Ecole d’été du CIO – Joe Higgins : L’opposition à la dictature des marchés se développe

Lors de l’école d’été du CIO qui s’est déroulé la semaine dernière, une discussion a été consacrée à la situation en Europe. En attendant un rapport de cette session plénière, voici ci-dessous l’intervention de notre camarade Joe Higgins, député du Socialist Party (CIO-Irlande) au Parlement irlandais.

La crise du capitalisme européen est en préparation depuis des décennies et est le résultat de contradictions internes. Les nouvelles législations financières ont été mises en place dans la seconde moitié des années ’70, mais se sont renforcées après la crise de 1986. Dans les deux décennies qui ont suivi, la dérégulation et la mondialisation se sont extrêmement développées.

En fait, il s’agissait d’une tentative de la bourgeoisie d’augmenter leurs profits avec des constructions financières puisque le profit dans la production n’était plus garanti de la même manière. En fait, ce processus avait déjà été expliqué par Marx. Cette orgie de spéculation est due au fait que les banques et les Hedges Funds essayaient de faire du profit sur la finance, le meilleur exemple étant les investissements dans les subprimes. La proportion dont le capital européen était devenu fictif est probablement le mieux illustrée par l’Irlande.

Les banques irlandaises et du Royaume Uni ont investi 70 milliards d’euros vers l’Irlande ce qui, pour un pays de 4,5 millions d’habitants, était une spéculation insensée. Lorsque l’économie tournait encore, c’était surtout aux frais de la classe des travailleurs. Les prix des maisons ont explosé, les prêts hypothécaires sont passés de 20 à 40 ans,… A un certain moment, les prix de l’immobilier ont chuté, c’était le signal d’alarme pour les bourgeoisies européennes.

La crise qui se développe en Espagne, au Portugal et en Grèce et une confirmation des perspectives précédentes du CIO. Nous avons toujours dit que c’était une folie économique d’imaginer que des économies aussi diverses que celle d’Irlande et d’Allemagne, par exemple, pouvaient être comprises dans un même espace monétaire.

Maintenant, la réduction du taux pour les prêts accordés à l’Irlande, la Grèce,… est considérée comme une nouvelle extraordinaire. En Irlande: le taux passe de 5,5% à 3,5%, mais le montant des dettes reste le même. En bref, c’est un emplâtre sur une jambe de bois. Depuis deux semaines, lorsque la nouvelle a été annoncée, le Premier Ministre et le ministre des finances n’ont de cesse de parler de la  »grande nouvelle ». Dans une intervention au parlement irlandais, Joe Higgins les a comparés à des coqs qui crient à chaque bruit pendant la nuit, persuadés que le soleil se lève alors qu’il est encore minuit.

Tout comme en Grèce, l’austérité et les coupes budgétaires ne résolvent rien, les problèmes continuent à croître. Le scandale autour de Murdoch a révélé aux masses les liens entre médias et politiciens. Mais en Europe, actuellement, la crise expose à des dizaines de millions de personnes la nature pourrie du monde de la finance et du capitalisme. En Grande Bretagne, les gens se demandent comment il est possible d’avoir accordé autant de pouvoir à l’empire Murdoch, sans le moindre contrôle. Au niveau économique, de plus en plus de gens vont également se poser cette question: comment est-il possible de vivre dans une telle dictature des marchés ?

Partout, l’état d’esprit des masses est bien loin devant celui des dirigeants du mouvement ouvrier.

Il y a un an, Joe Higgins, encore parlementaire européen à l’époque, avait relaté un meeting de Syriza où il était intervenu. La plupart des idées qu’il avait mise en avant – comme la nécessité d’organiser la résistance à l’échelle européenne avec par exemple une grève générale européenne de 24 heures, ou encore la nationalisation du secteur financier sous le contrôle démocratique de la population – étaient très bien passées. Aujourd’hui, l’approfondissement de la crise a rendu ces solutions encore plus concrètes aux yeux de beaucoup.

L’establishment européen est responsable de la crise, nous ne devons rien attendre de lui. C’est à nous d’organiser la résistance au niveau européen, et cela va être de plus en plus accepté au fur et à mesure ou la classe des travailleurs sera affectée par la crise. Nous pouvons être confiants : nos analyses et nos idées correspondent de plus en plus à la conscience des masses.

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