Accord interprofessionnel: Le non-marchand trinque aussi

Les travailleurs du secteur non-marchand n’ont jamais vraiment été à la fête: des années de gestion néolibérales n’ont certainement pas favorisé le financement d’un secteur souvent jugé encombrant par les tenants du système. Si les patrons du privé surfent sur la crise pour prôner la modération salariale, le même argument est repris la bouche en cœur par nos politiques pour limiter les enveloppes allouées au secteur.

Par Simon (Liège)

Il parait pourtant évident que le secteur non-marchand, au cœur du système de sécurité sociale arraché de haute lutte par les travailleurs, voit son rôle et son importance accrus en période de crise économique. Mais employeurs et décideurs politique ne le voient pas de la même façon et entendent ‘‘prendre leurs responsabilités’’, fragilisant du même coup travailleurs et usagers du secteur.

On se souvient que les travailleurs du non-marchand avaient dû donner de la voix et passer à l’action pour obtenir un mince accord social de la part des gouvernements fédéraux et de ceux des entités fédérées. Cet accord laissait d’ailleurs sur leur faim les travailleurs du secteur de l’insertion socioprofessionnelle (accompagnement de personne qui éprouvent des difficultés à trouver un emploi) qui ont dénoncé avec force la grande insuffisance des moyens mis à leur disposition. Notamment dans les entreprises de formation par le travail, les travailleurs sont confrontés à une affluence de stagiaires depuis l’intensification de la chasse aux chômeurs… sans que le financement ne suive en conséquence.

Mais les travailleurs du non-marchand n’ont pas fini de trinquer. Les précédents Accords Interprofessionnels (AIP) avaient peu d’incidence sur les négociations des accords sociaux dans le secteur. En effet, les avancées sociales possibles contenues dans les AIP, notamment en matière d’augmentations salariales, étaient largement supérieures à celles concrétisées dans les accords sociaux pluriannuels du non-marchand.

Mais les mesures contenues dans l’AIP 2011-2012 changent la donne. ‘‘L’harmonisation’’ prévue des statuts ouvrier et employé (traduisez ‘‘nivellement par le bas’’) serait particulièrement ressentie dans le secteur. En effet, le non-marchand était jusqu’à présent en pointe dans l’harmonisation vers le haut des statuts: suppression du jour de carence pour les ouvriers du secteur depuis plusieurs années, octroi du salaire mensuel garanti en cas de maladie, octroi des avantages du statut d’employé aux ouvriers, notamment en matière de préavis, après 5 ans d’ancienneté dans les secteurs fédéraux de la santé,…

Alors que les salaires du non-marchand sont à la traine, le projet d’AIP cadenasse à 0,3% toute perspective de rattrapage et de progression. Plus grave encore, l’AIP remet en cause les acquis obtenus non seulement pour les employés mais aussi pour les très nombreux ouvriers qui en bénéficient déjà dans le non-marchand. Et là où ces acquis n’existent pas encore, les avancées proposées dans l’AIP sont dérisoires pour les ouvriers et pénalisantes pour les employés.

Dans ce secteur ou la tradition syndicale est parfois récente, on a pu voir une forte progression de la mobilisation ces dernières années. De même, la bonne présence du non marchand dans la mobilisation du 24 mars montre que ces travailleurs ne sont pas prêts à se laisser tondre la laine sur le dos. Dans ce secteur aussi, un plan d’action doit être discuté et organisé à la base pour empêcher que les travailleurs ne payent l’addition de la crise financière.

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