Élection du 21 décembre en Catalogne : Une déroute pour le gouvernement de droite du PP

La suspension du statut d’autonomie de la Catalogne via l’article 155 de la Constitution, l’emprisonnement et l’exil des ministres catalans, la répression, l’exacerbation du nationalisme espagnol et la campagne d’intimidation (avec surtout le déménagement des sièges sociaux de plus de 3.000 entreprises hors de Catalogne),… Tout cela n’a pas permis aux partis du bloc du 155 (PP, C’s et PSOE) de remporter les élections du 21 décembre.

Par Boris (Bruxelles)

JxCat (Ensemble pour la Catalogne, la liste de Carles Puidgemont), ERC (Gauche Républicaine Catalane) et la CUP (Candidature d’Unité Populaire) ont renouvelé leur majorité absolue au parlement. Des centaines de milliers de personnes qui rejettent le parti de droite catalan Pdecat de Puigdemont, ont pourtant voté pour sa liste, composée de figures du mouvement catalan, car ils sont vus comme ayant résolument fait face à l’Etat espagnol depuis l’exil et la prison. Les médias, la monarchie, les partis du régime de 1978 et la bourgeoisie espagnole et catalane essayent de cacher leur défaite derrière la victoire de Ciudadanos (C’s, Citoyens, populiste de droite) qui devient le premier parti en Catalogne. Mais cela n’occulte pas la déroute du PP (Parti Populaire), le parti de droite au pouvoir en Espagne, qui incarne l’oppression nationale, l’héritage du franquisme, les politiques d’austérité et les nombreux scandales de corruptions.

Avec la perte de la moitié de ses voix, le PP n’est plus en mesure de former un groupe au parlement catalan. C’s, qui défend une politique au service des grandes entreprises, a mené une campagne couplant le maintien à tout prix dans l’Etat espagnol avec la crainte de la fuite des capitaux, de la délocalisation des emplois et du chaos économique qu’amènerait l’indépendance.

L’incapacité de la gauche d’intervenir dans le mouvement de libération nationale de la Catalogne avec un programme de classe a permis à C’s de mobiliser un vote au-delà de celui de la droite réactionnaire, dans les quartiers industriels de la ceinture rouge de Barcelone ou de Tarragone où En Commu-Podem (la liste de gauche autour d’Ada Colau, maire de Barcelone, et de Podemos) avait remporté les dernières élections nationales.

Alors que le caractère répressif de l’Etat Espagnol a poussé des millions de personnes à rompre avec le régime de ‘78 et à se battre pour une république catalane qui serve à améliorer leurs conditions de vie et à conquérir un véritable changement social, la direction de Podemos s’est coupée du mouvement de masse en rejetant le référendum sur l’indépendance du 1er octobre comme étant illégitime. La CUP a joué un rôle important pour la défense de ce référendum mais paye le prix de son refus de rester à l’écart de la droite au nom de la suprématie de la question nationale sur la question sociale.

L’action énergique des masses à l’instar du référendum du 1er octobre et la grève générale du 3 octobre peuvent vaincre la répression, libérer les prisonniers politiques et mettre fin à l’application de l’article 155 et continuer la lutte pour une république. Les mouvements sociaux et partis de gauche qui ont porté la lutte pour le droit à l’autodétermination doivent reprendre la mobilisation dans la rue en s’orientant et en se basant sur le mouvement ouvrier autour d’un programme socialiste.

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