Les femmes d’Hollywood lancent ‘‘Time’s Up’’

Comment remporter la bataille contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail ?

Fin décembre, 300 femmes hollywoodiennes ont lancé Time’s Up, une campagne contre le harcèlement sexuel. La campagne comprend un fonds qui a déjà permis d’amasser 13 millions de dollars (The Guardian, 2/01/18), pour apporter un soutien juridique aux victimes de harcèlement sexuel dans les relations de travail. Outre le fonds de défense, une lettre ouverte a été signée par plus de 1.000 femmes issues du cinéma, de la télévision et du théâtre où elles proposent d’être des porte-voix de cette lutte.

Par Anja Deschoemacker

Time’s up : syndiquons-nous !

Il est évidemment positif que les femmes à faible revenu puissent demander une assistance financière pour avoir accès à la justice. Mais, certainement en ce qui concerne le harcèlement sur le lieu de travail, l’abus de pouvoir par les supérieurs hiérarchiques ou, par exemple, dans l’hôtellerie et la restauration ou encore dans le secteur des titres-services par les clients, faciliter l’accès aux tribunaux ne suffira pas. Ce n’est après tout pas ça qui vous rendra votre emploi…

Ce qu’il faut pour obtenir des résultats à court terme et donner aux femmes une position où il leur est possible de déposer une plainte et mettre fin au harcèlement sans être licenciées, ce sont des campagnes visant à impliquer les femmes dans les syndicats.

Ainsi, Nafissatou Diallo, qui en mai 2011 a porté plainte pour viol contre Dominique Strauss-Kahn (enterrant sa candidature pour la présidentielle), a certainement été une femme très forte qui s’est battue pour ses droits. Mais sans le soutien de ses collègues et surtout sans son organisation syndicale, elle aurait sans doute fait comme la grande majorité des travailleuses agressées : subir et essayer d’oublier le plus tôt possible parce qu’en fin de compte, le loyer doit être payé.

Les femmes sont-elles plus efficaces que les hommes dans la lutte contre le sexisme ?

Les femmes ministres et leurs collègues députées ont approuvé les mesures en matière de pensions qui vont mettre dans la pauvreté des dizaines de milliers de femmes, celles restreignant les allocations de chômage, alors que les cohabitantes n’ont déjà droit qu’à une demi-allocation. Elles sont en partie responsables des prix élevés du logement qui rend presque impossible pour les femmes faiblement rémunérées de quitter une relation insatisfaisante, du manque de services et de la grande flexibilité et pression du travail.

Le harcèlement sexuel à l’égard des femmes s’inscrit dans le contexte d’une situation et d’une position défavorisées des femmes. Là où une minorité de femmes a atteint divers niveaux de pouvoir (grâce aux luttes du passé), pour la majorité des femmes – pour la majorité de la population – ce n’est pas une perspective réaliste. Toutes les femmes ne peuvent pas répéter le scénario d’Oprah Winfrey qui a bénéficié d’opportunités qui n’existent que pour une infime minorité.

Tout le monde ne peut pas devenir une star de la télévision. Par contre, nous pouvons tous lutter pour que toutes les travailleuses et tous les travailleurs obtiennent un emploi décent, avec des contrats qui offrent la sécurité et des salaires qui permettent de construire une existence digne. Nous pouvons également lutter pour que le chômage soit combattu, et non les chômeurs, et pour l’arrêt des coupes budgétaires dans nos services publics. Ce sont des éléments qui peuvent donner aux grandes strates de femmes le pouvoir et la force de mettre fin au harcèlement sexuel.

Le temps montrera si les actrices hollywoodiennes de Time’s Up apporteront également leur soutien à cette lutte, mais dans le passé, la transition vers une vaste lutte ouvrière pour un meilleur niveau de vie et des conditions de travail meilleures a souvent signifié l’arrêt du soutien des féministes bourgeoises. Nous pouvons gagner ce combat sans leur soutien, mais pas sans la lutte unifiée de toutes les travailleuses et tous les travailleurs contre notre oppresseur commun.

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