Rassemblement des enseignants en front commun à Bruxelles

Ils étaient environ 150 en début d’après midi à manifester en cortège de la place de la Liberté à la rue de l’Enseignement. Tout un symbole… Après le 5 mai dernier, où plus de 12.000 travailleurs de l’enseignement avaient manifesté à Liège (une grève qui était une première depuis 1996), le rassemblement d’aujourd’hui voulait  »maintenir la pression sur le pouvoir politique ».

Le Front Commun bruxellois de l’enseignement (CGSP-enseignement, SETCa-SEL et CSC-enseignement) défendait particulièrement les fins de carrière (DPPR) contre les proposition du gouvernement de la communauté française (qui veut augmenter l’âge d’accès à la prépension de 55 à 58 ans, soit une économie de 60 millions d’euros par an), le soutien aux jeunes enseignants, l’encadrement des élèves avec assez d’auxiliaires d’éducation et de puéricultrices, la réduction d’élèves par classe et une revalorisation salariale.

C’est certain, les raisons de la colère sont multiples. A côté de cette fameuse attaque sur la possibilité de DPPR, de façon plus globale, l’enseignement souffre d’un manque de moyen chronique aux tristes conséquences : manque d’écoles, classes surpeuplées, manque de personnel, bâtiments scolaires délabrés et multiplication des préfabriqués,… Quant à la qualité de l’enseignement dans de telles conditions ; les études PISA démontrent chaque année que l’enseignement en Belgique est le plus inégalitaire de l’OCDE. De plus, la durée de carrière moyenne des nouveaux enseignants est d’à peine 5 ans. Ces chiffres démontrent à quel point la profession est aujourd’hui peu valorisée et à quel point le secteur manque cruellement de financement.

Depuis 1980, le budget de l’enseignement se réduit comme une peau de chagrin. En 1980, le gouvernement consacrait encore plus de 7% du PIB à l’enseignement, aujourd’hui il s’agit de moins de 5,5%. Cela équivaut à quelque 6 milliards d’euros d’économies par ans…

Toutes les mesures qui se sont abattues dans l’enseignement ont tenté d’éluder ce problème, ou de trouver l’argent par un tour de passe-passe comme celui du décret Robin des bois prévoyant de diminuer de 8 millions d’euros les subsides des 60% des écoles les plus ‘’riches’’ pour les donner aux 25% des écoles les plus pauvres. Comme si, après tant d’années d’attaques budgétaires sur les services publics (dont l’enseignement), il restait encore quelque chose de “trop” dans les caisses… La coalition Olivier (PS-CDh-Ecolo) se déchire aujourd’hui au sujet de l’avenir de ce décret après l’avoir tous approuvé et surtout après le succès de la mobilisation du 5 mai, mais cela ne cache pas leur manque de volonté d’aller chercher l’argent là ou il est.

Le gouvernement n’a eu aucun problème à débourser 22 milliards d’euros pour les grands actionnaires des banques (en plus de 79 milliards d’euros de garanties). Lors de la manifestation du 5 mai dernier, une banderole faisait d’ailleurs très justement le parallèle à ce sujet (« 20 milliards pour les banques en un WE, 20 d’austérité dans l’enseignement »). Le gouvernement a aussi donné près de 9 milliards d’€ de diminution de charge aux grands patrons en 2010 et les grosses entreprises payent extrêmement peu d’impôts en Belgique. Les intérets notionnels sont revenus à 5,7 milliards d’euros en 2009 et la fraude fiscale est estimée entre 16 et 20 milliards d’euros pour 2009. C’est loin d’être la crise pour tout le monde ! Les moyens existent dans ce pays, et ils doivent être recherché pour refinancer publiquement l’enseignement, au nord comme au sud du pays.

Revenir au 7% du PIB serait un bon premier pas. Mais pour cela, nous devrons lutter et ne pas nous laisser endormir par les beaux discours. En 1990, le mouvement avait débuté avant les vacances, mais la ‘‘pause’’ avait été utilisée pour poursuivre les discussions. A la rentrée, la lutte avait repris de plus belle. C’est cela qu’il nous faut maintenant préparer, les semaines à venir doivent servir à une large discussion démocratique pour un plan d’action offensif. La mobilisation et la participation à la journée de grève du 5 mai illustre on ne peut plus nettement que la volonté de lutter est présente!

Il nous faudra aussi poser la question d’un prolongement politique pour nos luttes. Nous ne devons rien attendre des partis traditionnels. Contre ces partis de l’establishment, ces partis qui préfèrent caresser les spéculateurs dans le sens du poil plutôt que de défendre les intérêts de tous les travailleurs, nous devons commencer à discuter de la création d’un nouveau parti des travailleurs, avec et autour de la base syndicale.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai