Kazakhstan : Le dictateur Nazarbaïev organise sa propre victoire électorale

Les élections présidentielles du 3 avril au Kazakhstan ont été décrites par les médias et les institutions démocratiques bourgeoises internationales comme “non libres”. L’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) a de son côté souligné le fait que le régime avait fourni des efforts démocratiques.

Par Tanja Niemeier, collaboratrice de la fraction GUE /NGL au Parlement européen

Ça fait déjà 20 ans que le président Nazarbaïev est au pouvoir, et il a été réélu avec 95,5% des voix, une expression de ‘‘l’amour” du peuple kazakh pour son président (selon lui) et pour “son” parti, Nur-Otan, le seul parti au Parlement.


L’opposition n’est évidement pas d’accord. Lors d’une audition au Parlement européen, des représentants du journal d’opposition Respublika (qui pour toutes sortes de raisons “administratives” ne peut plus être publié au Kazakhstan) ont projeté un reportage sur les élections. Les observateurs de 221 bureaux de vote, partout dans le pays, ont tous raconté la même histoire : on y voyait des étudiants et des travailleurs du secteur public forcés d’aller voter. Les urnes étaient bourrées de bulletins supplémentaires pour rehausser le résultat en faveur de Nazarbaïev et des urnes étaient conduites d’un bureau à l’autre pour y être à chaque fois recomptées,…


Les partis d’opposition, dont le mouvement Kazakhstan 2012, ont appelé au boycott des élections. Il était en effet impossible de se présenter pour les candidats d’opposition. Les seuls “candidats alternatifs” appartenaient tous au “cercle intérieur” du régime, et certains de ces candidats ont publiquement déclaré qu’ils voteraient euxmêmes pour Nazarbaïev !


Avant les élections présidentielles anticipées, le Parlement avait proposé d’annuler les élections de 2012, et de les reporter à 2020. On a proposé d’organiser un référendum à ce sujet. Cette proposition a finalement été abandonnée, en faveur d’élections anticipées.

Tout comme lors de la précédente proposition de loi qui visait à nommer Nazarbaïev le “leader de la nation”, il y avait ici une très claire division du travail dans le camp de la clique autour de Nazarbaïev. Le président est ainsi intervenu en tant que “gentil” qui ne veut que le meilleur pour son peuple et qui va contre les propositions pour organiser aucune élection ou pour se laisser lui-même désigner comme “leader de la nation”, quand bien même cette proposition de loi a au final été approuvée.

Le régime veut paraitre fort et plein d’assurance, mais est remarqué par sa faiblesse. Le régime se fissure, et des opportunités sont présentes pour la force potentielle de la classe ouvrière. Le Kazakhstan a connu toute une série de grèves et de mouvements de protestation au cours de la dernière période, qui se sont développées d’en bas et qui remettent en question non seulement la structure politique, mais aussi le système économique.

Le Kazakhstan est riche en ressources naturelles, mais ce sont surtout les multinationales et le régime qui profitent de cette richesse. Les récents mouvements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient sont un avertissement pour les explosions de colère et de mécontentement auxquelles s’attend également le régime kazakh.

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