50 ans de l’assassinat de Patrice Lumumba, héro de l’indépendance du Congo

Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba, Premier Ministre de la jeune République du Congo, était lâchement assassiné dans la brousse du Katanga ; soit seulement 6 mois après l’indépendance de l’ex colonie belge. Cet assassinat perpétré par le gouvernement fantoche du Katanga ‘‘indépendant’’ avec la complicité active des autorités belges et américaines marquait le début d’une répression féroce envers les forces populaires, ouvrières et paysannes qui avaient conquis l’indépendance de haute lutte conduisant à la dictature sanguinaire de Mobutu qui dura 35 années.

D’un correspondant au Congo

Patrice Lumumba était de la génération des leaders petit-bourgeois qui dirigèrent les luttes de libération nationale en Afrique au cours des années ’50, ’60 et ’70. Celui-ci faisait partie de la couche appelée de manière insultante les ‘‘évolués’’ par les autorités coloniales belges : il possédait un travail bien rémunéré pour un ‘‘nègre’’ et avait suivi une bonne instruction.

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Comme bon sujet colonial et comme bon catéchiste, le rêve de Lumumba était lors de sa jeunesse d’être un belge. L’ironie voulait que le jeune Patrice ait pris au sérieux les mots d’ordre de ‘‘civilisation’’ propagés par les prêtres et fonctionnaires artisans de la colonie. Cependant, rapidement, il dut se rendre compte que ces mots d’ordre n’étaient qu’une mascarade et que les nègres n’étaient là que pour extraire les matières premières nécessaires aux capitalistes belges et servir de garde-chiourme pour les meilleurs d’entre eux. Il décida donc de s’engager dans la lutte anticoloniale afin de sortir ses ‘‘frères de race’’ de cet asservissement.

Lumumba était de cette classe petite-bourgeoise : celle qui vogue entre deux eaux mais également celle qui sait s’appuyer sur les masses populaires ouvrière et paysannes pour conduire une lutte de libération nationale. C’est principalement sous l’effet de ces masses que la doctrine et l’action de Lumumba évoluèrent radicalement. Lorsqu’avec les masses descendirent dans la rue revendiquant l’indépendance immédiate, Lumumba n’eut de cesse de soutenir cette revendication ; lorsque cette indépendance fut conquise, il se bâti aux côté des masses en tant que Premier Ministre avec l’idée selon laquelle une indépendance de façade ne suffisait pas et que les richesses du pays devait profiter au peuple congolais contre les ingérences de l’ex colonie soucieuse de maintenir l’exploitation de ses entreprises malgré l’indépendance formelle ; enfin, il organisa la lutte armée de ses partisans regroupés à Stanleyville contre le Coup d’Etat de Mobutu téléguidé par Bruxelles et Washington.

Cependant, Lumumba n’eut guère de temps pour tirer les leçons de ses erreurs. Si celui-ci était mû par une foi inébranlable dans le peuple congolais et la nécessité de l’indépendance réelle, il était également proie à un idéalisme qui frisait la naïveté : sa vision du peuple congolais comme un tout indivisible le poussa à accepter – sur pression de la Belgique – un gouvernement avec le "Parti des nègres payés" comme aimaient appeler les congolais ces leaders noirs qui n’avaient d’autres ambitions que de remplacer le blanc dans l’extorsion des richesses du peuple. Ce sont ces laquais de l’impérialisme qui ordonneront son assassinat vendant l’indépendance contre un poste ministériel et une place dans un Conseil d’administration d’une multinationale belge ou américaine.

Lumumba ne comprit que quelques semaines avant ce triste sort qu’il ne pouvait s’appuyer que sur l’action coordonnée des masses ouvrières et paysannes afin de conquérir l’indépendance réelle.

Il ne comprit que tardivement également que l’indépendance réelle et le bénéfice des richesses du pays à son peuple ne pouvait passer que par la prise en main de ses richesses par les masses elles-mêmes et que jamais les impérialistes ne permettraient qu’une part, même infime, de cette richesse de leur échappe.

Le 17 mai 2011, la voix de Lumumba, héro de la première indépendance du Congo résonnera dans le cœur de chaque congolais. Nous espérons qu’à partir d’aujourd’hui, les ouvriers et paysans du Congo lutteront afin de "reconstruire notre indépendance et notre souveraineté ; parce que sans dignité il n’y a pas de liberté ; sans justice il n’y pas de dignité et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres." en tenant compte des erreurs de Lumumba et en s’inspirant de sa foi inébranlable et de sa détermination sans faille.

Nous savons que cette lutte triomphera et que "L’histoire prononcera un jour son jugement, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, à paris, à Washington ou aux Nations Unie ; ce sera celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera, au Nord et au Sud du Sahara, une histoire de gloire et de dignité"


NB : les deux citations sont tirées du testament que Patrice Lumumba laissa à sa compagne, sachant sa fin proche.

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