Scinder la Belgique : réaliste ?

On a eu l’émission “Bye Bye Belgium”, puis le fameux “plan B” des partis francophones, ou encore l’émission de la VRT demandant à divers professeurs leur opinion sur l’éventuel éclatement du pays. La scission éventuelle du pays alimente tous les fantasmes. Réaliste ?

Premièrement, parler d’une scission négociée et calme du pays est tout à fait irréaliste. Les interminables palabres concernant la scission de BHV illustrent à quel point seront insolubles les négociations liées à la répartition de la dette du pays, pour ne parler que de cela. Et concernant Bruxelles, les partisans d’une scission n’ont aucune solution: les Bruxellois eux-mêmes s’opposent à être rattachés à une Flandre indépendante. Et quoi ? Bruxelles entité à part ? Comment pourrait-elle assurer le rôle de centre administratif du reste du pays ?

Ensuite, l’économie belge reste dominée par les grandes familles traditionnelles (comme les de Mévius, Van Damme, de Spoelberch, Solvay, Saverys, Frère-Bourgeois, Colruyt, Boël, Bekaert,…). Ces vieilles dynasties du monde patronal et financier possèdent toujours une position puissante et, pour eux, une scission du pays ne serait pas économiquement intéressante, elle menacerait même gravement leurs intérêts financiers. Par contre, mettre en concurrence les différentes régions les unes contre les autres ne constitue pas un problème, bien au contraire. De cette façon, ils peuvent rendre plus difficile la résistance du mouvement des travailleurs en cherchant à le diviser.

Enfin, l’idée chère à la NVA d’une ‘‘Europe des régions’’ est une illusion. A la faveur de la crise économique, toutes les contradictions internes à l’Union Européenne commencent à faire surface, et parler aujourd’hui d’un approfondissement de l’Union Européenne, dans le sens de l’arrivée d’une sorte ‘‘d’Etat européen’’, équivaut à nier l’actualité. De toute façon, ce n’est même pas une question au sein même de la population. Seule une minorité de Flamands est favorable à l’indépendance. Un seul sondage a mis en avant un chiffre approchant les 20%, tous les autres ne parlent que d’environ 10%…

Une scission du pays n’est donc pas (encore) à l’ordre du jour, et ne peut de toute façon se faire de manière pacifique. Mais la politique de diviser-pour-mieux-régner déraille dans le contexte de la crise économique ce qui entraîne une polarisation croissante dans la société au sujet de cette question nationale. Le capitalisme est incapable d’y apporter une réponse ; le mouvement ouvrier doit riposter sur base de l’unité de tous les travailleurs, l’unité cruciale pour lutter contre le système capitaliste et construire l’alternative socialiste.

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