Le lundi 29 septembre, il y a eu une grève de 24h dans les ports néerlandais, belges et français. Des milliers de dockers se sont rassemblés à Rotterdam pour protester contre le “port package”. C’est le “texte de compromis” qui traduit la volonté européenne de libéraliser les ports.
Micha Teller
Avec la possibilité pour les entreprises de faire charger et décharger les navires par leur propre personnel sans devoir recourir aux dockers patentés, c’est le statut des dockers, coulé dans la Loi Major, qui est menacé. La menace se situe autant sur le plan social que sur celui des salaires, des conditions de travail et de la sécurité.
Les craintes des travailleurs du port ne sont pas sans fondement. Les 15 dernières années ont vu le détricotage progressif des statuts reconnus dans tous les ports européens. Non seulement du fait de l’abrogation du monopole des dockers, mais aussi à cause du recours à toutes sortes de statuts précaires, au travail intérimaire, etc. Dans le port d’Anvers, un millier d’ouvriers ont déjà repris les tâches des dockers attitrés, mais avec un salaire inférieur de 30% à celui des dockers! Outre l’abrogation du monopole honnie par les dockers, le “texte de compromis” prévoit à terme la libéralisation des services portuaires.
Il y a de quoi être en colère! Surtout lorsqu’on sait que la ville d’Anvers a énormément investi dans le port jusque dans les années nonante. Alors que les autorités communales veillaient à la bonne marche des services portuaires, la société qui gère le port empochait les profits. Dans le même temps, la ville d’Anvers accumulait une montagne de dettes, ce qui a accru la pression pour privatiser différents secteurs de l’entreprise portuaire. Nous en sommes là aujourd’hui et les travailleurs du port n’ont pas lieu de réjouir.
2500 dockers sont partis d’Anvers pour aller à la manifestation de Rotterdam. 2 partis politiques étaient présents au point de départ: le MAS/LSP et le Vlaams Blok. La présence des gens du Vlaams Blok, parmi lesquels il y avait un administrateur du Port, suscitait des réactions négatives de la part des dockers. Le Blok avait beau utiliser des formules ronflantes dans ses tracts – un tract qui commençait par l’interpellation “camarades” – pour gagner la sympathie des dockers, ceux-ci n’étaient pas dupes de l’écart béant qui existe entre les paroles et les actes du Blok.
Au Parlement européen, les élus du Blok n’ont rien fait pour s’opposer à la libéralisation du travail portuaire. A Anvers, sa représentation dans le Conseil communal lui permet de siéger dans la direction de l’entreprise portuaire. Le Blok dit aux dockers qu’il est de leur côté, mais il dit la même chose aux patrons du port!
Les dockers ont vivement pris à partie les représentants du Vlaams Blok sur leur double langage. Tant qu’il y avait peu d’actions, le Blok pouvait dissimuler sa véritable nature derrière une rhétorique démagogique. Maintenant que les dockers passent à l’action pour de bon, ils distinguent plus clairement leurs alliés de leurs adversaires. Le tract du MAS/LSP suscitait en revanche nombre de réactions positives en dépit du fait que notre parti est encore petit et assez peu connu.
Les actions ne doivent pas en rester là. Il faut un plan d’action qui s’oriente résolument vers l’unité avec les autres secteurs qui sont menacés par la libéralisation et la privatisation. C’est tous ensemble que nous devons lutter pour la sauvegarde de notre statut!