Libéraliser : une voie sans issue

Aujourd’hui nous manifestons au parlement Européen et le personnel qui n’est pas crucial pour le trafic d’aujourd’hui est en grève contre le projet ferroviaire de l’Union Européenne.

L’Europe libérale veut poursuivre sa politique désastreuse pour le personnel et pour les voyageurs. L’UE exige une séparation totale de l’exploitation et de l’infrastructure des chemins de fer afin de pouvoir mener une politique de compétition ‘‘transparente et honnête’’. C’est un pas de plus vers la privatisation du trafic ferroviaire en donnant accès au réseau à des entreprises privés. Pour 2012, l’UE veut libéraliser le trafic intérieur de voyageurs.

Cela détériorera les statuts et les conditions de travail du personnel tout comme la qualité des services aux voyageurs. Et, comme nous avons déjà pu le constater lorsque la téléphonie et l’énergie ont été libéralisées, cela n’entrainera pas des prix plus abordables. Au contraire, il faudra payer plus pour une prestation de services moindre. L’UE veut créer des structures séparées pour les gares, les ateliers et les le trafic de marchandises afin de les ouvrir à la concurrence.

L’UE veut encore museler le droit de grève. Toute résistance contre les services lamentables et la détérioration des conditions de travail sera entravée par un ‘‘service minimum assuré’’. Au regard des trains pleins à craquer aux heures de pointe, on ne peut que constater que le service quotidien est déjà particulièrement minimal.

Libéraliser, c’est synonyme de priorité au profit contre le confort et la ponctualité pour les voyageurs et contre la sécurité et des conditions de travail convenables pour les cheminots. Les directions prétendent que ce sont les actions de grève du personnel qui détruisent l’entreprise, une manière consciente d’éluder leur responsabilité écrasante. Le personnel veut faire son travail : livrer un service de qualité convenable à des conditions de travail humaines. C’est en réalité la direction qui plume la SNCB depuis des années et ensuite démantèle les services et attaques les statuts du personnel.

SNCB-Logistics doit à nouveau assainir 51 millions d’euros. La précédente promesse de sauvegarder 531 emplois statutaires au transport de marchandises est brisée. Des dépôts tel que celui de Ronet (Namur) seront fermés et une partie de l’entretien se fera à l’étranger. La SNCB seule aurait une dette de 1 milliard d’euros fin 2011 alors que tout le groupe avait une dette de 3 milliards d’euros fin 2010.

Au lieu d’investir dans le consulting externe (220 millions d’euros en 2010) et les projets de prestiges ou de donner des salaires himalayesques à la direction, il vaudrait bien mieux investir afin de garantir un service convenable. Cela implique d’avoir des trains de haute qualité qui ne tombent plus tous le temps en panne, des trains ponctuels avec du personnel motivé par de bonnes conditions de travail et un salaire adéquat. Cela implique également des investissements conséquents dans la sécurité.

Différents pays européens connaissent des problèmes similaires. Les syndicats de chaque pays et l’ETF (European Transport Workers’ Federation ) doivent commencer une campagne d’information envers les voyageurs et mobiliser le personnel contre les directives libérales de l’Europe. En militant ensemble, coordonnés, et en organisant la solidarité entre le personnel et les voyageurs, nous pouvons dépasser la politique de diviser-pour-régner des politiciens traditionnels.

Avoir un bon service de transports, de chemins de fer et de transports en commun ne peut être concrétisé que si le secteur est nationalisé, sous le contrôle démocratique du personnel et des usagers, avec suffisamment d’investissement pour effectuer une prestation de service de qualité dans la sécurité, le confort et avec des conditions de travail correctes.

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