Contre la casse sociale – Arrêtons cet AIP : Pas de bluff, mais une lutte organisée

Jamais auparavant les représentants élus des travailleurs n’avaient aussi massivement rejeté un accord interprofessionnel. La FGTB continue son calendrier d’action, même après “la proposition de médiation”. La CGSLB participera à la journée d’action du 4 mars et, de son côté, la CNE organise une concentration de ces militants ce 28 février à Bruxelles.

Tract du PSL

Sur base des premiers résultats officiels, les annalistes estiment à 17,14 milliards d’euros le profit global des entreprises comprises dans le Bel 20 pour l’année 2010, soit une croissance de 37,4% en comparaison de 2009.Une bonne partie de cela sera consacrée aux dividendes et aux bonus. Même dans l’année de crise 2009, les patrons des entreprises du Bel 20 se sont accordés un salaire brut moyen de 2,27 millions d’euros (une augmentation de 23% comparé à 2008).

Pour les deux années à venir, l’AIP prévoit une marge salariale d’à peine 0,3% en plus de l’index santé (3,9%), ce qui est en dessous des attentes concernant l’inflation. Et cela alors que les entreprises refont de gros bénéfices (voir cadre). Il n’est donc pas étonnant que la base syndicale ait rejeté massivement l’AIP. Sur notre site socialisme.be, nous nous référons au blog internet d’un militant de la LBC. Celui-ci a calculé qu’en réalité, la base de la CSC a rejeté l’accord à 55,4%. C’est probablement la raison pour laquelle Cortebeeck a voulu adoucir la pilule en adaptant l’AIP avec  »l’aide » de Leterme. C’était trop peu et trop tard.

Dans ce nouveau projet, la marge salariale est reprise. L’étude sur l’indexation disparait, mais la Banque Nationale lance une attaque en règle. La proposition de médiation comprend une augmentation de 10 € des salaires minimaux, mais même cela ne doit rien coûter aux patrons. C’est la sécurité sociale qui doit payer avec des baisses de charges. Pour assurer la liaison au bien-être des allocations, le gouvernement refuse le “cadeau” offert par les partenaires sociaux. Ils n’auraient pas besoin de 200 des 500 millions d’euros budgétés par le gouvernement. Il faudrait expliquer cela à ceux qui doivent vivre d’une allocation de retraite, de chômage ou d’invalidité.

L’allongement du préavis des ouvriers est accéléré, 15% au lieu de 10% à partir de l’année prochaine. Mais le passage selon lequel ce serait augmenté à 20% à partir de 2016 à disparu. La réduction du préavis des employés dits inférieurs (-30.535 €) est écartée. La diminution de 6% pour les employés dits supérieurs pour 2014 est maintenue, mais celle de 10% pour 2016 est également écartée. Le préavis des travailleurs avec un salaire inférieur à 61.071 euros sera exonéré d’impôts sur les deux premières semaines. De nouveau une mesure qui ne coûte rien au patron.

Ne pas bluffer, mais s’organiser!

Il a fallu attendre longtemps les positions du sommet syndical. Consulter la base, ne parlons pas encore de la laisser décider démocratiquement, exige du temps. C’est un inconvénient que les patrons et le gouvernement ne connaissent pas. Face à la lenteur du sommet, il y a la vitesse avec laquelle on s’attend à la réaction de la base. Elle doit s’apprêter en quelques jours à réagir sur un accord négocié secrètement pendant des mois avec rarement des tracts d’information ou de mobilisation disponibles à temps. Jusqu’à la dernière minute, la base ne sait pas s’il s’agit de grève ou de mobilisation de militants. Même pour le 4 mars, les intentions du sommet syndical ne sont pas encore claires. Est-ce que nous allons installer des piquets filtrants pour convaincre ceux qui doutent où allons nous bloquer le tout ?

Au lieu de faire de grandes annonces, la direction syndicale doit lancer à temps des mots d’ordres clairs et assurer que les moyens nécessaires sont là pour les délégués d’entreprises, sinon ce sera n’importe quoi, comme la semaine passée. La majorité des travailleurs s’est prononcée contre l’AIP. La seule manière de casser cette majorité, c’est de nous diviser: ouvriers contre employés, francophones contre Flamands, jeunes contre plus âgés. Nous n’avons pas besoin d’encore nous faire diviser entre syndicalistes. Un bon plan d’action, une implication maximale de la base et une attitude ouverte vers ceux qui se sentent délaissés par leur direction syndicale peuvent faire basculer les relations de forces en faveur des travailleurs.

