C’était il y a tout juste 50 ans : le 10 janvier 1961, les propos scandaleux du « socialiste » Van Acker

La grève générale se cantonne de plus en plus aux secteurs industriels importants de Wallonie, de Bruxelles et de Flandre, toujours totalement paralysés. Plusieurs manifestations de masse ont encore lieu, surtout dans la partie flamande du pays. A Anvers la concentration rassemble encore plus de 20.000 manifestants.

Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la  »Grève du Siècle », sont basés sur le livre de Gustave Dache  »La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61 »

Les discours des dirigeants de la FGTB sont très connus, ils reprennent toujours les thèmes traditionnels contre la Loi Unique. Ces discours ne retiennent plus grande attention. A un certain moment, l’orateur est interrompu par les grévistes qui, spontanément, scandent : «Renard à Anvers, Renard à Anvers !» A l’ issue du meeting, dès que les grévistes aperçoivent les gendarmes, des incidents violents éclatent aux abords de la gare Centrale.

En face de la gare, une rangée de gendarmes attendait. Elle est bousculée en quelques secondes et le flot de manifestants passe. Mais les matraques avaient été sorties, et trois manifestants s’affalent après avoir reçu des coups. Pendant une heure, des bagarres éclatent un petit peu partout au centre de la ville.

A Gand également, 12.000 manifestants renouvellent leur opposition à la « loi de malheur ». Quoique fort animée, cette manifestation se déroule sans incidents, les gendarmes restent très discrets. Les grévistes flamands ne désarment pas. Au contraire, dans ces journées de lutte, le niveau de maturité est tel que les grévistes en lutte renouent dans cette grève générale avec les plus nobles et les plus ardentes traditions révolutionnaires du mouvement ouvrier.

A Bruxelles aussi se déroule une nouvelle manifestation de plus de 5.000 grévistes, qui défilent en scandant des slogans anti-gouvernementaux et réclament à nouveau la marche sur Bruxelles. Là aussi les gendarmes sont discrets, aucun incident n’ est à signaler. Les menaces du gouvernement se précisent de plus en plus sur les enseignants, qui sont toujours actifs. Il y a des reprises partielles, mais l’ensemble du corps enseignant résiste. Le gouvernement fait savoir que toutes les mesures nécessaires pour parer à un éventuel abandon de l’ outil par les travailleurs seront prises avec l’aide de l’armée.

Dans le Hainaut, l’ activité des piquets de grève est toujours très intense, ils sont à l’entrée des entreprises, ils contrôlent la circulation, ils sont partout à la fois et surgissent là où on ne les attend pas. Les actes de sabotages et de violence se multiplient pour empêcher les jaunes de reprendre le travail. De nouveau, cent arrestations ont lieu à Mons, trente à Charleroi.


Ce 10 décembre se tient à Liège un Congrès de la régionale FGTB de Huy-Waremme qui décide de mettre en application le principe de l’ abandon de l’ outil (le principe seulement). Le journal La Wallonie du mercredi 11 janvier relatera que : «peu d’intervenants ont demandé que l’ entretien de l’ outil soit poursuivi dans les entreprises.»

Sur le plan politique, ce qui retient l’ attention, c’ est la première tentative publique de compromis qui s’ esquisse ce mardi à la chambre. Louis Major, secrétaire général de la FGT B et Achille Van Acker, ancien Premier ministre socialiste, déposent deux amendements aux dispositions sur le chômage contenues dans la Loi Unique, amendements que le gouvernement retient. C’ est là de la part de Van Acker un désaveu formel du groupe socialiste de la Chambre. Rappelons que les dirigeants du PSB et de la FGTB avaient promis aux ouvriers que la Loi Unique ne pourrait jamais servir de base à un compromis. Déposer un amendement, si insignifiant soit-il, c’ est déjà admettre la loi. Dans son amendement à la Chambre A. Van Acker, du PSB, dit notamment: «Moi aussi je me suis trouvé devant un grave conflit social. Je comprends donc que le gouvernement fasse le nécessaire pour maintenir l’ ordre. A sa place j’ en aurais fait autant.» Paroles scandaleuses dans la bouche d’ un mandataire socialiste en période de grève générale. Le Premier Ministre G.Eyskens demande : «que l’ on réserve l’ amendement de l’ honorable M. Van Acker.» La plupart des journaux de droite ne manquent pas l’ occasion de surtout mettre l’accent sur le fait que Van Acker reconnait qu’ il aurait fait respecter l’ ordre comme le fait le gouvernement. Les paroles de Van Acker à la Chambre font l’ objet de commentaires très sévères du côté des travailleurs, inutile de dire qu’elles sont très mal accueillies, mais ce n’est pas la première fois que ce social-réformiste fait de semblables déclarations.

Le gouvernement et la bourgeoisie ne répondent pas à la demande de compromis formulée par les dirigeants réformistes. En effet, il n’ est pas question pour la bourgeoisie de céder un pouce sur le terrain de la lutte des classes. Au contraire, le ton est bien donné par La Libre Belgique du 13 janvier 1961 qui demandera : «Maintenant que les forces de l’ordre ont pu être concentrées d’ avantage dans les régions les plus touchées par la grève, ne faudrait-il pas se montrer plus ferme envers les fameux piquets de grève, afin de mettre fin à l’écoeurant scandale de cette constante violation de la liberté du travail.» Dans les journées qui suivent, les forces de l’ ordre vont accentuer la répression contre les grévistes avec de plus en plus de violence.

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