Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Téhéran, la capitale de la République Islamique d’Iran, ainsi que plusieurs autres villes ce 20 février. Au Kurdistan, une grève générale a également eu lieu tandis que la plus grande raffinerie du pays est en grève depuis lundi dernier pour réclamer des salaires impayés depuis des mois. Même la brutale répression d’Etat n’a pas pu stopper le mouvement.
Malgré le fait que le régime ait mobilisé 100.000 miliciens, policiers et membres des forces de sécurité dans la capitale, arrêtant plus de 2.000 manifestants après les protestations du 14 février, et mettant aux arrêts à domicile les leaders de l’opposition, Moussavi et Karroubi, les nouvelles protestations de masse n’ont pu être stoppées. Les manifestants criaient "Pour la fin de la dictature, Moubarak, Ben Ali – c’est ton tour Sayyed Ali [Khamenei]!"
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Sur l’Iran
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Dimanche dernier, un étudiant, Hamed Nour Mohammmadi, a été tué à Shiraz, et un autre encore à Téhéran. De nombreux autres ont été blesses et des centaines de manifestants ont été arrêtés.
Le Kurdistan iranien a connu une grève générale qui a touché de nombreuses villes – Sanandaj, Mahabad, Bukan, Marivan, Kamyaran et Saqez – et de nombreux secteurs, jusqu’aux magasins et bazars. A Bukan, la grève aurait touché 90% de la population, malgré les menaces militaires. A Mahabad, plus d’un millier de personnes ont pris part à une manifestation. A Kamyaran, l’armée a encerclé la maison de Farzad Kamanger, un enseignant arrêté par le régime en mai.
D’importants pas en avant
Les manifestations contre le régime le 20 décembre ont connu d’importants développements, très clairement sous l’inspiration des mouvements qui se développent dans d’autres pays de la région. Les slogans et revendications abordent frontalement la chute du régime, il n’y a plus de revendications demandant simplement des réformes. La perspective existe aussi que le mouvement de la semaine passée s’étende rapidement à la quasi-entièreté du pays. La violence désespérée du régime montre à quel point il est ébranlé, très particulièrement après les révolutions en Egypte et en Tunisie.
La grève générale du Kurdistan montre la voie à suivre, avec la classe ouvrière engage en tant que telle dans la lutte contre le régime. Au fur-et-à-mesure du développement de la lutte deviendra plus claire l’urgente nécessité pour les travailleurs de s’organiser avec un programme politique indépendant qui s’oppose au régime, mais aussi au capitalisme.
Moussavi et Karroubi, deux des quelques candidats autorisés aux dernières élections, n’offrent aucune réelle alternative. Quand Moussavi était premier ministre, lors de la présidence de Rafsandshani dans les années ‘80, s’est alors déroulé le plus grand nombre d’exécutions de prisonniers de l’opposition de l’histoire d’Iran. De son côté, Karroubi déclare lui-même être ‘‘membre du système [islamique], enfant du système et mon destin est attaché à ce système.’’ Le mouvement doit agir indépendamment des capitalistes et de l’élite dirigeante. Il doit aussi tirer des leçons de l’amère déception de 1979/80, quand une nouvelle élite a utilisé une rhétorique «révolutionnaire» et religieuse pour prendre le pouvoir et le consolider. Seul un gouvernement des travailleurs et des pauvres peut garantir les droits démocratiques et commencer la transformation du pays en retirant le pays de la poigne de l’élite dirigeante et du capitalisme.