Di Rupo et Stevaert: une rhétorique de gauche doit cacher la politique de droite

Frank Vandenbroucke pour l’emploi à la Marche des Jeunes ; Di Rupo et Stevaert contre la directive de Bolkestein et pour l’inscription dans la Constitution des droits sociaux ; attaque frontale de Demotte contre l’industrie pharmaceutique… La social-démocratie virerait-elle à gauche ? Un seul coup d’œil sur la réalité balaie cette illusion.

Anja Deschoemacker

Que Frank Vandenbroucke ose se montrer à la Marche des Jeunes signifie soit qu’il ne comprend pas le sens de cette manifestation, soit qu’il n’est qu’un crâneur arrogant. Grâce à lui, les allocations de chômage de centaines de jeunes ont déjà été suspendues et on dit aux jeunes mères célibataires lors de leur contrôle à l’ONEm que se plaindre de la difficulté de trouver une crèche est un signe de mauvaise volonté dans la recherche d’emploi!

Qu’ont pensé les postiers des déclarations de Di Rupo et Stevaert contre Bolkestein ? En effet, dans le même temps, Vande Lanotte ferme 500 bureaux de poste après avoir déjà imposé, à travers « Géoroute », un rythme de travail infernal. Quant aux ex-travailleurs licenciés à Belgacom, ils doivent encore vivement se rappeler que le ministre responsable de la privatisation – et du bain de sang social l’accompagnant – était Di Rupo. Les sociaux-démocrates sont les meilleurs dans l’application d’un programme d’austérité parce qu’ils abusent de leurs liens avec la direction syndicale.

De l’”attaque frontale” contre l’industrie pharmaceutique de Demotte il ne reste plus grand chose : tout juste l’application du « modèle kiwi » aux médicaments génériques.

Et en définitive, l’inscription des droits sociaux dans la Constitution est-elle crédible ? Il faut pour cela une majorité de deux tiers, ce que la social-démocratie n’a pas, même avec les verts. Ce n’est donc qu’une proposition gratuite, qui n’a pas pour but d’être efficace, mais de permettre à la social-democratie de se profiler comme « sociale ». La Constitution nous garanti le droit au travail? Nous voilà bien avancé, tout comme le million de sans-emplois. Les droits ne sont que des mots sur papier si on ne prévoit pas les moyens nécessaires pour les réaliser. Et cela, la social-democratie ne le fait pas – au contraire elle suit une politique budgetaire stricte qui ne garantit en réalité que le droit de faire des profits.

Le but est clairement de jeter de la poudre aux yeux. Entre-temps l’attaque suivante est préparée: celle contre nos pensions. Une rhétorique de gauche, combinée au charmant sourire de Di Rupo et aux bons mots de Stevaert, seront l’emballage de cette attaque.

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