardent le soutien populaire que dans la mesure où ceux-ci osent casser avec la logique capitaliste pour mettre en avant les intérêts de la classe ouvrière, des paysans et des pauvres.
Els Deschoemacker
Des plans de privatisation et même des politiques de répression brutale ont été stoppés dans plusieurs pays. La révolte en Bolivie a ainsi amené la classe capitaliste à envisager l’instauration d’un régime militaire. Mais par peur de la réaction des masses, elle a renoncé à cela et a choisi d’opter pour de nouvelles élections.
Le développement le plus important en Amérique Latine est la recherche de solutions collectives et la croissance du soutien populaire pour les idées socialistes. En Bolivie, pendant la révolte contre la privatisation du secteur de l’énergie, des comités et des conseils ont été élus, ils ont adoptés des résolutions pour l’installation d’un gouvernement des travailleurs et des paysans. En général, on peut parler d’une recherche d’alternatives au régime capitaliste. Au Vénézuéla, la discussion sur le socialisme est menée dans toutes les couches de la société. On y expérimente des formes de contrôle ouvrier dans les entreprises et il y a un soutien croissant pour l’idée de la nationalisation de l’économie. Dans un sondage récent, 48% déclarent préférer un gouvernement socialiste, contre 25% qui préféreraient un gouvernement capitaliste !
Chavez émerge nettement au-dessus de tous les autres président actuels soi-disant de gauche. Sa politique d’utiliser la hausse des revenus pétroliers pour améliorer les soins de santé, l’alimentation, l’enseignement,… des pauvres fait de lui un héros aux yeux de beaucoup de personnes se trouvant dans cette situation. Au Forum Social Mondial, début de cette année, ils étaient des milliers à attendre des heures pour entendre Chavez parler de la nécessité d’une révolution contre le néolibéralisme et l’impérialisme.
Même chose au dernier « festival mondial des jeunes et des étudiants », à Caracas au Vénézuéla. Sur ce festival « pour la paix, la solidarité et contre l’impérialisme » Chavez était l’orateur le plus populaire. Beaucoup de leçons peuvent être tirées de l’expérience vénézuélienne. Bien que Chavez casse clairement avec la politique néo-libérale de ses prédécesseurs et la politique capitaliste dominante à l’échelle mondiale, sa sympathie pour le socialisme reste une sympathie de mots. Les projets sociaux sont très appréciés, mais ne cassent pas avec la structure capitaliste de l’exploitation. Les expropriations ont eu lieu sous la pression de la protestation ouvrière et toutes les entreprises qui ont été expropriées étaient déjà en faillite. 50% des travailleurs vivent encore endessous du seuil de pauvreté et le chômage atteint 12%. Il y a une grande confusion sur ce que l’on veut dire avec le socialisme, car, aucun plan n’existe pour y arriver, comme la prise du pouvoir économique et politique par la classe ouvrière par l’intermédiaire d’organes autonomes démocratiquement composés.
Cela contient des dangers clairs. La droite est affaiblie, mais encore présente, surtout à la campagne, où la lutte des paysans pour des réformes agraires, se heurte à la répression des grands propriétaires terriens. Plus de 130 paysans ont été tués depuis le début de cette année. Et la popularité de Chavez n’est pas éternelle. Surtout s’il ne transforme pas son soutien pour le socialisme en actes. Ceci ne se fait pas de haut en bas, mais exige l’intervention active de la classe ouvrière, organisée dans un parti révolutionnaire armé d’un programme socialiste.
En octobre, le MAS/LSP organisera une série de rassemblements dans quelques universités avec Karl Debbaut, un représentant du CIO qui est justement de retour d’une visite au Vénézuéla. Ces meetings vont être annoncés sur le site www.socialisme.be