Le 29 mai 2011, une action a été menée à Wetteren, contre une expérience menée sur un champ expérimental et concernant des pommes de terre génétiquement modifiées. Abstraction faite de nos positions au sujet des actions directes telles que menées autour de ce thème, nous devons bien entendu admettre que l’utilisation d’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) pose plusieurs problèmes.
Article de Jon Sneyers
Qui contrôle les OGM ?
Le recours massif à des monocultures colossales de plantes génétiquement identiques implique d’énormes risques si de nouvelles maladies ou de nouveaux parasites émergent. Pour les agriculteurs eux-mêmes, OGM est synonyme de dépendance face aux multinationales qui possèdent les brevets. Ces multinationales, BASF et Monsanto, n’hésitent pas à intenter des procès aux agriculteurs qui utilisent une partie de leur récolte comme semence pour l’année suivante (ainsi, de 1995 à 2004, Monsanto a poursuivi 147 agriculteurs et 39 entreprises agricoles américains pour violation de brevet). Même les voisins qui n’utilisent pas de graines génétiquement modifiées et qui sont contaminées peuvent être condamné à d’énormes amendes pour violation de brevet. Dans le monde néocolonial, ce genre de pratiques a déjà poussé des milliers d’agriculteurs au suicide.
Les modifications génétiques pourraient être utilisées de façon bénéfique à la société, mais pas sur base de la soif de profit qui est la motivation première de Mosanto & Co. La résistance croissante aux OGM pose des questions importantes : qui tire les ficelles de la société et comment ce contrôle est-il utilisé ?
Licenciée pour avoir soutenu une action anti-OGM
L’action de Wetteren – où de 15 à 20% du terrain a été endommagé – a été qualifiée par les politiciens et les médias traditionnels comme violente et dirigée contre la ‘‘liberté de recherche’’. La recherche réelle est cependant bien moins libre et indépendante que celle présentée dans les médias. Le manque de moyens public pousse les universités et institutions de recherche scientifique de plus en plus dans les bras du financement privé.
Barbara Van Dyck, chercheuse au département d’urbanisme de la Katholieke Universiteit van Leuven (KUL) a été licenciée – et est interdite d’exercer sa profession – pour avoir soutenu cette action (hors de ses heures de travail et dans le cadre d’un engagement personnel). Elle n’a même pas détruit de pommes de terre transgéniques, il lui a suffit de donner son avis pour être licenciée.
La délégation syndicale de la K.U.Leuven lutte évidemment contre ce licenciement abusif. Si un désaccord est une raison suffisante pour un licenciement, c’est un précédent très dangereux. Quelles opinions seraient encore permises ? Quel est le prochain pas ? Réprouver certaines expériences médicales ne serait plus toléré ? Un mathématicien athée fondamentalement en désaccord avec l’église catholique serait lui aussi menacé dans une université catholique ? Nous nous opposons aussi à la manière dont ce licenciement a été opéré.
Les syndicats exigent la réintégration immédiate de Barbara Van Dyck et, en plus, revendiquent une nouvelle convention collective de travail pour le personnel académique où la procédure de licenciement concernant la ‘‘déontologie scientifique’’ seraient précisée en détail et des sanctions prévues pour toute violation. Nous pensons en définitive qu’un large débat social est nécessaire sur la liberté de recherche et la liberté d’expression, sur les brevets et sur la recherche scientifique publique.