les CEO du Bel20 ont déjà gagné autant qu’un Belge en une année

Nos salaires : +0,1 %. Top managers: +25 %. Mais sur le dos de qui le gouvernement applique-t-il l’austérité ?

Nous travaillons tellement durement que les bénéfices se portent bien et, par conséquent, les salaires des top managers augmentent fortement. Selon les spécialistes, c’est le signe que l’économie se porte bien. Le fait que nos salaires ne suivent pas et restent toujours sous le niveau d’il y a quelques années est également considéré comme positif pour l’économie. Pour les experts et spécialistes qui défendent le capitalisme, les inégalités croissantes sont positives : tant que les riches continuent à s’enrichir, ils sont satisfaits.

Quelques chiffres : en 2016, les top managers de notre pays ont gagné en moyenne 2,08 millions d’euros par an. Cela représentait une augmentation de 26% en comparaison à 2015. Au cours de la même année, le salaire moyen d’un travailleur en Belgique était, selon l’OCDE, de 43.097 euros. Soit une baisse de 1% par rapport à l’année précédente, le salaire annuel moyen (sur la valeur de l’euro en 2016) était de 43.541 euros et toujours sur base de la valeur de l’euro en 2016, toujours sous le niveau du salaire moyen en 2014 et 2013. La coupole syndicale britannique TUC a fait un classement des augmentations salariales réelles attendues en 2018 : la Belgique est en queue de peloton avec une prévision de croissance de 0,1%. C’est beaucoup moins qu’aux Pays-Bas (+1,1%), en Allemagne (+0,9%) et en France (+0,8%). Il y a clairement un handicap salarial à notre désavantage !

Et pourtant, on ne parle pas de mesures pour résoudre le handicap salarial. Des salaires moindres sont, en effet, bons pour “notre” position concurrentielle. Entendez : pour les profits des entreprises. Pour les top managers, on compare avec les pays voisins. Tous les journaux remarquent que les top managers en Allemagne et au Royaume-Uni gagnent plus que leurs collègues belges. On compare toujours nos salaires avec les salaires les plus bas alors que les leurs le sont avec les salaires les plus élevés.

Au Royaume-Uni, la comparaison est faite entre les salaires moyens des travailleurs et ceux des top managers. Sur cette base, on détermine que le 4 janvier, le troisième jour ouvrable de l’année, un top manager a déjà empoché un premier salaire annuel moyen. Ce jour est appelé ‘Fat Cat Day.’

Pour notre pays, de tels calculs divergent quelque peu. L’étude Vlerick par laquelle les salaires des managers des entreprises du Bel20 sont divulgués, indique qu’un CEO d’une entreprise du Bel20 gagne en moyenne 37 fois le salaire de ses travailleurs. En d’autres termes, il est tenu compte d’un salaire annuel moyen d’environ 56.000 euros. La CNE, syndicat chrétien francophone, a proclamé la journée d’hier de ‘CEO Jackpot Day’. Le syndicat part du salaire annuel médian de 44.374 euros en 2016. Les chiffres de l’OCDE tiennent compte d’un salaire annuel moyen de 43.097 euros. Selon De Standaard, en Belgique, le ‘Fat Cat Day’ tombe le 17 janvier. Ce journal est parti du salaire annuel brut moyen d’un travailleur à temps plein : 47.954 euros.

Etant donné que beaucoup de travailleurs à temps partiel ne le sont pas volontairement mais n’ont pas d’autre option étant donné l’offre ou leur situation familiale (sachant que nombre de tâches de soins ne sont pas prises en charge par la communauté mais sont reportées sur la famille et en particulier, sur les femmes), il nous semble logique de partir du salaire moyen d’un travailleur comme le calcule l’OCDE. Nous voulons bien admettre que les top managers travaillent durement mais le travailleur moyen en fait tout autant. Avec une moyenne de 250 jours ouvrables sur l’année (congé payé inclus, nous supposons qu’un top manager part aussi en vacances), nous arrivons à un salaire journalier de 8.320 euros pour un top manager et de 172 euros pour un travailleur moyen. Au début du sixième jour ouvrable (après 5,2 jours), un top manager a déjà empoché un premier salaire annuel normal. C’était ce matin, autour de l’heure de la pause-café. A partir d’aujourd’hui, les managers travaillent pour leur deuxième salaire annuel.

La CNE a baptisé la journée d’hier de ‘CEO Jackpot Day’ et soulignait que l’an dernier, cette journée ne tombait que le 10 janvier. Il faut encore préciser que le calcul de cette année est basé sur les chiffres disponibles les plus récents, c’est-à-dire ceux de 2016. A la vitesse à laquelle le fossé se creuse entre les salaires des top managers et ceux des simples travailleurs, dans quelques années, les top managers fêteront le ‘fat cat day’ en même que la nouvelle année.

Le fossé entre les gros salaires les plus élevés et les salaires normaux est dénoncé depuis longtemps déjà. Face à cela, nous revendiquons une limite maximale à la tension salariale, il s’agit du rapport entre les salaires les plus élevés et ceux les plus bas. Il y a cent ans, les Bolcheviks introduisaient, en Russie, une tension salariale maximale d’un sur quatre. Le salaire le plus élevé ne pouvait dépasser au maximum que quatre fois le plus bas. Gagner quatre fois un salaire annuel signifie quand même la possibilité d’un grand luxe. Une telle mesure permettrait peut-être un plus grand soutien pour le relèvement des salaires et allocations les plus faibles.

En liant la revendication d’une tension salariale maximale à celle d’une augmentation du salaire minimum à 15 euros de l’heure, on pourrait certainement compter sur un large soutien si ces revendications étaient popularisées. Ne nous contentons pas de dénoncer les énormes inégalités mais faisons des propositions pour y mettre fin. De telles propositions se heurtent directement à la logique du capitalisme et exigent la perspective d’une société socialiste.

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