Leur vérité n’est pas la nôtre !

Stopper la droite par la résistance sociale et avec une alternative anti-austérité

Le Premier ministre Michel n’a pas cessé de se vanter durant sa déclaration politique de rentrée. Son gouvernement s’était engagé : ‘‘jobs, jobs, jobs’’. Michel a parlé de 130.000 nouveaux emplois, essentiellement à temps plein. Il a défendu que les salaires nets augmentent, que nous bénéficions des meilleurs soins de santé au monde, que les retraités sont mieux lotis grâce à l’augmentation des pensions les plus basses,… Ce petit spectacle dans l’enceinte du Parlement est totalement déconnecté de notre réalité quotidienne.

Par Geert Cool

Des mensonges réfutés par les chiffres

Les nouveaux emplois sont principalement à temps partiels et très flexibles : tous les chiffres indiquent qu’un quart à un tiers seulement des emplois sont à temps plein. Michel se base sur les estimations de la Banque Nationale pour atteindre 130.000 nouveaux emplois. Les chiffres de l’ONSS, qui reposent sur les cotisations sociales, indiquent par contre qu’entre le troisième trimestre 2014 et le premier trimestre 2017, le nombre d’emplois a augmenté de 90.000 unités, dont 76.700 dans le secteur privé. Parmi ces nouveaux emplois, seuls 19.200 sont à temps plein.

Pour étayer sa rhétorique, Michel souligne la baisse des dépenses pour les allocations de chômage. Il oublie un peu vite que de nombreux sans-emplois ont vu leurs droits suspendus et font maintenant appel au Revenu d’intégration sociale (RIS, délivré par les CPAS). En 2016, on trouvait 140.143 bénéficiaires du RIS en Belgique, contre 127.898 en 2015.

Les nouveaux emplois sont aussi très coûteux au vu du nombre de cadeaux des autorités aux grandes entreprises. La Banque Nationale belge estime que le Tax-shift aura créé 64.500 nouveaux emplois au prix de 102.000 à 146.000 euros par emploi! En d’autres termes, c’est la collectivité qui paye pour les nouveaux emplois.

Les salaires nets plus élevés dont Charles Michel se gargarise sont complètement engloutis par les augmentations d’impôts de toutes sortes (du sucre à l’énergie). La pension minimale pour ceux qui sont parvenus à une carrière complète a légèrement été augmentée, mais les conditions pour bénéficier d’une carrière complète sont devenues bien plus restrictives. En conséquence, plus de personnes retombent sur la Garantie de revenus aux personnes âgées (GRAPA). À cette fin, la pension a été portée de 701,72 euros à 708,03 euros pour un cohabitant et de 1.052,58 à 1.062,05 euros pour un isolé. Charles Michel fait beaucoup de bruit pour 10 euros…

La réalité de terrain fait entendre un autre son de cloche

Au-delà des chiffres, il y a la réalité vécue. Qui prend au sérieux la déclaration de Michel concernant les ‘‘meilleurs soins de santé’’ du monde après le reportage choquant de l’émission flamande Pano sur les maisons de repos privées ? Les personnes âgées sont victimes d’abus au grand profit des actionnaires. Même des entreprises comme ABInBev investissent leurs bénéfices (non imposés !) dans les maisons de repos. Et tant pis pour les soins et la qualité de vie. Le personnel souffre lui aussi, sa charge de travail est intenable. Une personne âgée doit être tirée du lit en 10 minutes, lavage et petit déjeuner sont impossibles. Les seniors se plaignent de la mauvaise qualité de la nourriture (les économies frappent partout) et des repas qui se suivent trop rapidement. La malnutrition se développe. C’est ainsi que les actionnaires privés transforment nos vieux jours.

Tout le monde est touché par ce genre d’histoire, dans ce secteur comme ailleurs. À Anvers, un médecin a travaillé comme chauffeur de bus durant un an. Son livre-témoignage est un acte d’accusation sans concession des conditions de travail en vigueur à De Lijn. Dans l’édition précédente de Lutte Socialiste, en préparation de la grève du 10 octobre, vous aviez également pu lire plusieurs témoignages de travailleurs de secteurs des plus divers qui, tous, faisaient le même constat : le personnel manque pour assurer des services publics décents. Charles Michel peut bien raconter des contes de fées au Parlement, les faits sont là.

Résistance !

Ce n’est pas une coïncidence que Michel s’est si brutalement exprimé contre les syndicats dans son discours de rentrée politique du 10 octobre, également jour d’action et de grève de la CGSP. Ce n’est pas en attendant les prochaines élections ou en s’accrochant aux négociations que l’on parviendra à bloquer ce gouvernement de malheur. C’est avec l’action du mouvement organisé des travailleurs que l’on y parviendra et que l’on pourra déterminer l’agenda politique. Mais pour ça, nous devons sérieusement organiser notre lutte.

La résistance sociale peut également permettre de développer et de populariser des alternatives à la politique néolibérale de démolition sociale. Selon nous, parvenir à vaincre l’austérité signifie de lui opposer un programme socialiste.

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