FOOTBALL vs ENSEIGNEMENT : Vers quel secteur doit aller l’argent ?

Les syndicats de l’enseignement ont récemment critiqué le ‘‘Plan foot’’ d’André Antoine, Ministre du budget et des Sports du gouvernement Demotte II, qui prévoit 100 millions d’euros pour ‘‘redresser’’ le football wallon. Retour sur les besoins des enseignants et du personnel des écoles ainsi que sur ceux du football et du sport en général, et ce à tous les niveaux.

Par Alain (Namur)

Le jeudi 5 mai 2011 est un de ces jours qui fera date dans l’histoire sociale. Depuis 1996, les professeurs ne s’étaient plus mobilisés de manière générale. La colère qui était présente depuis longtemps s’est alors exprimée durant cette journée qui a vu plus de 12.000 enseignants manifester (soit 10% du corps professoral) et, selon les syndicats, près 50% des travailleurs étaient en grève. Malgré la réussite de cette action, la direction syndicale n’a pas dressé de plan d’action de combat pour étendre le mouvement aux étudiants et aux parents afin de faire plier le gouvernement. Pire encore, un projet d’accord vient d’être signé entre le gouvernement de la Communauté française et les directions syndicales, qui ne contient que de très très légers changement face au projet précédent.

Le front commun syndical a indiqué vouloir par la suite organiser des actions ponctuelles mais ‘‘moins dures’’ que la grève. Il semble pourtant bien que l’action du 5 mai avait commencé à créer un début de panique dans les rangs gouvernementaux, panique qui s’est étendue en cacophonie sur le décret Robin des Bois. Au lieu de maintenir la pression, les leaders syndicaux ont organisé une concentration de militants dans les rues de Bruxelles et une autre à Liège avec à chaque fois environ 150 militants. De plus, ils ont détourné la colère des profs contre les 100 millions d’euros que le Ministre André Antoine veut accorder au football wallon.

Nous ne nous faisons aucune illusion sur le fait que la sortie d’Antoine sur la subvention à ce sport à un moment où le football wallon est, en tout cas en première division, au plus bas, n’est pas dénuée de calculs électoraux. De plus, il est clair que les 100 millions dégagés sur 4 ans et donc 25 millions par an vont surtout profiter au football d’élite, et nettement moins aux petits clubs, sans même parler des autres sports.

Les manques sont partout

Il est clair qu’avec le sous-investissement chronique de l’enseignement de ces 30 dernières années, le secteur souffre : des classes surchargées, des profs sous-payés, des conditions de travail difficiles, des bâtiments délabrés,… Alors qu’en 2005, Joëlle Milquet estimait à environ 1 milliard d’euros les besoins pour la rénovation des bâtiments scolaires, on ne peut que constater que, depuis, rien n’a encore été fait.

Alors que les secteurs de l’enseignement et du sport se disputent 25 millions par an, les partis traditionnels laissent en paix les banquiers, les gros actionnaires et les patrons qui nous ont entrainé dans cette crise.

Pour prendre un exemple, si l’on veut pratiquer du football en région namuroise, il faut s’acquitter en moyenne d’une centaine d’euros de cotisation annuelle (qui ne couvrent même pas les frais pour le club) auxquels s’ajoutent une autre centaine d’euros (entre 120 et 150 euros) pour les frais d’équipement et, au bas mot, encore une autre centaine d’euros pour les déplacements sur l’année. Cela fait donc, pour faire le sport le plus populaire en Belgique, une estimation basse de 300 euros par an. Si l’on voulait réduire ces frais pour les familles (environ 250.000 jeunes jouent au foot en Belgique), les 100 millions d’Antoine ne sont même pas une goute dans l’océan.

Mais il n’y a pas que le football. Et restons en région namuroise, faute de moyens, il n’y a plus de patinoire à Jambes. La piscine y est aussi fermée pour travaux depuis des mois, celle de Salzinnes, après des semaines de rénovation, a vu un enfant se brûler au bain-bulle… D’autres piscines de la région font la une des journaux locaux pour leur insalubrité (et leur légionellose). Le complexe sportif de la ville de Namur, Tabora, a des infrastructures vétustes et, durant des mois, les utilisateurs ont été laissés sans eau chaude aux douches.

Dans tout les clubs de sports, sans les recettes de la cafeteria et les bénévoles qui donnent de leur temps et de leur énergie, le sport populaire serait encore plus mal en point.

Il est clair que dans tous les secteurs de la société, les manques sont présents. Mais les travailleurs ne doivent pas se disputer les miettes, mais bien exiger qu’on leur donne toute leur part dans la richesse qu’ils ont eux-mêmes créée. Cela ne peut se faire que par la construction d’un rapport de force dans la rue.

Nous avons aussi besoin d’un parti politique qui défende réellement les travailleurs, les allocataires sociaux et les jeunes, un parti qui défend une politique qui vise à répondre aux besoins sociaux, c’est-à-dire une politique socialiste, et pas une politique qui vide l’eau croupie d’une piscine pour en remplir une autre avec.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai