Quel instrument politique? Un nouveau parti des travailleurs doit se doter d’un programme socialiste

Depuis la transformation en partis bourgeois des anciens partis ouvriers comme le PS et le SP.a, toutes sortes d’initiatives nouvelles ont vu le jour un peu partout dans le monde pour donner un prolongement politique à la lutte de millions de gens contre les atteintes à notre niveau de vie. Certains de ces nouveaux partis sont issus d’une scission des anciens partis ouvriers. D’autres sont nés dans le feu de la lutte ; d’autres encore sont le fruit du rassemblement de différentes forces de la gauche politique ou syndicale.

Els Deschoemacker

Quelques unes de ces nouvelles formations veulent s’atteler à la construction d’un nouveau parti de lutte. D’autres se limitent à des alliances électorales lors des élections. En tout cas, il y a de multiples leçons à en tirer pour résoudre le problème de l’absence d’un instrument politique et d’un parti de lutte pour la classe des travailleurs.

Un parti comme instrument de lutte et de discussion

Comment lutter contre les pertes d’emploi, pour de meilleurs salaires et conditions de travail, pour le maintien et l’extension de la Sécurité sociale, pour le droit à un enseignement de qualité pour tous,… Ces partis devront apporter des réponses à ces questions. Nous voyons un regain de la lutte des classes en Belgique comme au niveau international. Rien qu’en avril, il y a eu des manifestations des ouvriers du textile, des métallos, des travailleurs du non-marchand et des enseignants.

Leurs revendications n’ont trouvé d’écho chez aucun parti. Toute nouvelle formation ne pourra être viable et former un pôle d’attraction pour les travailleurs en lutte qu’en mettant en avant un programme d’action pour engager la lutte contre les réformes néolibérales. La lutte pour la réduction du temps de travail en tant qu’outil de répartition du travail disponible sur toute la population active en est un exemple. La revendication du maintien d’une Sécurité sociale unitaire en est un autre. Mais la lutte pour de meilleurs salaires, une pension garantie,… doivent également figurer dans le programme.

L’ASG en Allemagne

Bien que nos membres en Allemagne participent à la nouvelle initiative électorale de gauche ASG dont ils mesurent le potentiel, nous ne pouvons pas pour autant en ignorer les faiblesses. L’ASG est une initiative de bureaucrates syndicaux et d’anciens buraucrates du SPD. Elle veut se présenter à la gauche du SPD de Schröder lors des élections. C’est une réaction au mécontentement croissant dans la population et à la chute brutale du SPD dans différents sondages et scrutins.

L’existence d’une liste de gauche et l’attention médiatique qu’elle suscite suffisent à en faire un pôle d’attraction pour ceux qui se détournent avec dégoût du SPD et cherchent une alternative. Ils risquent pourtant de tourner le dos à cette initiative si elle reste absente de la lutte concrète contre les mesures néolibérales. Dans une première phase, l’ASG pourra certainement surfer sur les illusions réformistes et électoralistes qui vivent au sein de larges couches de la population. A terme pourtant, une stratégie purement électoraliste ne pourra qu’aboutir dans une impasse. L’adhésion annoncée de l’ex-dirigeant du SPD Oskar Lafontaine ne manquera pas de renforcer le caractère réformiste de cette initiative. Lafontaine était une personnalité populaire dans le SPD, mais il ne sortira pas du cadre du capitalisme.

On interdit déjà à nos membres – organisés au sein du SAV – d’adhérer à l’ASG à cause de leurs tentatives de faire de l’ASG un parti de lutte. Tout indique que la direction va utiliser des procédés anti-démocratiques pour empêcher les travailleurs et les jeunes d’infléchir le programme dans un sens plus radical.

Le Psol au Brésil

Le développement du Psol au Brésil est d’un tout autre calibre. Ce nouveau parti est issu de la lutte des travailleurs et des jeunes contre le néolibéralisme de ce qui fut un parti des travailleurs – le PT. Des parlementaires dissidents ont été exclus du PT pour avoir voté contre la réforme des pensions de Lula. Ils se sont associés avec des socialistes révolutionnaires pour créer une nouvelle formation, le Parti pour le Socialisme et la Liberté.

Contrairement à l’initiative précédente, cette formation se prononce ouvertement contre le capitalisme et le néolibéralisme qui va de pair. Elle reconnaît le rôle de la classe des travailleurs dans la lutte contre le capitalisme et se prononce pour une transformation de la société dans un sens socialiste.

Surtout, les responsables de l’initiative, parmi lesquels les membres de notre section brésilienne, comprennent que la démocratie et la liberté de discussion sont essentielles pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs. A ce stade de la lutte des classes, il y a encore beaucoup de confusion sur la direction à prendre et la stratégie à suivre. C’est pourquoi il est d’une importance cruciale qu’on puisse tester et discuter les différents points de vue pour pouvoir en tirer des leçons utiles pour l’ensemble du mouvement ouvrier.

Mais la pression de l’électoralisme s’y fait aussi sentir. La nécessité d’être prêt pour les élections présidentielles de 2006 afin d’y présenter une alternative au PT met les militants sous pression. Ce serait pourtant une faute énorme de se tourner vers ces élections sans tenir compte du fait que des mouvements de lutte de grande ampleur vont poser la question des méthodes de lutte et du programme. Le Psol risque de manquer une occasion importante de transformer l’écho qu’il reçoit aujourd’hui en sections de parti capables d’organiser les travailleurs et les jeunes radicalisés du Brésil dans la lutte contre Lula.

On peut tourner les choses comme on veut : ce n’est que lorsque la classe ouvrière et les masses paupérisées auront tiré les leçons de leurs confrontations avec l’ordre établi qu’on pourra imposer des changements réels. Lorsque leur expérience de la lutte leur fait prendre conscience du rôle qu’elles peuvent jouer dans la lutte pour une transformation socialiste de la société.

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