Début du débat sur les fins de carrière
Le débat sur les fins de carrière a commençé. La Ministre fédérale de l’Emploi, Freya Van den Bossche, a écrit une note sous le titre Vieillir activement. D’après cette note, il ne suffit pas d’encourager les salariés à travailler plus longtemps : il faut les forcer à travailler plus longtemps. Ceux qui arrêtent de travailler avant l’âge de la pension légale perdraient 4% du montant de leur pension par année de départ anticipé. Ceux qui arrêtent à 60 ans perdraient un cinquième de leur pension, sauf s’ils ont déjà une carrière de 40 ans. Les prépensionnés devraient rester disponibles pour le marché de l’emploi jusqu’à l’âge de 58 ans.
Anja Deschoemacker
La note ignore le fait que le marché de l’emploi actuel rejette les travailleurs âgés. Nombre de ceux qui arrêtent avant l’âge de la pension ne le font pas de leur plein gré, mais parce que leur employeur ne veut plus d’eux. D’autres, en revanche, sont usés bien avant l’âge de la pension à cause des cadences infernales dans leur secteur. De plus, 60% des pensionnés touchent actuellement une pension inférieure à 1.000 euros par mois – la diminuer encore davantage revient à obliger les aînés à travailler à n’importe quelles conditions.
Les patrons seront d’autant plus enclins à les engager que les travailleurs âgés pourront cumuler leur allocation de pré-pension avec un nouvel emploi à un salaire plus bas. De cette façon, on pourra désormais faire travailler les travailleurs âgés sans tenir compte de leur ancienneté. Le grand perdant du plan: la sécurité sociale dont on creuse savamment le déficit. Mais le gouvernement est en position de faiblesse: s’il n’est pas encore tombé, c’est qu’aucun parti ne veut d’élections. La mauvaise situation économique, l’asymétrie dans la politique belge,… ont affaibli le gouvernement et exacerbé ses contradictions internes. L’Europe, qui a si longtemps servi de prétexte idéal pour le démantèlement de l’Etat-Providence, se débat désormais dans une crise profonde.
Cette position de faiblesse devrait être exploitée pleinement par les syndicats pour éviter qu’on fasse payer la crise aux travailleurs et à leurs familles. Des mobilisations de masse peuvent mettre ce gouvernement à genoux. Même en l’absence de mobilisation, il semble exclu que le gouvernement parvienne à appliquer son plan sans la moindre concession. Mais à défaut de mobilisation, nous subirons de nouveaux reculs et ce d’autant plus que le débat sur les fins de carrière va être mené de pair avec la discussion sur les 4 milliards d’euros d’économies à réaliser.
La Cotisation Sociale Généralisée (CSG), que prônent le PS et les deux grands syndicats, est une exemple de recul négocié. La direction des ces organisations accepte l’idée que les charges sociales sont trop élevées en Belgique et qu’il faut les diminuer. En fait, la CSG est censée servir de correctif " social ", par opposition avec la proposition de financement alternatif du VLD qui veut faire reposer le coût principal de la Sécu sur les plus pauvres via des hausses de TVA. Mais la CSG n’en est pas moins elle aussi un pas de plus sur la voie du démantèlement total du système social qui a fait reculer la pauvreté en Belgique à un niveau historiquement bas dans la période d’après-guerre.