Toujours plus de filles nigérianes dans le milieu de la prostitution en Belgique

PHoto: Flickr/davidwilson1949

Quand vous rentrez dans la gare de Bruxelles Nord en train, vous ne pouvez pas rater la prostitution en vitrine de Schaerbeek. Les filles derrière les vitres sont devenues ces dernières années toujours plus jeunes. De plus en plus de ces filles sont originaires du Nigeria. Selon la police fédérale, ce chiffre tourne en Belgique autour des centaines de filles, il y en a des milliers en Europe.

Article de Liesbeth (Anvers)

Cette augmentation n’est pas une coïncidence. Les jeunes filles âgées de 14 à 16 ans sont recrutées par des trafiquants d’êtres humains nigérians et des bandes criminelles. Ils promettent aux filles et à leur famille nigériane qu’elles peuvent gagner beaucoup d’argent en Europe. Les filles sont majoritairement recrutées aux alentours de Benin City dans l’état d’Edo. Cela est renforcé par la situation économique pénible et l’inégalité sociale au Nigeria.

Un proxénète nigérian a récemment été arrêté dans le quartier de la prostitution de Schaerbeek. Son organisation a été fermée. Les filles étaient constamment menacées en utilisant des pratiques vaudou et de la violence. La même chose se produirait à travers des réseaux actifs dans d’autres parties de Bruxelles, mais aussi à Anvers et Ostende.

Les filles ont souvent déjà été soumises à une horrible cérémonie vaudou au Nigeria, où elles doivent jurer obéissance à leurs proxénètes. Elles ont pour interdiction d’aller à la police et doivent s’acquitter d’une «dette». Celle-ci varie entre 25.000 et 60.000 euros. Pour les filles qui ne connaissent que la valeur de leur propre monnaie, c’est très abstrait. Après la cérémonie, elles sont amenées à la côte libyenne par des trafiquants d’êtres humains à par le Niger.

Le voyage en Europe prend souvent des semaines ou des mois et est très dangereux. Il n’est pas rare que les filles soient violées, assassinées ou qu’elles décèdent à cause de mauvais traitements. En Europe, les filles sont regroupées et se retrouvent immédiatement dans la prostitution. Elles sont alors forcées de rembourser leur «dette» en vendant leur corps.

Il y avait des témoignages de filles d’Anvers qui travaillaient dans des appartements délabrés, dormaient et vivaient parmi les rats et la vermine. Si elles essayaient de fuir, elles étaient lourdement punies voire même tuées. Celles qui désobéissent sont menacées de violence et de représailles contre leurs proches au Nigeria. En moyenne, les filles font des passes de 15 clients par jour et cela pendant des années. Cela équivaut à un «salaire» de 5 euros par heure ou moins. La grande peur et le manque de structures d’accueil font qu’il est difficile de gagner la confiance des filles et de remonter les rangs des gangs criminels.

Ça ne devrait pas être comme ça. Le Nigeria est un pays avec de nombreuses ressources naturelles, parmi lesquelles le pétrole et l’agriculture. Cependant, la richesse reste entre les mains de quelques sociétés riches et grandes telles que Shell. Dans le pillage des richesses naturelles, il n’est pas tenu compte de l’environnement ni de conditions de travail équitables: les personnes et les matières premières sont utilisées pour réaliser le maximum de profits le plus rapidement possible. Depuis l’indépendance en 1960, les crises économiques et la mauvaise gestion se sont succédé. Cela conduit à un chômage massif, à une réduction du système éducatif, à d’énormes problèmes environnementaux,… L’opposition est souvent réprimée. Dans ce contexte, les gangs criminels sont en hausse.

Alors qu’il y a suffisamment de ressources pour offrir à tous une vie décente, le capitalisme conduit à un fossé toujours croissant entre les riches et les pauvres, entre la grande majorité de la population et une poignée de super-riches. Au lieu d’utiliser la richesse pétrolière pour investir dans les services publics, la sécurité et la sécurité de l’emploi, tout est revendiqué par de gros actionnaires et une petite couche supérieure corrompue au Nigeria. Cela conduit à des drames sociaux.

Afin de faire quelque chose au sujet des conditions pénibles de la prostitution par les filles nigérianes dans notre pays, nous devons également lutter contre la situation sociale désastreuse au Nigeria. C’est pourquoi nous, en tant qu’internationalistes, soutenons expressément le Mouvement Démocrate Socialiste au Nigeria.

Les filles qui se retrouvent dans la prostitution en Belgique doivent être recherchées et avoir la possibilité d’être régularisées. Les travailleurs de quartier et de rue ont un rôle important à jouer ici. C’est pourquoi nous demandons des investissements dans des options d’aide et de réception spécialisées. Pas d’économies dans le travail social, mais une expansion, professionnalisation et structuration de ce type de travail. Cela demande également des emplois plus nombreux et mieux rémunérés dans le secteur social.

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