N-VA, antisémitisme et collaboration

La Légion flamande marche à Bruxelles avant de partir pour le front de l’Est avec les Waffen-SS. Photo : Amsab

Parmi les membres de la N-VA, il y a apparemment diverses approches vis-à-vis du judaïsme. Alors que l’échevin d’Anvers Van Campenhout a considéré les déclarations de Trump sur Jérusalem comme l’occasion de déclarer son attachement au sionisme, Jan Tollenaere, ancien membre de la direction du parti à Turnhout, a participé à l’émission historique de la VRT ‘‘Les enfants de la collaboration’’ et y a clairement fait entendre sa détestation des juifs.

Par Geert Cool

Le VNV ne laissait pas de place au doute : « L’Allemagne doit gagner la guerre.”

A Anvers, la N-VA tente de se profiler comme l’allié politique de l’idéologie sioniste. Ce n’est pas sans rentrer en conflit avec le passé du parti. Jan Tollenaere est le fils de Reimond Tollenaere, collaborateur flamand chargé de la propagande au sein du parti flamingant VNV. Il était partisan de l’indépendance de la Flandre avec l’aide de l’Allemagne et est décédé sur le front de l’Est sous l’uniforme de la Waffen SS. Dans l’émission de la VRT, il a taxé les Juifs de parasites, profiteurs et arrogants.

Ce n’est pas une grande surprise. Au début de l’année dernière, le quotidien De Standaard avait publié un long entretien avec lui. Dans cet article, il disait non seulement qu’il se sentait chez lui à la N-VA, mais aussi qu’il avait des problèmes avec la ‘‘diabolisation d’Hitler’’. ‘‘Je ne peux pas imaginer qu’Hitler ait été un criminel’’, disait-il, ‘‘Il s’est battu et a laissé les autres se battre pour un idéal. Il a beaucoup accompli dans le domaine social.’’ Après la guerre, Tollenaere s’est rendu en Afrique du Sud où il a défendu l’apartheid. Il se qualifie de ‘‘démocrate, avec modération’’. ‘‘Nous devons discuter, pas nous battre. Mais, parfois, mon côté élitiste se manifeste. Quand je vois ce qui se passe aujourd’hui, y compris en Campine… N’avons-nous pas besoin d’un leader qui dit : les garçons, c’est comme ça que les choses doivent être ?’’ Et, plus loin : ‘‘Je ne suis pas pour les Juifs, tout comme je n’étais pas pour les nègres.’’

Jan Tollenaere ne se sent pas seulement à l’aise à la N-VA, il y a joué un rôle actif. A Turnhout, il a figuré parmi la direction de la section jusqu’il y a quelques années. Il a régulièrement écrit dans le bulletin local de la N-VA. Ce n’est qu’après la récente attention des médias sur ses propos qu’il a rendu sa carte à la demande du parti.

Ce n’est toutefois pas un cas isolé. Au début de l’année 2017, un conseiller communal gantois N-VA, par ailleurs membre du cabinet du ministre-président flamand Geert Bourgeois, a fait l’éloge d’une rencontre en l’honneur des combattants flamands du front de l’Est et surtout d’un discours d’Oswald Van Ooteghem, qui a lui-même combattu avec la Légion flamande sur le front de l’Est sous l’uniforme SS. Van Ooteghem a aussi été un temps actif à la N-VA. Auparavant, les figures de proue de la N-VA Ben Weyts (ministre au gouvernement flamand) et Theo Francken (que l’on ne présente plus) se sont rendus à une fête en l’honneur de Bob Maes, impliqué durant la guerre dans l’organisation de collaborateurs VNV et par la suite dans l’Ordre des Militants Flamands (VMO), organisation d’extrême droite condamnée en tant que milice privée par la Cour d’appel de Gand et mise hors la loi en 1983.

Quand la N-VA prend ses distances vis-à-vis de la collaboration, c’est toujours avec prudence. Le sommet du parti est bien conscient qu’être associé à la collaboration peut lui coûter des voix, mais il doit aussi tenir compte des militants comme Jan Tollenaere. C’est le grand écart entre le sionisme trumpiste de Van Campenhout et l’antisémitisme brutal de Tollenaere.

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