Espagne : La répression surmontée à Barcelone

La reprise héroïque de la Plaza de Catalunya illustre la vitalité du mouvement et de la révolte du 15-M. L’establishment capitaliste espérait qu’après la tenue des élections, le mouvement de masse de la jeunesse qui s’oppose aux principaux partis politiques et à leur politique pro-riche se serait évanoui. A Barcelone, la réponse énergique du mouvement face à la tentative de l’Etat de liquider la protestation semble avoir pour l’instant refroidi de tels espoirs. La résistance des jeunes est un avertissement aux autorités à travers tout l’Etat; la répression ne suffira pas pour vaincre cette révolte.

Par des correspondants de Socialismo Revolucionario (CIO-Espagne) à Barcelone

Mobilisations en Belgique:

Mouvement en Espagne:

DEBAT

Ce 6 juin, Clara, une jeune espagnole participant actuellement au mouvement de la jeunesse espagnole à la plaza de Catalunya (Barcelone), animera un débat à Bruxelles au sujet de la révolte des jeunes en Espagne.

Celle-ci représente le début d’un processus de lutte de masse. Une génération balayée par la crise capitaliste relève la tête et est déterminée à avoir son mot à dire. Cette révolte s’est développée dans un contexte de misère pour des millions de jeunes, 45% d’entre eux étant sans emploi et des millions d’autres étant pris au piège dans un cercle vicieux de petits boulots très mal payés et précaires. Tant que ces conditions sociales continuent d’exister – et dans les faits, il est plutôt question de leur dégradation que de leur amélioration dans un proche avenir sous l’impact des mesures d’austérité – la menace de rébellions parmi la jeunesse restera une donnée implicite de la situation politique. Si le capitalisme pense qu’il peut battre violement le problème par la force de la matraque, il se trompe lourdement.

Le vendredi 27 mai, à 6h, les campeurs de la Plaza de Catalunya ont été réveillés par le bruit d’une armée de "Mossos" (la police catalane) qui les encerclait. La logique derrière l’assaut de la police reste floue. Peut-être que dans le contexte de l’histoire récente de confrontations, marginales mais violentes, provoquées par la police au cours des dernières manifestations, certains ont espéré que l’intervention de la police sur la plaza aurait provoqué des confrontations similaires et donnant de ce fait un prétexte à l’Etat pour agir contre les autres occupations à travers l’Etat espagnol. Il est encore possible que cela ait été vu comme une démonstration de force de la part des nouveaux gouvernements régionaux et communaux, ivres de leur récent succès électoral et d’arrogance, impatients aussi après plus de 6 mois de préparation de budgets d’austérité et enfin avides de donner un signal fort contre la moindre velléité d’opposition future. Quel qu’ait été le raisonnement à la base de la décision de faire charger la police, les évènements ont démontré que c’était une très mauvaise idée ! La foule qui a ensuite déferlé sur la Plaza était le plus grand nombre de participants depuis le début du mouvement.

Les occupants de la Plaza ont immédiatement envoyé un appel à la solidarité pour venir à leur aide. A 10 heures, des milliers de manifestants en colère ont encerclé le cordon policier. La foule comprenait également de nombreux travailleurs plus âgés, dont certains avaient été jusqu’à quitter leur lieu de travail pour se joindre à la résistance du mouvement qui les avait tant inspiré. Durant plusieurs heures, ce fut l’impasse, mais il était très clair que la police était incapable de pouvoir dégager le monde amassé sur la Plaza et autour. Soudain, ils ont changé de tactique, et affirmé aux représentants des occupants qu’ils n’étaient là que pour nettoyer la place et que l’occupation pourrait se poursuivre ensuite ! Ce mensonge ne tenait pas du tout la route: la police avait déjà commence à vivement démanteler l’infrastructure de l’occupation (les ordinateurs,…) De plus, les occupants de la Plza sont très bien organisés, et il n’y avait aucun besoin de nettoyer : les occupants le font eux-mêmes régulièrement. Les représentants des occupants ont rejeté les demandes de la police, et ont exigé de pouvoir poursuivre leur protestation.

A un certain moment dans l’après midi, l’atmosphère a changé, les milliers de personnes massées autour de la Plaza ont réalisé que leur nombre était bien plus grand que ce qu’ils imaginaient, et ont commencé à revendiquer de pouvoir briser le cercle policier et de pouvoir pénétrer sur la Plaza. C’est à ce moment qu’ont rapidement commencé à circuler les images de la répression très violente de la police, dans tout le pays et dans le monde entier. Les protestataires sont restés non-violents en essayant de pousser vers la place. A un moment, le cordon policier a été percé, et des milliers de personnes sont passées vers la Plaza, la police restant en retrait, et a stoppé ses coups de matraque sous des ordres venus d’en haut. "La révolution commence ici!" ont commence à chanter les manifestants, occupants et personnes venues par la suite à leur aide. La place était à nous, une fois de plus.

Une manifestation contre les coupes budgétaires dans les soins de santé s’est déroulée plus tard dans la journée à Barcelone. Les travailleurs ont marché en direction de la Plaza, des milliers de jeunes indignados participant ensuite à la manifestation avec les travailleurs des oins de santé. Cela représente parfaitement le type d’action nécessaire pour développer le mouvement plus avant. Socialismo Revolucionario (section du CIO en Espagne) participe aux protestations du 15-M dans le pays, en mettant en avant des propositions destinées à faire avancer la lutte en joignant la force de la classe ouvrière organisée. C’est pourquoi nous appelons à la tenue d’une grève générale. La puissance de la jeunesse espagnole est ressenti à travers tout le continent et au-delà, avec des dizaines de milliers de jeunes Grecs occupant leurs places ces derniers jours. La tâche de construire une force internationale, qui organise les masses autour d’un programme politique révolutionnaire afin de donner une claire expression aux revendications des jeunes et de la classe ouvrière, est d’une importance cruciale.

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