Quelque 25 militants ont participé à l’action qui s’est déroulée hier devant l’ambassade indienne afin de protester contre la décision du gouvernement indien d’appliquer la peine de mort de trois militants tamouls. Ces trois personnes sont emprisonnées depuis vingt ans déjà, accusés d’être impliqués dans le meurtre de Rajiv Gandhi, implication contestée dès le début. Cette action de protestation a subi de fortes pressions des autorités. Le droit démocratique de mener des actions à Bruxelles n’est-il que théorique ?
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La ‘‘plus grande démocratie au monde’’, telle qu’aime à se qualifier l’Inde, n’aime pas trop de voir ses positions contestées par des militants. Il ne nous a ainsi pas été permis de militer devant l’ambassade indienne, nous avons dû nous tenir à 50 mètres de là, après que l’ambassade ait fait appel à une convention internationale pour nous obliger à aller plus loin. Cette restriction antidémocratique du droit à mener des actions a été acceptée par les autorités bruxelloises.
Étant donné que les manifestants étaient de bonne volonté, nous avons été un peu plus loin pour crier nos slogans et pour quelques prises de parole. Une minute de silence a également été observée. Les manifestants de l’Organisation culturelle tamoule et le PSL ont revendiqué l’abolition de la peine de mort, une méthode barbare. Le gouvernement, dirigé par le parti du Congrès, espère-t-il avec cela détourner l’attention de la colère qui vit actuellement en Inde contre les divers scandales de corruption ? Le gouvernement veut se poser en tant que victime, alors qu’il est lui-même responsables de la corruption, tout comme il porte une part de responsabilité dans les violences et la guerre au Sri Lanka, qui a durement frappé la communauté tamoule.
Les trois militants tamouls ont été condamnés début des années ’90 pour avoir été impliqué dans le meurtre de Rajiv Gandhi (Premier Ministre indien de 1984 à 1989). Cette implication est largement remise en doute, mais ce n’est aucunement une raison pour le gouvernement pour ne pas appliquer la peine de mort. Différentes protestations ont eu lieu, notamment dans l’État fédéré indien de Tamil Nadu. L’assassinat de Rajiv Gandhi a été mis en relation avec l’intervention indienne au Sri Lanka (de 1987 à 1990) qui a contribué à la répression contre la population tamoule sous couvert d’une intervention ‘‘humanitaire’’. Notre organisation n’a jamais entretenu d’illusions concernant le rôle des troupes indiennes au Sri Lanka à la fin les années ’80, de même que nous n’avons jamais accordé de soutien à des méthodes terroristes telles que l’assassinat de Rajiv Gandhi. Ces dernières années, le gouvernement indien a amplifié sa politique anti-tamoule, notamment en soutenant activement la guerre contre la population tamoule au Sri Lanka. La commission des droits de l’Homme des Nations-Unies se penche actuellement sur les crimes de guerre qui ont été commis en cette occasion.
Sous la pression de différentes actions de protestations qui se sont déroulées dans le monde, mais aussi dans l’Etat de Tamil Nadu, les exécutions, prévues à l’origine pour début septembre, ont été reportées de huit semaines. Les protestations internationales sont donc de première importance. Vous voulez y participer ? Envoyez alors cette lettre de protestation en anglais à info@indembassy.be (avec une copie à tamil@socialisme.be) – vous en trouverez un exemple ici.
A Bruxelles, les militants ont pu délivrer une lettre de protestation à l’ambassade, mais il ne leur a pas été permis de mener leur action durant deux heures, comme cela avait été demandé aux autorités. Après une heure seulement, l’action a été interdite sous la menace de répression policière. Apparemment, notre droit démocratique à mener des actions – un droit visiblement très théorique – ne nous a pas été entièrement accordé, sans la moindre explication d’ailleurs. Protester contre la peine de mort en Inde peut se faire à Bruxelles, mais seulement à de biens étranges conditions. La démocratie à l’indienne ?