Soudan. Nouvelles tentatives du régime pour briser le mouvement étudiant

Libération immédiate d’Asim Omar !

En août, un étudiant de l’université de Khartoum du nom d’Asim Omar a été reconnu coupable de l’assassinat d’un policier après six mois de procédure judiciaire. Il a dû attendre l’audience suivante pour savoir quelle peine la cour envisageait à son égard et a finalement été condamné à mort par pendaison le 24 septembre. Le même jour, les partis de l’opposition avaient organisé un certain nombre d’interventions publiques. Les mouvements étudiants ont également manifesté en divers endroits pour exposer et dénoncer les fausses accusations qui avaient été faites à l’encontre d’Asim.

Par Abdo Ebdalrahman, Alternative Socialiste (Comité pour une Internationale Ouvrière – Soudan)

Car c’est en dépit du manque complet de preuves qu’Asim Omar – un membre du « Sudan Congress Party » et de « l’Independent Student Conference » – s’est retrouvé accusé de « meurtre avec préméditation » à l’encontre d’un policier lors d’un affrontement entre la police et des étudiants en avril 2016. Cet affrontement avait été provoqué par la violente répression des autorités contre des étudiants qui protestaient pacifiquement contre la décision du Ministre du tourisme de vendre les locaux de l’Université de Karthoum ou de les transformer en une attraction touristique.

Au début de l’audience, depuis l’intérieur de sa cellule, Asim a déclaré : « Faisons une minute de silence pour ceux qui ont été tués à Camp Kalma ». Il faisait ainsi référence au massacre qui avait eu lieu deux jours plus tôt dans un camp de réfugiés au Sud du Darfour. Les réfugiés du Camp Kalma s’opposaient à la visite du président soudanais Omar al-Bashir. Ils entendaient condamner ses crimes de guerre commis au Darfour. Alors que les manifestants s’organisaient pour empêcher la visite d’al-Bashir sur les lieux, des véhicules armés équipés d’artilleries lourdes et des hélicoptères furent envoyés pour ouvrir le feu sur les manifestants. Les victimes furent nombreuses.

Avec cette phrase, Asim tenait à rappeler à la Cour et aux personnes présentes qu’il se tenait du côté des pauvres et laissés-pour comptes. C’est la véritable raison pour laquelle l’Etat essaie de le réduire au silence.

Après sa condamnation à mort, le jeune étudiant et ses partisans à l’intérieur du tribunal ont scandé d’une seule voix : « Révolution jusqu’à la victoire ! Révolution jusqu’à la victoire ! » Une manifestation a alors commencé de l’extérieur du tribunal, en plein centre de la Capitale, et à l’université de Khartoum. Les services de sécurité ont réagi avec des gaz lacrymogènes et en procédant à l’arrestation de plus de 40 activistes, étudiants pour la plupart, accusés de toutes sortes de choses. Ils seront rapidement traduits en justice.

Le régime continue à employer les pires méthodes possibles pour endiguer le mouvement estudiantin, qui est devenu le fer de lance de l’opposition soudanaise. Les confrontations avec le régime sont permanentes. Le 31 août dernier, l’Université islamique Omdurman a dû faire face à une attaque coordonnée par les services de sécurité et les milices du parti au pouvoir. Trois étudiants ont été blessés. L’un d’eux est décédé le jour-même, les deux autres ont succombé à leurs blessures par la suite.

Ces incidents sont si réguliers qu’ils en deviennent une routine. Le régime a derrière lui une longue tradition de répression et de confrontation armée envers quiconque s’oppose à ses intérêts. Mais le recours croissant aux autorités judiciaires est un élément plus neuf.