Cet AIP n’est pas le but ultime des patrons et des politiciens. S’ils réussissent à le faire passer, il faut s’attendre à une attaque frontale contre l’index, nos pensions et tout ce qui rend la vie et le travail supportable pour les travailleurs et leurs familles.


Le Parti Socialiste de Lutte défend:

  • Des négociations libres dans les secteurs et les entreprises
  • L’élimination de la discrimination entre ouvriers et employés, sans miner le statut des employés
  • La protection de l’index
  • Le maintien de tous les systèmes de prépensions

Le PSL défend la lutte commune des travailleurs Wallons, Flamands et Bruxellois:

  • Contre toute forme d’allongement de la durée de travail, pour la semaine des 32 heures, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire
  • Des contrats décents pour tous à des salaires convenables, pour un salaire minimal de 1500 euros net, pour la liaison au bien-être de toutes les allocations.
  • Stop aux cadeaux fiscaux au patronat, pour l’abolition des intérêts notionnels et du secret bancaire, pour la nationalisation sous contrôle des travailleurs des secteurs clés de l’économie.
  • Pour une société socialiste où la production se fait en fonction des besoins de tous et pas en fonction des profits de quelques privilégiés.

FGTB et CSC: cassez les liens avec le PS et le CD&V

Avec une bonne campagne d’information et de mobilisation, les syndicats sont capables de mettre dans la rue des centaines de milliers de travailleurs. Hélas, au Parlement, cela ne se remarquera pas. Les syndicats libéraux venaient à peine de rejeter l’accord que les partis libéraux annonçaient vouloir intégralement le faire appliquer. Au Parlement, les chrétiens-démocrates se moquent des positions de la CSC et des mutualités chrétiennes. Tant le PS que le SP.a se sont réjouis de l’accord “équilibré”. Bien qu’une majorité de syndicalistes ait rejeté l’AIP, cette position passe à peine dans les médias. A la base syndicale, cela conduit à des frustrations et au découragement. En Flandre surtout, et depuis des années, nombreux sont ceux qui se sont détournés des partenaires politiques privilégiés et votent pour le populiste du moment. Il est grand temps que les dirigeants syndicaux rompent les liens entretenus avec le PS et le SP.a pour la FGTB et avec le CD&V pour la CSC, et qu’ils construisent leur propre représentation politique, avec tous ceux qui s’opposent à la casse sociale.

Jeunes en lutte pour l’emploi

Les jeunes surtout sont dans le collimateur de la politique de casse sociale. La sécurité d’emploi et un salaire convenable ne sont que de rêves pour beaucoup. L’AIP veut encore élargir cette discrimination. Celui qui est déjà au boulot garderait son statut actuel, des nouveaux travailleurs subiraient le nouveau statut miné. Dans quelques régions, le PSL est impliqué avec les jeunes des syndicats et la JOC dans une campagne contre l’insécurité d’emploi et la série interminable de statuts précaires imposés aux jeunes.

Socialisme 2011

Chaque année, le Parti Socialiste de Lutte organise un weekend public de débats et de formation, ‘’Socialisme 2011’’ cette année. Nous y accueillerons environ 300 participants. Durant trois meetings en plénière, deux sessions et 16 commissions, la lutte syndicale ne sera jamais très éloignée. De plus, ce sera l’occasion de rencontrer d’autres syndicalistes combatifs. A l’ordre du jour, il y aura entre autre une discussion sur les grèves générales avec Gustave Dache, auteur d’un livre sur ’60-’61 ; un meeting international avec des syndicalistes de France, d’Irlande et de Grande-Bretagne ; des témoignages de syndicalistes venant de Wallonie, de Bruxelles et de Flandre sur la façon dont ils réagissent face à la question communautaire ; et une commission concernant les syndicats combatifs et démocratiques, avec Martin Willems, secrétaire licencié du SETCa BHV industrie.

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