Russie : Violente répression de la Gay Pride

La commission LGBT

Samedi 28 mai au soir, tous les européens ont découvert au même moment sur leur écran de télévision les visages ensanglantés des militants LGBT venus pacifiquement manifester à Moscou afin de défendre leurs droits et surtout de lutter contre l’homophobie violente qui règne en Russie.

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Comme chaque année, la Gay Pride a tout bonnement été interdite par les autorités politiques de Moscou, appuyées par la grande majorité de politiciens, tous unis derrière le parti de Poutine. Ces homophobes se cachent derrière un pseudo-argument selon lequel la Pride s’attaquerait à l’ordre et à la morale publique… comme si les LGBT, au même titre que les autres minorités opprimées étaient l’ennemi public numéro un du peuple russe.

Bravant l’interdiction, les militants LGBT sont fièrement descendus sur la place rouge. C’était sans compter la présence de néo-nazis bavant de rage et d’intégristes orthodoxes munis de crucifix et prêts à en découdre. ‘‘Dieu a brûlé Sodome et Gomors, il brûlera aussi Moscou si nous laissons faire !’’ hurlait un fondamentaliste, Léonid Simonvicht-Nikchitel. Ces derniers ont pu violemment les attaquer sous l’œil complice de la police qui avait de toute évidence reçu des consignes claires émanant des autorités moscovites et russes. Après avoir été passés à tabac, 34 militants ont été interpelés sans ménagement, plaqués au sol malgré leurs blessures, puis trainés jusqu’à un bus devant les caméras du monde entier, venues témoigner de l’horreur que vivent quotidiennement tous les LGBT sans exception aux quatre coins de la Russie.

La classe politique russe n’hésite pas une seconde à s’associer à ces groupuscules au crâne rasé et aux intégristes religieux pour en découdre avec les LGBT qui scandaient ‘‘La Russie sans homophobie’’. Cela est d’autant plus choquant que les militants LGBT avaient choisi ce lieu de rassemblement cette année précisément pour déposer une gerbe de fleur en mémoire de toutes les victimes LGBT exterminées en masse par les nazis. Rappelons aussi au passage que Staline et la bureaucratie soviétique en leur temps n’ont pas hésité une seconde à envoyer au goulag de nombreux LGBT…

La Cour Européenne des Droits de l’Homme a condamné l’interdiction de la Gay Pride en octobre 2010. Au même moment, un tribunal russe a déterminé pour la première fois que l’interdiction de la marche des fiertés dans cette ville était illégale. Malgré ces avancées, l’homophobie n’a fait que progresser en Russie. Depuis 2006, les homosexuels russes n’ont jamais obtenu le droit de manifester à Moscou.

Les homophobes n’attaquent pas seulement une fois par an, à Moscou et partout ailleurs, ces agressions sont quotidiennes. Selon un récent sondage, 74% des russes sont convaincus que les gays et les lesbiennes sont ‘‘dépravés et qu’ils souffrent de troubles de la personnalité’’. 39% estime qu’ils doivent être soigné de force, 18% veulent les mettre à l‘écart de la société et 4% sont favorables à leur ‘‘élimination’’.

Cet été déjà, le militant gay le plus célèbre de Russie, Nikolai Alexeyev, avait été drogué et enlevé par la police puis placé en détention dans un lieu tenu secret. Son GSM avait été confisqué et la police avait envoyé des textos à ses amis disant qu’il avait demandé l’asile politique en Biélorussie (sic!) et qu’il arrêtait définitivement son combat en faveur des LGBT en Russie. Cette tentative de briser le mouvement de libération homosexuel en s’en prenant physiquement à son leader est parfaitement scandaleuse. Les autorités russes semblent vouloir rester inflexible sur les questions LGBT.

Les homosexuels ne sont en rien responsables des problèmes qui touchent les travailleurs russes et leurs familles (chômage, explosion de la précarité, déni de la liberté d’expression, misère…). Les patrons et les politiciens, à la base de ces problèmes, veulent détourner l’attention sur des boucs émissaires, ils veulent diviser pour régner et recourent pour cela au racisme, à l’homophobie,… La lutte doit se poursuivre, contre l’homophobie, mais aussi contre les causes de sa croissance et du développement des idées réactionnaires : contre le capitalisme, pour une société socialiste démocratique.

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