Minerval décuplé à la KUL

Apartir de la prochaine année académique, les étudiants non-EEES (Espace européen de l’enseignement supérieur qui regroupe les pays membres de l’Union européenne ainsi que 15 autres Etats) devront payer 5000 euros de minerval à la KUL au lieu de 505 précédemment.

Tina De Greef

Une exception sera faite pour les étudiants des 72 pays en voie de développement à travers le monde qui auront présenté une “demande motivée”. Sur 30.455 étudiants cette année, 6,5% ne viennent pas de pays EEES, tandis que 0,5% proviennent des pays en voie de développement. Il s’agit d’une double offensive: non seulement les minervals deviennent hors de prix, mais en plus la Belgique était déjà très chère pour la plupart des étudiants étrangers.

Cette mesure est à replacer dans le cadre de l’accord de Bologne qui prévoit une restructuration de l’enseignement supérieur. Dans le Décret du 30 avril 2004 du Ministère de la Communauté flamande concernant la flexibilisation de l’enseignement supérieur en Flandre, on peut lire dans la partie 5 (sur les étudiants étrangers), article 64, que l’organisme de gestion de l’institution peut librement décider du montant du minerval pour les étudiants qui ne touchent pas de bourse. Là-dessus, le 13 décembre 2004, le Conseil académique de la KUL a décidé d’augmenter les minervals de 900% pour ces groupes d’étudiants! De plus, on risque de payer plus de 5000 euros pour certaines orientations, par ex. : pour le « Master of Laws in Energy and Environmental Law » : 9000 euros! Et 290 euros de plus pour ceux qui désirent s’inscrire dans deux orientations.

L’université s’attèle consciencieusement à démanteler pas à pas la démocratie dans l’enseignement. C’est le début d’une série d’offensives menées dans le cadre de l’accord de Bologne. L’université commence par augmenter le minerval d’un groupe marginal d’étudiants qui ne peuvent guère résister. Portucala – l’association des étudiants étrangers – est une association estudiantine traditionnelle qui, d’un côté, déplore les mesures, mais les accepte de l’autre, avant même d’en informer les étudiants. Les arguments invoqués pour justifier cette décision sont construits sur une rhétorique nationaliste: la Flandre n’a plus à être responsable des subsides des étudiants étrangers. Faut-il en conclure qu’un Portugais serait plus flamand qu’un Brésilien? Avec cette tactique de diviser pour régner, l’université prépare progressivement l’augmentation du coût de l’enseignement et, de ce fait, le pas à franchir pour introduire cette mesure auprès des étudiants flamands se réduit de plus en plus. La mesure s’inscrit aussi clairement dans le plan de l’université visant à faire de la KUL une université d’élite. La direction y révèle qu’elle mesure la qualité de l’enseignement à son prix. Pas besoin d’être un génie pour comprendre que seuls les étudiants riches pourront financer leurs études à la KUL. Les moins fortunés se tourneront vers des universités plus abordables, dotées – évidemment – de moins bons équipements.

Dans la société actuelle, l’enseignement est devenu une entreprise qui doit être rentable ou, du moins, qui sait s’en sortir avec le moins possible de subventions de l’Etat. Avec EGA-Louvain, nous voulons dénoncer ces mesures et résister activement face à de telles offensives. Si les intérêts des étudiants étrangers sont en danger, ça nous concerne aussi. Si nous restons passifs, tous nos acquis risquent de subir le même sort. L’enseignement est un droit pour tous, pas une marchandise !

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