“Politique” & médias

Les actualités politiques dans les médias traditionnels nous permettent de voir Elio Di Rupo sauter dans une piscine ou savoir ce que Bart de Wever commande à sa friterie préférée. Ce serait encore innocent si de telles nouvelles étaient accompagnées d’informations plus profondes ou d’analyses politiques. Mais aujourd’hui, tout cela est bien difficile à trouver dans la presse belge.

Par Jarmo (Anvers)

Tous les médias nous ont abondement parlé du conflit personnel entre De Wever et Di Rupo. Chaque petite nouvelle dans leurs rapports personnels a mérité des pages entières. Au même moment, il fallait fouiller les journaux à la loupe pour en savoir plus sur les propositions des différents partis. Les analyses plus profondes cèdent souvent la place aux commentaires sur les reproches que se font les partis et les hommes politiques entre eux.

Cela tient aussi au fait que les partis traditionnels sont tous d’accord sur le principe d’une politique d’austérité. Les nuances concernent le rythme où se succéderont les coupes budgétaires ou les niveaux institutionnels où ils seront imposés. Ce consensus néolibéral se reflète aussi dans les médias. En Flandre, cela a offert la possibilité à De Wever de se présenter comme l’homme inébranlable, une image qui est la meilleure des préparations pour s’assurer une victoire électorale. Il n’y a pas beaucoup d’avantages à formuler de nouvelles propositions pour une nouvelle tournée d’assainissement, la plus importante depuis des décennies…

Les informations unilatérales de la presse, tous les syndicalistes les connaissent. Lors de la journée d’action contre l’Accord Interprofessionnel du 4 mars, la presse a parlé des soucis de ceux qui râlaient de ne pouvoir aller faire leurs courses. Cela suffisait pour que l’action soit critiquée comme ‘‘irresponsable’’ dans les JT et les journaux papiers. Il en allait de même avec la manifestation du 24 mars, où les reportages commençaient par les embouteillages et parlaient finalement plus du parcours ‘original’ de la manifestation et des ‘‘émeutes’’ (la police a parlé de 20 personnes qui ont jeté des pierres sur 20.000 manifestant) que des revendications.

Les médias choisissent toujours un camp : celui des partis traditionnels et du patronat, quitte à sacrifier les nuances et à sombrer de plus en plus dans la propagande tendancieuse.

Nous ne sommes pas d’accord et souhaitons que les travailleurs et leurs familles aient une voix dans les médias. Mais pour cela, nous devons avoir nos propres médias. Ce mensuel en est une partie, il nous permet d’offrir un antidote régulier à la désinformation à laquelle nous sommes quotidiennement confrontés.

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