Les procès d’Asim et des 40 étudiants qui seront jugés ont été précédés du procès du Docteur Mudawi Ibrahim Adam, un professeur de l’Université de Khartoum qui travaillait dans le domaine des droits de l’homme. Il a été incarcéré sur base d’accusations fabriquées de toutes pièces comme « guerroyer contre l’état ». Son procès a duré plus de 9 mois. Accompagné de 5 autres défenseurs des droits de l’homme, il a été relâché suite à une décision présidentielle et les charges retenues contre lui ont été abandonnés en conséquences d’une campagne menée tant au Soudan qu’à l’étranger.

Toutes ces violations surviennent au moment-même où une résolution concernant le Soudan a été présentée au Conseil des droits de l’homme de l’ONU par le gouvernement soudanais en accord avec les Etats-Unis. L’événement est à considérer dans le cadre des efforts visant à blanchir le gouvernement soudanais de ses crimes, dans la perspective d’une éventuelle levée des sanctions économiques qui pèsent sur le pays.

Le gouvernement soudanais ne se distingue pas seulement par la répression sanglante à l’égard de la dissidence, il a également commis un grand nombre de crimes de guerres au Darfour et a soutenu divers groupes terroristes. Ces atrocités ont entrainé des sanctions internationales, parmi lesquelles un embargo commercial, qui imposent de nouvelles souffrances à la population soudanaise tandis que le régime est laissé tranquille.

A la suite des médiations des régimes saoudien et émirati, le Soudan a récemment été enlevé de la nouvelle version de la liste de Donald Trump des pays dont les ressortissants ne peuvent se rendre aux Etats-Unis. Nombreux sont ceux qui considèrent cette démarche comme le prélude à la levée des sanctions américaines sur le Soudan (qui devaient être examinées le 12 octobre).

Les socialistes au Soudan rejettent les mesures de punitions collectives telles que les sanctions économiques et les interdictions de voyager, car elles atteignent en premier lieu les victimes de ce régime tyrannique. Nous soutenons à la place un combat de masse, populaire et indépendant mené par les travailleurs et les pauvres afin de renverser le régime d’al-Bashir. Toutes ces manœuvres peu scrupuleuses illustrent clairement l’hypocrisie de l’impérialisme et de la « communauté internationale ». Ils ne s’intéressent qu’aux intérêts économiques des grandes puissances capitalistes, et non aux droits fondamentaux du peuple soudanais.

Envoyez une lettre de protestation, soutenez les mobilisations contre le régime !

S’il vous plait, envoyez des lettres de protestations au Ministère de la justice soudanaise à l’adresse : moj@moj.gov.sd avec une copie à cwi@worldsoc.co.uk pour exiger la libération immédiate d’Asim Omar et l’annulation de sa sentence, ainsi que l’abandon de toutes les charges à l’encontre des étudiants arrêtés le 24 septembre.

Une suggestion de message pourrait être : « Nous avons été choqué d’entendre les nouvelles à propos du procès et de la condamnation de l’étudiant Asim Omar à la peine de mort. Cette sentence est une totale erreur judiciaire, basée sur des fausses accusations et un manque sérieux de preuves, elle est clairement menée afin de faire d’Asim un exemple destiné à intimider le mouvement estudiantin et le peuple en général contre toute forme de critique légitime à l’encontre des politiques du gouvernement soudanais. L’arrestation ensuite de plus de 40 étudiants qui protestaient contre le verdict rendu est également honteuse. Nous demandons la libération immédiate d’Asim Omar et de tous les étudiants arrêtés durant les protestations du 24 septembre, et l’abandon complet de toutes les charges les concernant. »

“We have been shocked to hear the news about the trial and condemnation of the student Asim Omar to a death sentence. This sentence is a complete miscarriage of justice, based on fabricated accusations and on a lack of any serious evidence, and is clearly aimed at making of Asim an example in order to intimidate the student movement and the public at large against any form of legitimate criticism against the policies of the Sudanese government. The subsequent arrest of up to 40 students who protested against this verdict is equally disgraceful. We demand the immediate release of Asim Omar and of all the students arrested during the protests on September 24, and the dropping of all charges against them.”

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