Nous sommes dans une période de changements rapides qui affectent tout et tout le monde. Le magnat des médias Rupert Murdoch, qui se vantait encore récemment d’avoir fait élire tous les Premiers ministres anglais depuis 15 ans, s’est retrouvé au cœur d’un scandale affectant toute la classe politique anglaise. Ce scandale révèle le danger de la propriété privée de la presse concernant nos droits démocratiques. L’actuel Premier ministre David Cameron déclarait lors des récentes émeutes que le pays manquait de ‘‘rigueur morale’’… au vu de son implication dans le Murdochgate, il devait très certainement penser à lui en premier lieu !
Par Alain (Namur)
Rupert Murdoch est le dirigeant de News International, et est présent dans différents pays. Il est notamment propriétaire de la chaîne conservatrice de télé américaine Fox News. Au Royaume-Uni, il était propriétaire de News of the world (NOW) jusqu’à sa fermeture suite au scandale. NOW cultivait ses liens avec le monde politique en s’assurant la loyauté et la servitude de députés, ministres ou hauts fonctionnaires au moyen de chantages. Quelques semaines encore avant son audition à la commission parlementaire spéciale, la dirigeante de NOW envoyait toujours des lettres aux membres du Parlement, les menaçant de révéler des informations compromettantes.
Le scandale qui a fait fermer News of the world et qui a dégoûté l’ensemble de la population britannique concerne les méthodes d’investigation de certains journalistes. Ces derniers n’ont pas hésité à pirater la boîte mail d’une adolescente disparue et retrouvée morte, Milly Dowler, afin de lire ses messages et de les utiliser en exclusivité. Suite à ce drame, l’enquête a révélé que NOW piratait la boîte de nombreuses personnalités, dont l’acteur Hugh Grant qui s’est montré plus pugnace dans sa dénonciation de News Of the World que le Premier Ministre lui-même…
La fermeture du journal signifie le chômage pour tous les employés de NOW. Cela ne constitue en rien une solution. Il faut une enquête indépendante sur les agissements de NOW qui implique les travailleurs et leurs représentants, les victimes et les familles des victimes. Il faut un contrôle démocratique des travailleurs sur la presse, ce qui signifie la nationalisation des entreprises de presse afin de libérer ce secteur de la tutelle des grands groupes industriels et financiers.
La situation des médias en Belgique est elle aussi inquiétante. Il n’y a jamais eu de concentration aussi grande dans ce secteur : à côté de la presse publique, tous les grands titres de presse belge sont propriété de 7 grands groupes privés et des regroupements ne sont pas à exclure à l’avenir. La presse publique est, elle, sous-financée et contrôlée par un conseil d’administration qui ne reprend que les partis représentés au Parlement. Lors des dernières élections, aucun média n’a parlé des mesures d’austérité, tous se sont focalisés sur la question communautaire. Il y a entre les milieux de la presse et des politiques une grande homogénéité de vue sur beaucoup de questions.
Face au message politique dominant, la classe ouvrière doit pouvoir faire entendre sa voix et expliquer ses méthodes. Ce qui nécessite d’avoir une presse de gauche résolument tournée vers le combat social. Pour nous aider à construire cet instrument, abonnez-vous à Lutte Socialiste et aidez-nous à le diffuser !