Bpost suivra-t-il bientôt l’exemple néerlandais ?
TNT Post est la plus grande entreprise postale des Pays-Bas et compte quelques 75.000 travailleurs, dont 12.500 facteurs à plein temps. TNT Post est le successeur de ce qui était autrefois le service public postal, maintenant filiale de la société TNT qui comprend TNT Express (transport), TNT Fashion Group (mode) et TNT Business Solutions (consultants). La voie de l’avenir ?
Par Christophe
Les travailleurs de TNT Post ont lancé une grève nationale le 16 novembre dernier pour protester contre la proposition de la direction de remplacer tous les facteurs par des distributeurs de poste, meilleurs marché. La direction veut du personnel à mi-temps (12 heures par semaine) qui travaille pour des bas salaires (environ 8 euros de l’heure). Cerise sur le gâteau, les facteurs doivent en plus travailler avec leur propre bicyclette… de tels ‘‘Mc Facteurs ™’’, il y en a déjà 13.000 aux Pays-Bas, chiffre que la direction veut pousser jusqu’à 35.000, au détriment de 11.000 emplois à plein temps, dont 3.100 licenciements directs. Après le succès de la grève du 16 novembre dernier et les 10.000 manifestants dans les rues de La Haye, les travailleurs veulent poursuivre leurs actions.
TNT reçoit même des millions d’euros de subsides européens pour se débarrasser des travailleurs à temps plein et les remplacer par des contrats précaires. En 2009, TNT a ainsi reçu 4,1 millions d’euros du Fonds Social Européen pour recruter et former des travailleurs à mitemps. L’entreprise a également obtenu 5,5 millions d’euros pour la formation des postiers qu’elle veut licencier ! Ce type de mesures ne sont pas inconnues chez Bpost, cela n’est en fait que la résultante de la politique de libéralisation du marché du courrier. Les conditions de travail et de salaire sont attaquées dans tous les pays afin d’être suffisamment ‘‘compétitives’’. Pour le personnel et pour la prestation de services, cela signifie concrètement une spirale vers le bas.
Aux Pays-Bas, la libéralisation de la poste a conduit tout droit à une situation où trois entreprises postales se disputent le terrain à coups de bas tarifs. Mais les restructurations successives minent la qualité de la distribution du courrier et la pression au travail est bien trop élevée. Des quartiers passent ainsi parfois plusieurs jours sans la moindre distribution tandis que l’arrivée de nombreux contrats précaires augmente la pression sur tout le personnel. Finalement, le résultat de la politique de libéralisation, c’est la fin du facteur et du service postal !
Bpost quasiment prêt à la libéralisation…
La direction estime que Bpost est presque prêt pour la libéralisation. Les bénéfices ont augmenté pour atteindre les 240 millions d’euros en 2009, et le résultat de 2010 sera encore meilleur : résultats obtenus au détriment du personnel et des services.
Des dizaines de bureaux de poste ont été fermés, il ne reste aujourd’hui que 29.600 des 40.000 travailleurs de 2003 et le patron Johnny Thijs veut encore réduire le personnel ! Chaque année, 2.000 travailleurs quittent l’entreprise (plus de la moitié des travailleurs a plus de 45 ans), mais le patron ne veut en remplacer que la moitié et donc liquider 1.000 postes chaque année ! D’après Thijs, cela doit réduire ‘‘les frais du personnel’’. Pas question, par contre, de mettre en question son salaire personnel de 1 million d’euros en 2009. En 1994, le topmanager de La Poste gagnait six fois l’équivalent du salaire moyen d’un facteur. En 2009, ce chiffre était monté à 45 fois. Ça aussi, c’est la réalité des libéralisations !