Des majorités progressistes en 2019 ?

Le 1er juillet dernier, un sondage commandé par le MR à l’institut Dedicated Research accordait près de 25% des intentions de vote au PTB en Wallonie. Un coup de tonnerre politique. Et à situation inédite, développements inédits. Peu après, le secrétaire général de l’interrégionale wallonne de la FGTB, Thierry Bodson, déclarait sur les ondes de la Première : ‘‘Si en 2019, il y a possibilité d’une alliance à gauche (Ecolo, PTB, PS), il faut essayer de mettre en place une telle coalition. En politique, il y a des moments qui peuvent ne pas se représenter.’’

Par Nicolas Croes, rédacteur en chef de Lutte Socialiste

En septembre, la FGTB a également entamé une série de rencontres en prévision des congrès qui auront lieu en mai 2018 afin de mettre à jour diverses revendications. Et, surprise, le PS n’est plus la seule formation à être consultée. Des discussions sont aussi prévues avec Ecolo et le PTB. En janvier, un nouveau cycle de rencontres devrait avoir lieu avec cette fois-ci pour thème spécifique ce projet d’une alliance gauche-verte en 2019.

De la crainte à l’audace

Beaucoup de gens auront certainement réagi en se disant que ces 3 partis ne peuvent pas laisser passer une telle opportunité de mettre un terme aux politiques d’austérité. Mais l’enthousiasme ne règne guère dans les états-majors des partis concernés. Au PS, le silence est assourdissant. Chez Ecolo, la coprésidente Zakia Khattabi s’est réfugiée derrière le ‘‘choix des électeurs’’ de 2019, non sans une certaine condescendance. Et au PTB ? Le président du parti, Peter Mertens, a expliqué dans les pages de La Libre : ‘‘Nous ne participerons pas au pouvoir régional et fédéral en 2019’’? tout d’abord parce qu’il n’existe pas de ‘‘volonté de mettre en place un gouvernement qui voudrait la confrontation totale avec les institutions européennes’’, mais aussi pour éviter de ‘‘casser notre parti en plaçant tous les cadres dans des cabinets ministériels’’(1).

De telles réactions risquent d’être incompréhensibles aux yeux de toutes les victimes de la barbarie néolibérale. Les risques pointés par Peter Mertens existent cependant bel et bien. Le PTB a beau avoir un appareil de parti impressionnant et un noyau dur de militants loyaux préparés à faire de grands sacrifices, tout cela est-il suffisamment solide pour prendre à bras le corps les défis à venir ?

Jean-Luc Mélenchon a probablement dû se poser des questions similaires avant de lancer la dynamique de La France Insoumise. Très rapidement, il a toutefois pu construire un large mouvement politique en offrant un espace à toutes les personnes désireuses de lutter contre l’austérité : syndicalistes, écologistes, féministes, membres d’ONG,… Cette approche – ouverte et sans exclusives à gauche – a donné naissance à une dynamique toujours en construction (pensons aux 150.000 personnes réunies à Paris le 23 septembre) qui a indéniablement permis de rapidement créer une spectaculaire force politique. Elle a su attirer à elle un réservoir de talents jusque-là dispersés dans la société. Le paysage politique français en a radicalement été chamboulé.

Avec une telle approche, l’appel de la FGTB pourrait être saisi comme moyen de construire dès aujourd’hui un front de résistance sociale qui serait également en mesure d’entraîner des syndicalistes de la CSC. La mobilisation de la rue aiderait à clarifier largement qui veut sérieusement mettre fin à la dictature des marchés et qui ne s’intéresse qu’aux belles phrases de campagne électorale. Mais, surtout, l’expérience ainsi acquise permettrait de développer un large cadre de militants expérimentés pour prendre sur leurs épaules le poids du développement d’une alternative politique anti-austérité démocratique et combative. Un mélange entre lâcher-prise et tenir bon.

C’est grâce à cette force politique qu’il sera possible d’imposer des conditions favorables aux intérêts des travailleurs. Face à la perspective de nouveaux gouvernements de droites dures, nous comprenons bien l’enthousiasme que des ‘‘coalitions progressistes’’ pourra susciter. Mais n’entretenons aucune illusion : tout dépendra du contenu concret de leur politique. Et donc du rapport de force du mouvement social.

(1) La Libre Belgique, 23 et 24 septembre 2017.

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