FN : ça passe ou ça classe

Article par Simon

Ces derniers mois, on disait que la présidente du Front National allait passer au second tour des élections présidentielles françaises. On lui donnait alors 21% des voix, devançant tous les candidats y compris de la ‘‘gauche’’ néolibérale. Aujourd’hui, les intentions de vote en sa faveur se tassent de 3%, il n’en faut pas plus au reste de la classe politique et médiatique pour affirmer ‘‘qu’il n’y a pas de réel danger Marine Le Pen.’’

Cela a tout du déni car, s’il reste en effet à confirmer que Marine Le Pen passe la barre du premier tour, le FN a considérablement élargi son audience sous sa présidence. En tant que marxistes, nous savons que les élections ne sont que l’écume des réels rapports de force qui se jouent dans la société. En s’implantant de façon durable dans l’électorat populaire, Marine Le Pen positionne son parti comme un possible outil pour l’establishment. Pas encore son outil privilégié, mais un instrument qui pourrait cependant s’avérer utile en cas de situation tellement critique pour ses positions que les dangers représentés par une telle arme passeraient au second plan.

Il n’est plus vraiment nécessaire de redire comment en trahissant constamment la classe des travailleurs, le PS français a considérablement aidé le FN à se développer et à se créer cette assise parmi les salariés. Ni la façon dont la prétendue ‘‘gauche’’ traditionnelle se retrouve bouche-bée devant ce phénomène, sans proposition de contre-attaque. Mais il y a plus grave: ceux sur qui on aurait pu penser pouvoir compter pour enrayer la machine FN, dont le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), se sont lancés dans une course effrénée vers l’électoralisme, reléguant à l’arrière plan toutes les stratégies traditionnelles de la classe des travailleurs et laissant le FN se profiler comme le parti ‘‘différent’’.

N’en déplaise aux pleurnicheurs de l’antiracisme bon-enfant, adeptes des discours moralisateurs, c’est sur le terrain de la lutte de classe que le FN sera battu. C’est dans cette optique que s’est créé un collectif de syndicalistes antifascistes : Visa (vigilance et initiatives syndicales antifascistes), qui réuni des syndicalistes de plusieurs centrales syndicales, travaille à démonter le discours frontiste et à le révéler comme un programme de destruction des acquis sociaux des travailleurs. Voilà au moins un pas dans le bon sens, sous le slogan ‘‘Il appartient aux syndicats de porter les luttes contre le fascisme et l’idéologie d’extrême droite.’’ C’est vrai, car l’extrême-droite vise à éradiquer purement et simplement les organisations de défense des travailleurs. Derrière les discours sur les ‘‘intérêts communs de la nation’’ se cachent en fait la volonté de servir la classe capitaliste française envers et contre tout.

Le mouvement des travailleurs doit s’impliquer dans la lutte contre l’extrême-droite, mais cette lutte est politique, et pose la question de construire un relais politique pour les travailleurs, un parti qui lie la question du racisme et du sexisme avec celle de la lutte pour de meilleures conditions de vie. Voilà la meilleure arme que nous ayons contre la politique xénophobe et néolibérale du FN.

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